Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Dans cette très légère comédie sur le conflit des générations, Seth Rogen se retrouve à affronter Zac Efron. Nos Pires Voisins traite du passage à l'âge adulte mais ne cherche jamais à pousser la réflexion plus que nécessaire : le film se contente d'enchaîner les gags, avec plus ou moins de réussite, en faisant la part belle aux jeunes comédiens.
S'il y a bien un thème qui semble inspirer les scénaristes de comédies américaines, c'est bien celui des fraternités étudiantes. Il est vrai que toutes ces grandes fêtes organisées par des bandes de jeunes universitaires constituent un cadre idéal pour des débordements en tous genre, et donc pour des gags mémorables. Et dans le cas de Nos Pires Voisins, on peut affirmer que les auteurs ont mis le paquet pour faire de leur film un enchaînement quasi non-stop de délires régressifs, où la recherche constante de la bêtise « parfaite » est élevée au rang d'art.
On y suit l'histoire d'un couple de trentenaires tout juste installé dans un paisible quartier résidentiel. Ces derniers éprouvent quelques difficultés à tenir leur nouveau rôle de jeunes parents, les obligeant à renoncer à leurs anciennes petites habitudes de fêtards pour s'assumer en tant qu'adultes raisonnables. Et lorsqu'un groupe d'étudiants amateurs de soirées festives aussi bruyantes qu'arrosées emménage juste à côté de chez eux, ils vont devoir tout mettre en œuvre pour protéger leur tranquillité et par la même gagner en maturité.
Cette fois, Seth Rogen n'incarne plus le jeune irresponsable de l'histoire, mais trouve dans sa complicité avec la toujours pétillante Rose Byrne (Mariage A L'Anglaise, X-Men First Class, Bridesmaids…) le parfait équilibre entre le rôle de l'adulte en devenir et celui de l'ado qui ne demande qu'à resurgir. Face à ce couple « entre deux âges », la clique montante du cinéma avec Zac Efron et Dave Franco au premier plan. Le duo fait véritablement des étincelles et atteint un niveau de crétinerie proprement hallucinant. Dave Franco ne surprendra pas vraiment son public en se contentant de reprendre - avec beaucoup de crédibilité tant il est hilarant - ses précédentes interprétations de petits cons prétentieux (on pense à 21 Jump Street), tandis que Zac Efron s'avère monstrueux de charisme et d'autodérision en leader « no limit » de la fraternité étudiante. Il est la révélation du film, tout simplement. Il faut voir les deux acteurs à l'œuvre lors de la De Niro Party ! Mais c'est évidemment dans la confrontation entre Zac Efron et Seth Rogen que le film se distingue clairement. Le dernier affrontement est à ce titre franchement jubilatoire.
L'on pourrait tout de même reprocher au film de ne pas avoir saisi l'opportunité de pousser un peu plus la réflexion sur le passage à l'âge adulte découlant de ce conflit de générations. On sent que le personnage de Zac Efron craint par dessus tout de ressembler à celui interprété par Seth Rogen dans un avenir pas si lointain, on aurait apprécié que le film lui donne plus de profondeur, notamment en insistant sur son besoin insistant de marquer l'Histoire de sa fraternité. On note quelques échanges pertinents, dont un sur la perception de Batman selon sa génération, lancés entre deux blagues grotesques.
Porté par un casting impeccable, dont on retiendra l'interprétation délirante de Zac Efron, et par une bande originale idéale, Nos Pires Voisins satisfera sans aucun problème les amateurs de comédies un peu trash (l'humour est parfois franchement lourd voire vulgaire).
Vivement recommandable.
Titre original |
Neighbors |
Mise en scène |
Nicholas Stoller |
Date de sortie en salles |
6 août 2014 avec UIP |
Date de sortie en vidéo |
6 décembre 2014 avec Universal |
Scénario |
Andrew Jay Cohen & Brendan O’Brien |
Distribution |
Seth Rogen, Rose Byrne, Zac Efron & Dave Franco |
Photographie |
Bradon Trost |
Musique |
Michael Andrews |
Support & durée |
35 mm en 2.35 :1 / 97 min |
Synopsis : À première vue, les jeunes parents que sont Mac et Kelly Radner vivent le parfait rêve américain, avec leur adorable petite Stella et une maison fraîchement (et difficilement) acquise dans un charmant quartier résidentiel. Ce qui n’empêche pas les jeunes trentenaires de se considérer toujours aussi hype et cool. Pourtant, cette nouvelle étape, dans la vie de ces fêtards pas tout à fait repentis, va s’avérer délicate à gérer et les obliger à négocier leur entrée dans un âge adulte pleinement assumé. Quand ils découvrent que leurs nouveaux voisins ne sont autres que les membres fervents et débridés d’une confrérie étudiante, menés par le charismatique Teddy, ils essaient d’abord de s’assurer leur sympathie et leur respect, en tirant le meilleur de cette situation quelque peu inconfortable. Mais la fiesta et les frasques incessantes des étudiants poussent le couple à se montrer plus virulent pour protéger leur territoire et leur tranquillité, et ce qui n’était que des enfantillages dégénère rapidement en un conflit épique de générations.