Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Rio 2 : Blu et ses potes reviennent sur nos écrans le 9 avril. La suite de Rio entraîne son public dans un festival de couleurs et de musiques, où la bonne humeur est de mise. On apprécie les intentions du réalisateur, qui, avec son message écolo jamais trop appuyé ou envahissant, poursuit en toute logique ce qu'il avait esquissé avec le premier opus. Pas de fausses notes malgré un scénario extrêmement convenu qui enchaîne les clichés. Un film distrayant mais dépourvu d'extravagance et d'éclat.
Nous avions eu la chance de rencontrer le réalisateur Carlos Saldanha en février lors de sa venue à Paris pour nous présenter les premières images de la suite de Rio. De nouvelles aventures qui s'annonçaient prometteuses, notamment dans la représentation à l'écran du nouveau terrain de « jeu » de Blu et de ses acolytes : la forêt amazonienne. Il faut dire que la technologie a fait un bond incroyable depuis le premier opus, permettant aux équipes artistiques de créer un environnement beaucoup plus détaillé et vivant. Car Rio 2 est avant tout un spectacle coloré dans une ambiance festive, qui doit beaucoup à sa charte graphique et esthétique.
Si le premier film avait la grande qualité de sensibiliser à sa façon le jeune public sur la disparition de certaines espèces endémiques du Brésil, Rio 2 a quant à lui l'ambition de soulever un autre sujet (en corrélation directe avec le thème abordé par le réalisateur dans le premier épisode) : la déforestation. Une préoccupation environnementale abordée avec retenue, sans que le message écolo ne paraisse trop appuyé, avec la création d'antagonistes secondaires bien plus intéressants que le cacatoès Nigel, élément devenu comique dans l'intrigue. Malheureusement, ces nouveaux ennemis ne servent surtout qu'à créer une occupation artificielle pour le couple de scientifiques hystériques propriétaires de Blu, Perla et leurs trois oisillons. Car si le sujet, très vaste et délicat, de la destruction de la forêt amazonienne (et de la protection de la biodiversité qui en découle) tient à cœur à l'équipe du film, et que le propos n'est jamais lourd ou trop moralisateur, on sent les scénaristes coincés par leur œuvre, dont le discours mérite une plus grande attention. D'un côté, il y a une réelle envie d'inscrire Rio dans une démarche de sensibilisation (d'autant que le projet est soutenu par la LPO pour sa sortie), de l'autre il y a la contrainte de fournir un film qui ne se prive pas d'une partie de ses spectateurs, ceux qui ont aimé le premier chapitre et qui souhaitent avant tout rire devant les nouvelles aventures de leurs héros préférés. En effet, le long-métrage est touché par le syndrome « Age De Glace »: partant d'un premier film déjà bien fourni en personnages, chaque suite se voit agrémentée de nouveaux venus, qui eux-mêmes seront ajoutés dans l'épisode d'après. On se retrouve très vite avec un scénario devant jongler entre une multitude de personnages peu caractérisés, ayant chacun leur apparition plus ou moins drôle dans une petite vignette imposée, laissant de moins en moins de place au récit. En d'autres termes, on prend les mêmes, on en rajoute tout autant, et on recommence.
On note aussi une sorte d'anthropomorphisation de plus en plus radicale, avec les personnages du père et de l'ami baratineur de Perla, qui diffèrent vraiment de l'aspect « réaliste » de Blu. On compte plus de 20 protagonistes dans le film ! Vous imaginez maintenant le peu d'espace pour développer un scénario correct - ou du moins original - entre deux numéros comiques pour chacun d'entre eux. Ainsi, le film n'est pas exempt de clichés, de scènes convenues, et dont la présence n'est justifiée que pour amener à la vanne suivante ou pour faire avancer rapidement une intrigue mise de côté le temps d'amuser son public.
Malgré tout, le spectacle est efficace, bourré de trouvailles dans son esthétique et dans ses chorégraphies, et parmi les nombreuses plages humoristiques dispensables se trouvent quelques réelles surprises (que l'on doit beaucoup à la grenouille Gabi). Pas de fausse note, juste un film sage, calibré, dépourvu d'éclat (un paradoxe compte tenu de la direction artistique magnifique et de la musique de qualité), mais qui a le mérite d'aborder un sujet intéressant, même si réduit au strict nécessaire, et d'être plus réussi et plus marrant que l'original. A défaut de se démarquer de ses concurrents, un divertissement honnête donc.
Titre original |
Rio 2 |
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Mise en scène |
Carlos Saldanha |
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Date de sortie |
9 avril 2014 avec la Fox |
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Scénario |
Carlos Saldanha & Don Rhymer |
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Distribution |
Les voix en VO de Jesse Eisenberg, Anne Hathaway, Jamie Fox & Andy Garcia |
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Photographie |
Renato Falcão |
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Musique |
John Powell |
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Support & durée |
2.40 : 1 en 35 mm / 102 min |
Synopsis : Blu a pris son envol et se sent désormais chez lui à Rio de Janeiro, aux côtés de Perla et de leurs trois enfants. Mais la vie de perroquet ne s’apprend pas en ville et Perla insiste pour que la famille s’installe dans la forêt amazonienne. Alors que Blu essaie de s’habituer à ses nouveaux voisins, il s’inquiète de voir Perla et ses enfants beaucoup plus réceptifs à l’appel de la jungle.