Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le Dany Boon acteur/scénariste/réalisateur revient avec un film particulièrement calibré pour le mettre en valeur. D'une idée vaguement suggérée par sa tendance à l'hypocondrie, il puise une histoire amusante quoique manquant de rigueur dans l'écriture de son scénario, franchement désuet, et qui aurait sans soute demandé un rythme comique bien plus soutenu.
S'il y a bien quelque chose de surprenant dans Supercondriaque, c'est bien la direction que prend l'histoire en milieu de métrage. L'hypocondrie n'y est quasiment plus évoquée, et le film devient alors une sorte de vaudeville à base d'échange d'identités, avec quiproquos à l'appui sur fond de cette romance un peu naïve si chère à Dany Boon. Car l'on retrouve exactement la même recette que dans ses précédentes réalisations, la même sensibilité, les mêmes valeurs et les mêmes tics d'écriture. Autrement dit, si vous n'adhérez pas au style suranné (ou manquant singulièrement de modernité) des comédies de l'artiste, ni à ses grimaces, gesticulations et cris stridents, vous n'aurez que peu d'intérêt à aller voir ce film en salle. Tout est prétexte pour admirer le show de Dany Boon, qui est de toutes les scènes, éclipsant par la même les quelques seconds rôles pourtant campés par de talentueux comédiens. L'auteur/réalisateur/acteur peut parfois agacer lorsqu'il phagocyte ses partenaires, alors qu'il est à la base relativement doué dans l'exercice de l'humour burlesque. Ainsi, même Kad Merad se retrouve relégué à la place d'un faire-valoir, et n'a que peu de scènes pour tenter de s'imposer face à Dany Boon. Leur duo fonctionne correctement néanmoins, ce qui n'est pas le cas de la romance avec Alice Pol, complètement artificielle dans le récit.
Une impression que l'on retrouve tout le long du métrage, preuve d'un manque de rigueur évident dans la construction d'un scénario qui aurait dû être davantage peaufiné. Mais avec un artiste omnipotent, maître du projet de A à Z et vraisemblablement jamais contesté ou remis en cause, il doit être complexe de prendre un certain recul. La caractérisation des personnages est ratée, le « héros » changeant de personnalité d'une scène à l'autre, au gré des besoins du récit. On n'a jamais en face de soi le personnage, juste l'acteur qui l'interprète (d'autant plus vrai lorsque l'on assiste à un défilé de potes comme Jérôme Commandeur ou Arthur…). Néanmoins, le plus embêtant reste la durée du long-métrage, qui aurait pu être coupé d'une demie heure sans que cela ne nuise à l'histoire. On ne compte plus les séquences se terminant par un Dany Boon en train de rire pendant de longues secondes inutiles ralentissant l'action. Car une bonne comédie devrait être bien plus rythmée et enchaîner les gags, au lieu de faire du surplace pour « appuyer » ses quelques fulgurances marrantes. On retiendra quelques passages très drôles, notamment celui avec Valérie Bonneton ou la fête chez Kad Merad, dans un film qui met un temps fou à démarrer avant de dévier totalement de son postulat pour aboutir à une énième comédie manquant d'inventivité comme on en voit tout le temps.
Pour les fans de l'acteur, Supercondriaque est une comédie inoffensive.
Ma note (sur 5) : |
2 |
Titre original |
Supercondriaque |
|
Mise en scène |
Dany Boon |
|
Date de sortie |
26 février 2014 avec Pathé |
|
Scénario |
Dany Boon |
|
Distribution |
Dany Boon, Kad Merad, Alice Pol & Valérie Bonneton |
|
Photographie |
Romain Winding |
|
Musique |
Klaus Badelt |
|
Support & durée |
35 mm / 107 min |
Synopsis : Romain Faubert est un homme seul qui, à bientôt 40 ans, n’a ni femme ni enfant. Le métier qu’il exerce, photographe pour dictionnaire médical en ligne, n’arrange rien à une hypocondrie maladive qui guide son style de vie depuis bien trop longtemps et fait de lui un peureux névropathe. Il a comme seul et véritable ami son médecin traitant, le Docteur Dimitri Zvenska, qui dans un premier temps a le tort de le prendre en affection, ce qu’il regrette aujourd’hui amèrement. Le malade imaginaire est difficilement gérable et Dimitri donnerait tout pour s’en débarrasser définitivement. Le docteur Zvenska pense avoir le remède qui le débarrassera en douceur de Romain Flaubert : l’aider à trouver la femme de sa vie. Il l’invite à des soirées chez lui, l’inscrit sur un site de rencontre, l’oblige à faire du sport, le coach même sur la manière de séduire et de se comporter avec les femmes. Mais découvrir la perle rare qui sera capable de le supporter et qui par amour l’amènera à surmonter enfin son hypocondrie s’avère plus ardu que prévu...