Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Nouveau film sur une bande d'amies célibataires en pleine crise identitaire, Les Gazelles ne cherche pas à réinventer le genre. Mais sa simplicité et la cohésion des actrices font de cette comédie une agréable petite séance de cinéma.
On commence à s'en lasser, de ces films « générationnels » ciblant un public particulier. Encore une nouvelle comédie sur un groupe de trentenaires, célibataires, cherchant à trouver un équilibre (travail, sport …) et à s'assumer pleinement. On aurait pu trouver ce nouveau long-métrage sans intérêt, pourtant, par petites touches, le récit fonctionne et arrive à nous attacher à sa maladroite mais volontaire héroïne. Car il faut reconnaître que l'abattage de Camille Chamoux participe énormément à la petite énergie qui se dégage de ces Gazelles. Seule, elle est déjà excellente. Mais lorsqu'elle se trouve entourée d'autres comédiennes - confirmées, dont Audrey Fleurot, Josiane Balasko - les répliques (plutôt bien écrites) fusent dans tous les sens, et la jeune actrice prouve qu'elle a du répondant.
Il ne faudra cependant pas vous attendre à être surpris par l'histoire, même si sa conclusion - aussi évasive que logique - pourra vous étonner. N'espérez pas non plus rire toutes les deux secondes, le ton du film réalisé par Mona Achache est beaucoup plus amer. Si la jeune actrice principale n'hésite jamais à jouer avec son image sans avoir peur du ridicule, elle n'est pas non plus la comique de service dans un récit enchaînant les blagues (malgré la sympathique présence des deux compères David Marsais et Grégoire Ludig, talentueux humoristes dont le potentiel n'est pas vraiment bien exploité ici en tant que seconds rôles).
La mise en scène se permet en revanche quelques originalités bienvenues. Outre un générique inspiré - mais pas si innovant, on a déjà vu cette idée très souvent - quelques plans font preuve de singularité. On pense notamment à ces petits moments insérés au montage comme le pliage du ticket de bus. L'utilisation des échos est en outre très judicieuse, jouant habilement avec les pensées de l'héroïne. Enfin, le film comporte un plan - probablement involontaire au départ – désopilant : plan large d'un quai de métro, un couple s'enlace au fond du quai au centre de l'image ; devant, sur le bord de la voie, un pigeon fait son entrée dans le champ en bas à droite ; il marche tout le long, lentement, avant de sortir du cadre sur la gauche. Il est amusant de constater que la durée du plan est dictée par ce pigeon sans gêne.
Un peu de fraîcheur dans un film qui fait tout pour conserver une sorte de spontanéité appropriée au scénario. On passe un agréable moment au cinéma, avec l'envie de découvrir le spectacle de one woman de Camille Chamoux.
Ma note (sur 5) : |
3 |
Titre original |
Les Gazelles |
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Mise en scène |
Mona Achache |
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Date de sortie |
26/03/14 avec Paramount |
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Scénario |
Mona Achache, Camille Chamoux & Cécile Sellam |
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Distribution |
Camille Chamoux, Audrey Fleurot, Joséphine De Meaux & Naidra Ayadi |
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Photographie |
Patrick Blossier |
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Musique |
Eric Neveux |
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Support & durée |
2.35 : 1 en 35 mm/99 minutes |
Synopsis : Marie et Eric, trentenaires en couple depuis le lycée, signent l'achat de leur premier appartement quand Marie est saisie d’un doute vertigineux. Sa rencontre avec un beau brun ténébreux va précipiter sa décision : elle quitte Eric pour plonger dans le grand bain du plaisir et de la liberté.
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