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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] M. Peabody & Sherman : Les Voyages Dans Le Temps

Peu connue en France, Peabody's Improbable History, série du début des années 60, est adaptée au cinéma par l'un des réalisateurs du Roi Lion. Parfaitement calibrées pour un très large public, les nouvelles aventures du chien le plus intelligent du monde et de son fils adoptif sont irrésistibles, malgré une construction scénaristique frustrante.

 

M. Peabody & Sherman : Les Voyages Dans Le Temps est une nouvelle réussite pour le studio Dreamworks, qui, après avoir enchaîné quelques films d'animation déplorables et vulgaires, commence sérieusement à concurrencer Pixar. Un revirement qualitatif entamé avec le petit chef d'œuvre Dragons, dont on attend la suite en juillet sur nos écrans, suivi par Les Cinq Légendes et surtout confirmé par Les Croods.

M. Peabody & Sherman 02 (1)

 

 

Que les choses soient claires : M. Peabody & Sherman n'atteint jamais le niveau des trois films cités précédemment. Il s'agit d'un long-métrage ludique principalement porté par ses héros, irrésistibles et suffisamment déjantés pour maintenir l'attention des spectateurs. Mais il lui manque une dimension supplémentaire, qui en ferait une œuvre incontournable. Une dimension capable d'élever le propos du film pour en faire plus qu'une simple comédie, très bonne au demeurant, une sorte d'évidence que l'on arrive à percevoir par exemple dans les films de Chris Sanders.

Ici, on est dans le plaisir immédiat de l'aventure rigolote et inoffensive, mais on n'a pas la satisfaction de voir un film peaufiné dans ses moindres détails, avec des enjeux évidents, offrant plusieurs niveaux de lecture autre que les quelques références culturelles que ne peuvent pas forcément comprendre les plus jeunes spectateurs. Ainsi, même si l'on se marre volontiers devant la profusion de jeux de mots volontairement ridicules dégainés par un Mr Peabody déchaîné quand il est sur sa lancée, on aurait souhaité que l'histoire soit plus qu'un assemblage de gags. Il faut dire que les personnages sont tellement bien animés et surtout caractérisés qu'il est très facile de s'y attacher, mais la relation père-fils qui unit Mr Peabody et Sherman aurait mérité d'être bien davantage mise en avant. Car même si elle est au cœur du récit puisqu'élément déclencheur de l'intrigue, on a l'impression que les scénaristes ne savaient pas trop quoi faire avec cette thématique liée à l'adoption et à l'acceptation. Il est dommage que Rob Minkoff, le réalisateur du Roi Lion, n'ait pas su s'approprier totalement le matériau de base.

M. Peabody & Sherman 02 (2)

 

 

Le caractère épisodique du long-métrage l'empêche de garder un fil conducteur et l'on sent que les scénaristes n'ont probablement pas eu le temps ou les moyens pour amener de la fluidité à l'histoire. Le film est coupé en deux parties, la première fonctionnant uniquement sur son rythme et son humour grâce à un enchaînement de petites aventures à différentes époques, la seconde revenant dans le présent pour tenter de donner une cohérence et une justification à tout ce qui vient de précéder. Si les 30 premières minutes assurent le spectacle, d'ailleurs quasiment toute la bande annonce est composée à partir de scènes y correspondant, les différents enjeux mettent un peu de temps à se mettre en place. Et alors que la suite semble enfin vouloir donner du liant aux multiples événements que l'on vient de voir, elle semble complètement en roue libre, comme si improvisée ou tout simplement pas assez « établie ». Cette partie se déroulant dans le présent fait pourtant preuve de trouvailles vraiment géniales (comme la notion de paradoxe temporel) mais aucune des nouvelles pistes scénaristiques n'est développée avec ingéniosité. On passe d'un rebondissement à l'autre sans qu'aucun n'impacte réellement le récit. On est du coup frustré par tant d'idées narratives potentielles, expédiées par les scénaristes semblant vouloir se débarrasser de tout élément susceptible de faire basculer le film dans un délire qu'ils ne maîtriseraient pas. On se retrouve donc paradoxalement avec un film qui se freine dans ses débordements, qui ne souhaite pas trop en faire, qui donne l'impression que les scénaristes ne savent pas vraiment que faire de toutes les petites idées qu'ils insufflent au récit.

Reste un long-métrage très sympathique, avec des personnages au caractère bien trempé et animés avec intelligence, qu'il serait intéressant de voir décliné en franchise tant les possibilités offertes par cet univers sont vastes. On passe un bon moment au cinéma donc.

 

Ma note (sur 5) :

3


 

 M. Peabody & Sherman 01

Titre original

M. Peabody & Sherman

Mise en scène 

Rob Minkoff

Date de sortie France 

12 février 2014

Scénario 

Wright, Minkoff, Clark & Kurtzman d’après les personnages de Jay Ward

Distribution 

Les voix en VO de TY Burrell & Stephen Colbert ; en VF de Guillaume Gallienne

Photographie

 

Musique

Danny Elfman

Support & durée

35 mm 

 

Synopsis : M.Peabody est la personne la plus intelligente au monde. Il est à la fois lauréat du prix Nobel, champion olympique, grand chef cuisinier... et il se trouve aussi être un chien ! Bien qu’il soit un génie dans tous les domaines, M. Peabody est sur le point de relever son plus grand défi : être père. Pour aider Sherman, son petit garçon adoptif, à se préparer pour l’école, il décide de lui apprendre l’histoire et construit alors une machine à voyager dans le temps. Les choses commencent à mal tourner quand Sherman enfreint les règles et perd accidentellement dans le temps Penny, sa camarade de classe.

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