Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le premier film, malgré les critiques liées à un script légèrement iconoclaste et la propension du sieur Cruise à concentrer un peu trop l'attention sur lui, a engrangé des résultats très prometteurs, battant plusieurs records de fréquentation (ceux de Terminator 2 et Jurassic Park). C'est vers John Woo que la production s'est donc tournée pour le second volet, voué à dépasser le premier en termes d'action scpectaculaire et de suspense, tout en maintenant intacte l'aura d'Ethan Hunt.
Et dès la fin du film, il devenait patent que la licence « Mission : impossible » n’était désormais plus qu’un prétexte pour construire une vitrine à la gloire de Tom Cruise dans un James Bond-like bourré de testostérone. On pourrait, on devrait s’en plaindre, d’autant que notre acteur-producteur est partout à l’écran (au point que l’ennemi se fait passer pour lui, tout en critiquant astucieusement son image trop lisse), bien servi par un metteur en scène qui sait le mettre en valeur – comment oublier la séquence de varappe dans Monument Valley, qui humilie en quelques prises une heure et demie de Cliffhanger ?
Mais que voulez-vous, Tom est parfaitement à l’aise dans ce rôle, et plutôt bluffant. On s’amuse des accents au couteau de Dougray Scott et ses sbires et on ne peut qu’être séduit par la grâce de Thandie Newton, monte-en-l’air sylphide sensible aux charmes d’Ethan Hunt. Globalement, le film se suit sans déplaisir, malgré une sensation de plus en plus marquée d'assister à un spectacle dépourvu de profondeur et d'enjeux véritables.
L’une des rares concessions à la série sera la réutilisation de Ving Rhames, qui revient dans la peau de Luther, ce cyber-brigand sympathique mais bourru. On se rappelle du coup le "gimmick" de Jim Phelps au début de chaque épisode, qui le voyait hésiter entre des photos pour recruter son team et, pour finir, prendre presque toujours les mêmes protagonistes. Ce ne sont pas les apparitions de Brendan Gleeson et Anthony Hopkins qui remonteront le niveau, cela dit. On se contente d’un script dynamique assez retors, sachant ménager son lot de cascades et scènes d’action couillues – sans oublier l’inévitable séquence des colombes. John Woo y a peut-être perdu son âme, mais pas son savoir-faire. Reste que le duel final, tirant en longueur, perd de son impact dramatique au point de frôler le ridicule.
La bande son est efficace, bien qu’on puisse raisonnablement déplorer la composition lourdingue de Zimmer, surtout par rapport à ce que Danny Elfman proposait dans le premier volet.
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Titre original |
M:I - 2 |
Réalisation |
John Woo |
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Date de sortie |
22 juillet 2000 avec U.I.P. |
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Scénario |
Robert Towne, Ronard D. Moor & Brannon Braga d'après Bruce Geller |
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Distribution |
Tom Cruise, Thandie Newton, Brendan Gleeson, Anthony Hopkins & Dougray Scott |
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Photographie |
Jeffrey L. Kimball |
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Musique |
Hans Zimmer |
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Support & durée |
DVD Paramount (2001) zone 2 en 2.35:1 / 126 min |
Synopsis : Ethan Hunt doit reprendre du service. Un de ses anciens équipiers a retourné sa veste et s’est emparé d’un virus génétiquement modifié extrêmement dangereux. La seule manière de l’approcher est d’utiliser Nyah, une voleuse douée qui s’avère être une ex-compagne du traître. Mais Ethan ne tarde pas à tomber sous son charme…