Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Genre : thriller d’anticipation
Date de sortie en salles : 06/07/2011
Séance de 20h15. VF.
L’histoire : Hanna, 16 ans, est élevée par son père, un ancien agent de la CIA, dans une cabane perdue dans les forêts scandinaves. Depuis des années, elle se prépare à tout, suivant le précepte paternel : « S’adapter ou mourir. » Elle sait que, l’heure venue, il lui faudra regagner cette civilisation dont elle ne sait que ce qui lui apprend un dictionnaire afin d’affronter la femme qui a tué sa mère…
Une chronique de Vance
Lorsqu’on n’a en tête que la volonté de voir un bon film après trois semaines de travail intense, on est parfois un peu perdu devant la programmation estivale. Heureusement, et encore une fois, le Palmarès est là pour ça. Hanna avait suscité des commentaires plutôt élogieux de la part des premiers blogueurs membres, et cela a suffi pour me convaincre sans avoir vu ne serait-ce qu’un petit trailer.
Le résumé disponible sur tous les bons sites a de quoi intéresser et attirer les amateurs de films d’action : on y évoque une jeune fille élevée par un agent de la CIA, surentraînée façon Hit Girl dans Kick Ass. Et de fait, la première séquence, où on aperçoit une Hanna à la longue chevelure blonde engoncée dans des peaux de bêtes la protégeant du froid et de la neige, semble nous entraîner sur ce terrain : un montage habile, des images crues nous prouvent que le père est prêt à tout pour faire que sa fille soit capable de se défendre dans toutes les situations ; il ne retient pas ses coups, et elle non plus.
Mais la comparaison s’arrête là. Petit à petit, un mystère va naître dans l’esprit des spectateurs, le mystère de la nature même de cette jeune fille qui n’a aucun souvenir de sa mère (outre un photomaton et un album de contes de Grimm). Toute son enfance, elle a été préparée à une rencontre, à tuer ou être tuée. Lorsqu’elle affirme à son père (Eric Bana, d’abord méconnaissable, mais toujours aussi convaincant dans ses rapports avec les enfants) qu’elle est prête, le film s’emballe et une course-poursuite s’engage qui doit s’achever en plein Berlin après avoir traversé le Maroc, l’Espagne et la France.
Joe Wright est incontestablement un cinéaste fort capable, variant les angles de prise de vue et les cadrages avec intelligence et se risquant à quelques plans-séquences d’action de haute volée, le tout rythmé par une bande son signée des Chemical Brothers (impressionnante). Pourtant, ni la chorégraphie des combats (brefs et violents) ni l’opiniâtreté des protagonistes (Cate Blanchett joue une responsable avide de faire table rase du passé, et visiblement rien ni personne ne la détournera de son but) ne semblent le point de mire du film qui évite les clichés des films d’action en ménageant de longues pauses nanties de dialogues touchants. C’est que Hanna, fille des bois et survivante-née, fait son entrée dans le monde des hommes armée uniquement de ce savoir théorique doctement enseigné par son père. Si elle s’habitue très vite aux véhicules, elle abdique aussitôt face au potentiel des objets fonctionnant à l’électricité (une scène attendue et drôle malgré son côté tragique). Quant aux rapports humains, c’est encore une autre paire de manches…
Cet aspect initiatique enjolive avec bonheur la première heure du film (qui s’avère beaucoup plus dense que prévu), puis cède la place un peu maladroitement à la tension dramatique liée au mystère des origines. Sa mission originelle (trouver une femme et l’abattre) devient d’abord un périple puis une quête de connaissances : qui est-elle ? Qui était sa mère ? Pourquoi son père l’a-t-elle ainsi cachée ?
Les éléments de suspense peinent à surprendre : les personnages voient leurs traits grossis et les retournements de situations semblent primaires. Pourtant, l’intérêt ne faiblit pas grâce au jeu inspiré de l’héroïne (Saoirse Ronan est hypnotique et ne faillit jamais à sa tâche, malgré l’intensité des plans rapprochés et des séquences de course ou de combat) et à des indices distillés avec parcimonie, jouant allègrement la carte du symbolisme (le rendez-vous final a lieu dans un parc d’attractions dédié aux contes de Grimm). Du coup, pris sous l’angle du conte initiatique, le film révèle une richesse insoupçonnée, même si le mélange des genres a davantage tendance à décontenancer.
Un film aussi distrayant qu’enrichissant, mais surtout original dans sa texture : le réalisateur, se refusant aux effets tape-à-l’œil, affirme malgré tout un style propre novateur.
Hanna, du coup, mérite d’être revu.
Ma note : 3,6/5
Note moyenne au Palmarès : 3,17/5 pour 8 votes.
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