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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Stigmata : un bel emballage

[critique] Stigmata : un bel emballage

J'ai toujours aimé les films d'épouvante et, parmi eux, j'ai toujours eu une préférence pour les films traitant d'un surnaturel lié aux croyances les plus profondément ancrées en l'humain - car croire en Dieu implique d'envisager l'existence du Démon. En ce sens, Stigmata était rien moins qu'attirant, stimulant. Annoncé à grands renforts d'une publicité fortement orientée, s'appuyant sur quelques critiques (professionnelles) enthousiastes, il promettait énormément, notamment grâce à un casting potentiellement impressionnant (et puis, un scénariste nommé Lazarus, ça doit aider, non ?).

Le premier visionnage fut une amère désillusion. Le métrage donnait l’impression d’hésiter en permanence entre la recherche du spectaculaire (surtout visuel, la bande son n’étant pas spécialement sollicitée) et la démonstration du sacré. Si certaines séquences sont jolies et font preuve d’une vraie recherche graphique et d’un sens du cadre appréciable, la sauce ne parvient pas à prendre surtout du fait de personnages manquant d’épaisseur et peu crédibles (Jonathan Pryce en tête, complètement ridicule en émissaire dévoué de la Papauté) - loin d'être un récit perturbant et ébranlant les convictions afin de déstabiliser le spectateur, il s'aligne sur une tendance très commerciale en construisant des séquences télégéniques sans réel substrat éthique. Plutôt faire sursauter que faire peur, surprendre que terroriser. Désolant.

Tout n'est pas à jeter néanmoins. Gabriel Byrne n'a rien perdu de cette élégance naturelle qui fait son charme et il est impossible de ne pas apprécier sa performance dans un rôle qui serait une forme de synthèse des pères Karras et Merrin de l’Exorciste (même parcours en marge de la Religion, mêmes interrogations théologiques, mêmes doutes). Après, au niveau du sacré, on nage plus dans le complot que dans la terreur théologique, cet effroi atavique que suscitent encore les grandes réussites du genre, cette peur viscérale de la Bête en nous, du Mal qui peut s’incarner. Le réalisateur a beau multiplier les symboles élémentaires (l’eau, omniprésente, l’air, le feu), Stigmata n’est au final qu’une sorte de grand clip doté d’une histoire inconsistante. On se demande par exemple pour quelle raison l’émissaire d’un saint se comporterait comme le possédé d’un démon. La séquence du bébé emmailloté est également grotesque, desservant l'impact du récit. Le tout donne la sensation d'une oeuvre sirupeuse et foncièrement vaine.

L'avantage du support vidéo est notamment d'avoir accès aux scènes coupées : celles qui nous sont proposées sont intéressantes car elles révèlent un peu mieux la façon dont le film avait été conçu : encore plus racoleur. En ce sens, la fin alternative était valable. J’ai beaucoup apprécié le rendu de l’image du DVD, très travaillée, avec un certain grain agréable à l’œil, une palette de couleurs très chaude et un habile travail sur le contraste. Il y avait dans certains plans un maniérisme évident, une recherche de l’esthétique à tout prix qui étaient séduisants. En parallèle, le montage pouvait être nerveux, voire épileptique. Si la VO est dotée d'une bonne dynamique, la VF n'est pas à la hauteur : globalement, les voix françaises étaient décevantes. D’abord passablement étouffées, mais confinant un caractère oppressant à l’ensemble, elles ne semblaient pas parfaitement choisies, surtout pour Patricia Arquette, affublée d’un timbre beaucoup trop nasillard (sa voix dans la très bonne série Medium est nettement plus probante).

 

Au final, Stigmata n’apporte rien et déçoit en raison d’un emballage soigné et d’un buzz pourtant favorable. Ca se laisse voir et, contrairement à ce qui était attendu, ça se laisse vite oublier.

 

 

 

 

 

Titre original

Stigmata

Réalisation 

Rupert Wainwright

Date de sortie

19 janvier 2000 avec UIP

Scénario 

Tom Lazarus & Rick Ramage

Distribution

Jonathan Pryce, Patricia Arquette & Gabriel Byrne

Photographie

Jeffrey L. Kimball

Musique

Elia Cmiral & Billy Corgan

Support & durée

DVD MGM (2004) zone 2 en 2.35:1 / 102 min

 

Synopsis : Frankie, jeune femme gracieuse, mène une vie sans histoire entre son boulot, son compagnon et ses copines de sorties. Jusqu'au jour où sa mère lui envoie du Brésil un rosaire volé sur la dépouille de l'ancien curé de Belo Quinto. L'existence de Frankie sombre alors dans l'horreur. Elle est victime de plusieurs agressions dont elle ne peut expliquer les circonstances.

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D
J'ai adoré ce film !
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V
C'est vrai, j'ai été sidéré par l'accueil très favorable qui a été réservé à cette oeuvre prétentieuse et vaine, à peine sauvée par une belle photo et des acteurs performants.
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N
Vu et totalement d'accord. Ni fait ni à faire. On s'ennuie, on attend désespérément une once d'originalité, un petit truc au moins pour sauver le tout, mais non, rien, zéro, ni effrayant ni même franchement esthétique. Et en plus, prétentieux. Certaines séries B assumées dépassent (de très loin) ce truc qui réussit l'exploit de ne satisfaire personne.<br />  
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