Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
6 jeunes femmes dont deux sœurs se retrouvent dans un coin des Appalaches pour y faire un peu de spéléo. La plupart d’entre elles, britanniques, avaient l’habitude de pratiquer ensemble des activités à sensations fortes mais, un an auparavant, Sarah a perdu son mari et sa fille dans un accident dont elle a du mal à se remettre : la première séquence, essentielle et diablement efficace, la montre en train de faire du rafting avec deux de ses amies juste avant que le drame ne vienne la frapper de plein fouet. C’est donc un peu pour elle que Juno (June en VF) organise cette expédition, censée n’être qu’une partie de plaisir. Malheureusement, trop confiante en ses capacités d’athlète, elle entraînera ses compagnes d’infortune au fond d’un réseau de boyaux sans issue dans lesquels elles s’apercevront vite qu’elles ne sont pas seules…
On pourrait reprocher à ce film son pompage en règle de quelques idées-choc (Carrie ou même Predator). On pourrait lui reprocher de ne jamais faire vraiment peur, ce qui serait un comble pour l'objectif visé, mais ne reflète que la sensation d'un spectateur rompu aux séquences horrifiques - je dois avouer connaître nombre de spectateurs qui ont été terrorisés par the Descent. On pourrait aussi se dire qu’il n’y a rien là-dedans de nouveau : c’est du survival, dans la lignée d'un Délivrance. Le fait est qu’il n’est pas toujours nécessaire de faire du nouveau pour être efficace : reprenant à son compte la plupart des codes du genre, Marshall a réussi son pari avec une oeuvre dans laquelle la tension, palpable dès le début, ne cesse de grimper pour atteindre un climax impressionnant dans un dernier quart d’heure de folie furieuse. Grâce à une utilisation adéquate des décors claustrophobiques que sont les boyaux d’une grotte souterraine, avec ses jeux de lumière sur les aspérités et ses nombreuses zones d’ombre (les scènes souterraines sont toutes réalisées en studio pour des raisons de sécurité, mais avec un soin particulier apporté aux ambiances lumineuses), grâce aussi à l’interprétation convaincante de femmes plutôt concernées et à une musique subtile, the Descent permet les frissons, les sursauts et les angoisses qu’on attend d’une bonne production d’horreur, tout en conservant une cohérence assez rare dans le genre. Les crawlers (ces créatures nyctalopes et chtoniennes qui hantent le gouffre) apparaissent suffisamment peu dans le champ pour que le crescendo désiré dans l'angoisse soit maîtrisé.
Toutefois, c'est moins l’originalité et le montage des plans choc que la maturité de la mise en scène qui détonne : on est loin des films gore ultra-référentiels s'adressant aux ados, et pourtant les recettes sont peu ou prou les mêmes, impossible de le nier. Seul un casting entièrement féminin avec des femmes de caractère change la donne. C’est donc qu’avec les mêmes ingrédients, on arrive avec beaucoup d’aplomb, du style et du culot, à réaliser un film saisissant et âpre, adulte et sombre. C’est rassurant et permet de balayer d'un revers de main les critiques amères des personnes estimant qu'on a fait le tour de la question et qu'on ne peut plus surprendre.
Techniquement, on a droit à de très belles images, bien contrastées avec des noirs profonds qu’on a tout loisir d’apprécier. Sachant que la plupart des scènes ne sont éclairées que par les fusées ou les lampes des casques, c’est vraiment réussi. La VF imposée au cinéma était appréciable, avec des dialogues très intelligibles et pertinents ; la VO testée en vidéo diffère à peine et propose aussi peu d’effets surround mais des basses de bonne tenue. Evidemment, on aurait souhaité quelque chose de plus détonnant avec réverbérations et échos en tous genres, ce qui aurait sans doute renforcé l'ambiance claustrophobique mais peut-être également distrait l'attention.
J’avais aimé au cinéma, j’ai apprécié en DVD. Très bonne production sensée, maîtrisée jusqu’à la fin qui évite les nombreux pièges attendus. Une œuvre maligne donc, et efficace jusqu'au bout (avec sans doute le meilleur choix de fin possible).
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Titre original |
The Descent |
Réalisation |
Neil Marshall |
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Date de sortie |
12 octobre 2005 avec la Fabrique de Films |
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Scénario |
Neil Marshall |
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Distribution |
Shauna McDonald, Alex Reid, Natalie Jackson Mendoza & Myanna Buring |
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Photographie |
Sam McCurdy |
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Musique |
David Julyan |
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Support & durée |
DVD Pathé zone 2 (2006) en 2.35:1 / 119 min |
Synopsis : En plein milieu du massif des Appalaches, six jeunes femmes se donnent rendez-vous pour une expédition spéléologique. Soudain, un éboulement bloque le chemin du retour. Alors qu'elles tentent de trouver une autre issue, elles réalisent qu'elles ne sont pas seules. Quelque chose est là, sous terre, avec elles... Quelque chose de terriblement dangereux décidé à les traquer une à une...