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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Sunshine : photothérapie de groupe

[critique] Sunshine : photothérapie de groupe

Une équipe composée d’astronautes internationaux occupe l’Icarus II, vaisseau immense et dernier espoir de l’Humanité, car derrière sa coiffe de protection impressionnante se trouve une bombe thermonucléaire capable de rallumer le Soleil. Ce dernier se meurt et une précédente mission a déjà échoué sans raison apparente. A l’approche de la périphérie de l’astre mourant, les esprits commencent à s’échauffer…

La première demi-heure donne le ton : Danny Boyle n’est pas le cinéaste de l’empressement. Sa caméra suit patiemment les atermoiements des scientifiques embarqués dans cette aventure au lendemain illusoire avec une certaine malice et beaucoup de sensibilité. On découvre l’énigmatique Searle, indispensable psychologue chargé de résoudre les conflits inhérents à de telles missions de longue haleine où des personnalités sont enfermées, qui lance un nouveau concept de luminothérapie. Capa, savant surprotégé car seul capable d’activer la bombe. Mace, fougueux et caractériel, aux décisions radicales. Kaneda, le commandant stoïque (interprété par l’Ayato de San Ku Kai et dont la performance dans le Dernier Samouraï imposait le respect). Cassie, une technicienne languissante. Corazon (Michelle Yeoh) qui passe son temps à entretenir la serre fournissant de l’oxygène à l’équipage.

Cette partie impose le rythme de la majeure partie du film, ponctuée de petites alertes, de conciliabules, de confidences sur le ton du secret. Surviennent les première pannes, dues à la négligence d’un pilote stressé, et le premier décès en mission. Le ton monte, les tensions augmentent alors que le mystère de l’échec de la première mission est en passe d’être dévoilé.  

A ce moment, insensiblement, le film bascule dans une sorte de thriller nerveux, scandé par des flashes impersonnels, un mixage son affolant de basses, une caméra mouvante. De Silent Running, on est passé à Event Horizon. C’est déstabilisant mais pas malhonnête ; on sentait très bien, en raison de nombreuses incongruités parsemant le film, que le caractère SF n’était pas ce que le scénariste (Alex Garland, partenaire habituel de Boyle depuis la Plage) maîtrisait le mieux : le pseudo-jargon scientifique s'avère limité, les considérations astronomiques peu réalistes et l’accent n’est pas du tout mis sur la technologie (on n’a d’ailleurs aucune véritable idée de l’époque, sauf le fait qu’ils utilisent toujours des Ray-Ban). Boyle s’empare du matériau brut et des codes des films spatiaux puis les réarrange à sa façon. Il avait fait de même avec les films de zombies pour son très réussi 28 jours plus tard. Ici, la sauce ne prend pas (mais c’est personnel, le film semblant rencontrer par ailleurs un large succès critique) en raison d’un manque d’investissement évident dans l’utilisation des dits codes. Au vu de la légèreté avec laquelle il construit son métrage, on a même parfois le sentiment d’une parodie, ce qui détonne avec le sérieux et la solennité du jeu des acteurs. Lorsque le drame frappe, que les morts surviennent, le film d’ambiance reprend ses droits : c’est sec, nerveux, sanglant, brutal parfois et, si cela passe par des situations mille fois vues et revues et par des enchaînements grossiers, l’interprétation au cordeau des protagonistes (Chris Evans nous campant un personnage assez loin de l’ado égrillard des Quatre Fantastiques et, finalement, assez fascinant) tire l’ensemble vers le haut. On se trouve alors très loin de la SF et les discussions sur la vie, la mort, le devoir et surtout sur Dieu ne parviennent pas du tout à convaincre : l’impression générale est que le scénario élimine les acteurs dont il ne sait trop quoi faire, certains décès étant scandaleusement ridicules au vu du caractère imposant de l’entreprise, et certaines décisions révoltantes et indignes.

Le bon côté est que Boyle semble tout de même suivre une ligne précise, ne perdant jamais de vue l’objectif, permettant à cet ensemble un peu paradoxal de garder une certaine cohésion, malgré des repères temporels très vagues. Au moment de conclure, le réalisateur règle ses comptes et nous sert une fin vraiment splendide, alternant le spectaculaire et l’intimiste.

En partant voir un grand film de SF, on se retrouve devant un curieux mélange mal défini, sans doute le prototype d’un cinéma fusillant les genre, mais qui devrait apprendre d’abord à se les approprier. Ces effets spéciaux impressionnants, ces très belles images magnifiant la lumière solaire auraient dû servir un propos plus constructif, plus sérieux tout en apportant au spectateur son lot de scènes tonitruantes. Dans ce registre, Alien ou même Event Horizon sont nettement plus convaincants ; on pourra aussi rapprocher le schéma général de 2010, notamment pour tout ce qui tourne autour de la rencontre du premier vaisseau.

Toutefois, il faut reconnaître à Boyle le courage de cette tentative, la réussite de certaines séquences et la façon qu’il a de sublimer les réactions de ses acteurs, Cillian Murphy en tête, hallucinant et hypnotique, dont le regard candide éclaire la pellicule et transcende les débats.

 

A voir malgré tout, ne serait-ce que pour une séance gratuite de photothérapie. 

 

 

 

Titre original

Sunshine

Réalisation 

Danny Boyle

Date de sortie

11 avril 2007 avec la 20th Century Fox

Scénario 

Alex Garland

Distribution 

Cillian Murphy, Michelle Yeoh, Chris Evans, Hiroyuki Sanada & Rose Byrne

Photographie

Alwin H. Kuchler

Musique

John Murphy

Support & durée

35 mm en 2.35:1 / 100 min

 

Synopsis : En cette année 2057, le soleil se meurt, entraînant dans son déclin l'extinction de l'espèce humaine. Le vaisseau spatial ICARUS II avec à son bord un équipage de 7 hommes et femmes dirigé par le Capitaine Kaneda est le dernier espoir de l'humanité. Leur mission : faire exploser un engin nucléaire à la surface du soleil pour relancer l'activité solaire.
Mais à l'approche du soleil, privés de tout contact radio avec la Terre, les astronautes perçoivent un signal de détresse en provenance d'ICARUS I, disparu sept ans auparavant. Un terrible accident les contraint à modifier leur trajectoire. Ils doivent désormais lutter pour rester en vie, ne pas sombrer dans la folie, mais avant tout pour mener à bien leur mission essentielle pour l'avenir de l'humanité.

 

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T
J'avais adoré au cinéma. Je l'ai revu il y a quelques mois sur C+ et bizarrement je l'ai trouvé ridicule du début à la fin.
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J
Je ne suis pas allé le voir à sa sortie car j'avais lu des critiques très mitigées... Danny Boyle ayant la facheuse manie de vouloir changer de film en cours de route, ce qui se produit dans le dernier tiers de Trainspotting (que j'aime beaucoup quand même). Là c'est un peu le cas au premier abord, j'ai été surpris par cette irruption de ce "surhomme" et de ce virage vers Alien... Mais décidément j'adore ce film, j'ai vraiment regretté de ne pas l'avoir vu au cinéma! Il a vraiment réussi à créer une esthétique à la hauteur des images de cet espace lointain, si près de nous pourtant. Là où je le rapprocherais de 2001 c'est pour le fait que je trouve que l'on ressent ce que c'est qu'être dans l'espace, d'être face à quelque chose qui nous rend infiniment petit. C'est pour cela que je pense au contraire que toutes ces réflexions métaphysiques sur Dieu, la mort etc. ne le font as s'éloigner de la SF, au contraire, Boyle montre avec force que les histoires de ce genre nous confrontent à nos limites et nous poussent à les dépasser, à mieux penser. Pour moi, s'il n'est pas du niveau de 2001, Sunshine est, pour plein d'autres raisons également, un très grand film de SF! 
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V
Oui, c'est un peu ça : malgré ses facilités, Event Horizon reste une référence dans le domaine des films spatiaux "à ambiance" - oui, on est loin de Silent Running ! Sinon, j'ai peut-être été un peu dur pour Sunshine mais c'est avant tout parce que j'aime la SF.
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R
C'est drôle finalement car dans mon article sur Sunshine, je citais également Event Horizon (et 2001 mais évidemment pas pour comparer les 2 films) pour la parenté, mais les films "spatiaux" ne sont tellement pas nombreux qu'on tombe invariablement sur les mêmes, surtout si on met de côté Star Wars et Star Trek.
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V
Oui, je comprends. Je n'avais cité Event Horizon que pour l'ambiance, pas pour la qualité globale du film. Moi, ce qui me hérisse, c'est de lire toutes ces critiques le rapprochant de 2001, qui est incomparablement plus abouti et ambitieux.Je tiens tout de même à réitérer mon admiration pour la fin de Sunshine, très belle et subtile.
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R
J'aime beaucoup Solaris aussi. C'est juste la comparaison avec Event Horizon qui m'a fait tiquer. Car dans le genre scénar qui s'embistrouille sur la fin c'est pas mal non plus, et on n'a même pas la qualité globale, les particularités de réalisation de Sunshine.
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V
Eh bien non, cette fois je demeure sur mes positions : ce n'est pas le talent du metteur en scène ou celui des interprètes qui est gênant, mais bien le sujet qui n'est pas maîtrisé. C'est un mauvais film de SF, et je pèse mes mots : si je voulais du techno-babble, j'aurais pris Star Trek ! Et ce n'est pas à cause de ce côté lancinant du rythme : j'ai préféré, et de loin, le très prenant mais austère Solaris. Les séquences s'enchaînent de façon artificielle et on n'arrive jamais à s'identifier ni à prendre parti - malgré d'excellents acteurs, je me répète.
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R
Pour moi l'un des meilleurs films de l'an dernier, je ne m'en lasse pas. Il a des faiblesses sur la fin c'est incontestable mais bon sang quel talent !Le comparer défavorablement à Alien ok, mais pitié pas à Event Horizon que j'ai revu ensuite et qui ne soutient pas à mon sens la comparaison 2secondes. J'aime bien le film de Anderson mais ce n'est qu'une aimable série B bien ficelée (quoique la fin laisse aussi à désirer) alors que Doyle propose une vision réellement personnelle de l'aventure spatiale. C'est d'autant plus flagrant que les thèmes et le décor ont été déjà vus. L'impact de la musique, la mise en scène précise produisent de réels moments d'émotions qui ne sont pas uniquement liés à un quelconque suspens ou à la peur. Non franchement, c'est un film incontournable dans le genre spatial.
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H
moi j'ai bien aimé sauf que les situations sont un peu trop prévisibles
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