Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le premier volet (la Malédiction du Black Pearl) avait ouvert la voie et proposait une aventure de tous les instants, décontractée et furieusement cool, servie par des protagonistes ne manquant ni de charme ni de charisme. La suite était donc censée hausser le niveau et le ton afin de confirmer le sentiment qu'on se trouvait bien face à la franchise la plus trépidante du cinéma.
Nous voici donc lancés sur les traces de tous ces individus plus ou moins bien intentionnés, qui se retrouvent et se séparent au gré d’alliances plus ou moins opportunistes. De malédictions en chausse-trappes, ils se trouveront face à des indigènes cannibales, des zombis amphibies, un monstre marin légendaire, une sorcière étrange, des pirates morts-vivants et même un commodore déchu.
Sur une musique trop-nitruante de Zimmer qui y mêle des relents de Gladiator, les scènes d’action sont haletantes, ponctuées de séquences comiques réussies et de numéros de bravoure équilibriste. Les duels se font à trois et dans des endroits incongrus, les combats étant systématiquement disproportionnés. Quant aux effets spéciaux numériques, ils sont fabuleux, grimant à la perfection l’équipage de Davey Jones en mutants aquatiques saisissants. Le rythme est souvent allegro et les paysages, tournés pour la plupart in situ, sont magnifiques.
Cependant, autant de personnages, autant de secrets desservent ce qui aurait pu être LE film d’aventures ultime. Le spectateur n’est pas aidé par un Jack Sparrow trompeur ne pensant la plupart du temps qu’à sauver sa peau. Johnny Depp en fait sans doute un peu trop et finit par agacer un tantinet, même s'il faut avouer que sa performance est fascinante, mettant forcément les autres acteurs sous l’éteignoir. Le métrage s'avère en outre plutôt long et peine à se conclure malgré une surprise finale de bon augure.
On a l’impression de revenir au temps de Matrix 2 et Matrix Revolutions : le 3e volet devra donc veiller à éclairer certains éléments obscurs et à apporter une fin satisfaisante à ce projet bien ambitieux, sans quoi cela ressemblera davantage à un coup fumeux, voire à une fumisterie pécuniairement opportune.
Quant à nous, après avoir mis une bonne heure avant de comprendre qui est avec qui et cherche quoi, nous en avons finalement (et heureusement) pour notre argent – ce qui est, bien entendu, la moindre des choses.
Titre original |
Pirates of the Caribbean : Dead Man‘s Chest |
Mise en scène |
Gore Verbinski |
Date de sortie |
2 août 2006 avec Buena Vista |
Scénario |
Ted Elliott & Terry Rossio d’après l’attraction Disney |
Distribution |
Johnny Depp, Orlando Bloom, Keira Knightley, Stellan Skarsgård, Jonathan Pryce, Bill Nighy &Geoffrey Rush |
Photographie |
Darius Wolski |
Musique |
Hans Zimmer |
Support & durée |
Coffret blu-ray Disney (2011) en 2.40 :1 / 150 minutes |
Synopsis : L’histoire de Sparrow, ce pirate rebelle au look improbable et au passé nébuleux ponctué par un pacte secret, se retrouve mêlée à Will Turner et Elizabeth ; ces derniers, sur le point de convoler, se voient arrêtés par le capitaine Bellamy pour avoir permis l’évasion du pirate. Tandis que la belle est mise aux fers, Will se charge de retrouver le fuyard afin de la sauver. Mais Elizabeth n’est pas à bout de ressources, et Jack Sparrow a le chic pour embrouiller davantage la situation. Seule chose certaine : Bellamy et lui poursuivent la même quête, et elle mène à un coffre dont il faut dénicher la clef ; seulement, sur leur route, se dresse un certain Davey Jones...