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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Restaurer un film, est-ce le dénaturer ? - fin

Restaurer, est-ce dénaturer ?

 

Une discussion entre Millénaristes

 

5E ET DERNIER VOLET

  1. lire le volet 1
  2. lire le volet 2
  3. lire le volet 3
  4. lire le volet 4

 

Vance

A  mon tour. Vous avez abordé de nombreux sujets que je vais tâcher de reprendre rapidement.


D’abord, les conditions de visionnage : vous avez presque tout dit. Je trouve pertinent de les citer lors de nos commentaires et compte-rendu plus ou moins développés et ce, malgré le fait, souligné par TWIN, que cela peut très vite conduire à une escalade de détails. Néanmoins, de telles appréciations confèrent à nos impressions une authenticité et une assise qui les distingueront du tout venant des articles lisibles ailleurs et permettront de réagir avec plus d'acuité. Une forme de sincérité. Je trouve que Nico n'est jamais aussi convaincant que lorsqu'ils s'appuie justement sur ses souvenirs, ses sensations du moment, pour expliquer pourquoi il trouve tel film agréable alors qu'il est généralement conchié ailleurs. Je pense aussi qu'il est nécessaire de tenir compte (sans forcément l'évoquer) de notre état de santé et/ou de fatigue pendant le film : j'ai pu constater combien il m'était pénible de me remémorer des séquences entières d'un métrage vu la veille, uniquement parce que je somnolais et, par conséquent, n'avais pas été suffisamment concentré.


Ensuite, restauration & intégrité : là aussi, vous êtes allés très loin dans le débat. Je pense un peu comme TWIN, mais davantage par principe : la priorité est au film tel qu'il était censé être exploité en salles à l'époque de sa sortie. Ensuite, c'est vrai qu'on arguera de certaines conditions (financières, techniques voire politiques) qui ont empêché au metteur en scène de délivrer le film qu'il désirait montrer. Il ne faut pas oublier les censures internationales, les versions qui diffèrent (parfois d'une seconde !) suivant les pays. Ca me fait penser à la version US de Shining dont je suivais un mini-débat sur DVDVision : j'étais (un peu rapidement) persuadé qu'il ne s'agissait que d'une version à rallonge trop lourde et lente que Kubrick avait heureusement remaniée pour le reste du monde, ce qui fait de celle qu'on a tous vue le véritable director's cut. Mais il semble que le film américain permette de comprendre certains détails qui échappent (sans que ça nuise vraiment à la narration) et vienne en cela enrichir le méta-film (je ne sais même pas si le terme existe), délivrant un peu plus de clefs au spectateur tout en préservant l'essentiel. Du coup, cela m'intrigue, et on en arrive aux mêmes (et insupportables) tiraillements que pour Blade Runner. En tant que cinéphile, dois-je privilégier la version longue ? Dilemme. Et justement, le cinéphile est celui qui ira au plus près de ce qu'il estime être honnête... mais pour cela, encore lui faut-il une bonne dose de science pour trier le bon grain de l'ivraie. Face aux sirènes de la consommation dont Nico a chanté les douloureuses extravagances, il lui faut faire un choix : voir le film à tout prix, le posséder dans un support qui lui paraît raisonnablement respectueux (et agréable à visionner) ou demeurer campé sur des positions inébranlables, quitte à attendre une éternité que la version la plus fidèle, la moins critiquable, daigne enfin sortir sur autre chose que sa VHS déjà repiquée sur un import tombé depuis en poussières ? Même pour l'amateur éclairé disposant d'un bon revenu, force est de constater qu'on cède facilement lorsqu'un éditeur propose son film préféré en blu-ray. Et, souvent, on se console (et se rassure) en disant que, le jour où il y aura mieux, on achètera à nouveau. Quant à ceux, les plus nombreux, qui ont des revenus modestes, certains vont même jusqu'à renier leurs principes : le film leur convient, tant bien que mal, et ils s'en persuaderont. C'est là que des interventions comme celles de TWIN et de Nico, mais aussi les sites des connaisseurs, permettent sans grand effort de vérifier si l'achat qu'on va effectuer est décisif, opportun ou inutile. Oui, les films cités par TWIN sont déjà réputés pour être des ratages en blu-ray, avec le Pacte des loups qui n'est pas loin de remporter la palme. Beaucoup d'autres, comme Shining, suscitent la polémique, mais j'ai eu aussi la surprise de constater que les avis divergeaient largement. Jennifer vous dira ce qu'elle a pensé de Dracula qu'elle connaissait presque par cœur (c'est un de ses films préférés) : elle l'a vu récemment en blu-ray. Je viens de recevoir Danse avec les loups et le Bon, la Brute & le Truand en haute-définition : je sais que, sur certains points, ils sont décevants, mais est-ce que ce sera au point de regretter le DVD ? Je ne pense pas.

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V
Oui, tu as raison de le préciser.
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T
Le DVD également, en z1 et en z2 (pour une fois, en plus...).
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V
Non, non, tu as parfaitement raison ! Chaque fois que j'écris et que je reviens en arrière, j'éprouve un petit pincement au coeur à la mémoire de tous ces instantanés, issus de l'imagination, bruts, non dégrossis, et à la puissance évocatrice intacte mais voués à disparaître pour que l'idée qu'ils véhicualient soiet mieux insérée dans le récit. Parfois, le concept perd de sa puissance mais gagne en clarté, en fluidité - mais ça ne marche pas toujours. Tous ces rushes...Maintenant, le terme même de director's cut n'est-il pas un peu galvaudé ? Ce qui me chagrine, c'est qu'il y ait parfois tant de versions d'un même film qui, au final, en font des films différents. Je préfère par exemple la version ciné de Aliens bien que j'aime particulièrement avoir ces séquences explicatives montrant Newt et sa famille - mais elles alourdissent le récit. Après, quand on aime, on ne compte pas, et autant avoir toutes les versions si on est complétiste (le blu-ray permet cela, comme pour Blade Runner).
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C
Il y a quelques années, je pensais qu'il fallait privilégier la version director's cut, parce que la vision du réalisateur primait pour moi, peu importe les sorties en salle, les remaniement continentaux, etc.Puis j'ai eu entre les mains le director's cut de Donnie Darko. Donnier Darko est l'un de mes film préférés. Il était normal que je veuille voir ce que Richard Kelly avait voulu en faire "originellement" (le terme ne convient pas, mais je n'en trouve pas d'autre). Et là, ce fut une immense déception. Ce réalisateur avait trop trituré son film, il en avait enlevé la puissance, cette étincelle qui lui donnait sa spécificité. Si j'avais d'abord vu le director's cut, jamais je n'aurais autant aimé ce film.Depuis, je me dis qu'un film, c'est comme un livre. Certes, il y a le réalisateur tout puissant. Mais comme tout bon écrivain doit se fier à son éditeur, un réalisateur a besoin de quelques personnes pour l'aider à percevoir les petits problèmes de l'oeuvre sur laquelle il a passé tout son temps, aka le producteur, le studio, etc.Donc, en conclusion, il ne faut pas forcément négliger la version cinéma au profit de celle du "director", car c'est la version qui a été analysée et revue par une équipe pouvant apporter un regard nouveau et un peu plus "frais" sur un travail de longue haleine peut devenir meilleure. Après tout, qui n'a pas écrit un texte, lu et relu celui-ci pour corriger les fautes, et découvert par quelqu'un d'autre qu'il y en avait une énorme sous son nez qui lui avait échappée? Quoi, ça n'arrive qu'à moi? Zut, je pensais...
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