Travelling compensé :
En conjuguant les effets d'un travelling et d'un zoom, on peut modifier d'un coup la perspective tout en conservant à
l'objet ou au personnage cadrés les mêmes dimensions ; on a une impression confuse de vertige ou de grande surprise. On l'appelle aussi transtrav, mais j’ai trouvé cette technique nommée aussi Dolly
zoom, voire Vertigo effect ; il est vrai que le grand Hitch l’a popularisée dans Sueurs
froides. Cela confère plus ou moins de profondeur au champ dans l’image (les réalisateurs de films fantastiques l’ont utilisé pour simuler une soudaine augmentation de la longueur
d’un couloir qui s’allongerait à l’infini) et est souvent accompagné d’un point d’orgue musical.
Exemples (merci à Jennifer) :
-
Dans 1492 de Ridley
Scott, un tel mouvement souligne une strangulation vers la 59e minute. On en trouve un plus discret mais très réussi dans Kingdom of heaven, centré sur Saladin, au moment où il constate l’échec du siège de Jérusalem.
-
Dans Vertigo de Alfred
Hitchcock, c’est au moment où le personnage de James Stewart se retrouve au bas des escaliers, dans la tour : l’impression de vertige (>voir les deux « Dolly zooms »
ici) est
accentuée par le cadrage mettant en valeur le caractère hypnotique de la disposition des marches, à l’instar d’une spirale. Ce mouvement rappelle le vertige qui s’empare de lui lorsque, dans la
scène initiale, il est accroché à une gouttière et regarde le vide sous lui (> voir la vidéo ici).
-
Un travelling compensé impressionnant est à noter dans le film la Haine de Kassowitz : long, fascinant et presque nauséeux, il fournit un moyen différent de faire ressortir deux personnages dans un espace
(urbain) environnant. Visible ici.
-
J’en ai vu un très réussi mais classique dans Event Horizon, moins ostentatoire et décalé que ceux de Sam Raimi dans Evil
Dead (TWIN en parlera mieux que moi).
-
Dans les Dents de la mer de
Spielberg, le moment où Brody, qui surveille la plage, se rend compte qu’il y a une attaque de requin : la caméra se porte sur le visage sidéré du policier.
-
Dans Poltergeist de Tobe
Hooper, il y a ce plan où la mère retourne dans la maison et, accédant péniblement à l’étage, elle a l’impression que le couloir s’allonge et que le temps se dilate, comme pour lui rendre la
tâche impossible, comme si la maison se jouait d’elle. D’ailleurs, les premiers instants de sa course dans le couloir semblent ralentis, avant qu’elle parvienne subitement à reprendre pied (en
quelque sorte) dans la réalité et tout s’accélère alors, la porte de la chambre devenant accessible.
Les deux derniers exemples peuvent être regardés en cliquant ici.
A compléter…