Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Children of men *****
(les Fils de l’homme)
Une chronique par TWIN
Un long métrage anglais (105 min environ) d’Alfonso Cuaròn, sorti en 2006, avec Clive Owen, Julianne Moore et Sir Michael Caine.
Une édition collector deux disques Universal avec pistes 5.1 et sous-titres anglais et français.
2027. Les femmes n’enfantent plus depuis 18 ans, et la rareté ainsi créée a profondément changé les racines des sociétés modernes ainsi que toute conception géopolitique. C’est dans un climat de terreur qu’un ancien activiste politique va se retrouver à devoir protéger au péril de toute notion et valeur l’immigrée qui fait la promesse du renouveau…
Le style d'Alfonso Cuaròn se ressent dès les premières secondes du métrage : caméra à l'épaule, branlante, couleurs ternes, le tout à l'occasion de plans séquences phénoménaux.
Celui qui ouvre le film, depuis un lieu confiné pour nous nourrir d'un Londres futuriste mais pas si éloigné est phénoménal, et annonce le choc et le ton de toute une œuvre.
La thématique de Children of men est a priori très naïve : l'humanité a mystérieusement perdu toute capacité à procréer, les nations se sont effondrées.
Seule l'Angleterre prévaut, et le gouvernement s'est installé comme le rempart dictatorial face aux questions de fécondité et aux masses d'immigrants qui arrivent du monde entier.
Très humain et surtout effroyablement cru, le film d'Alfonso Cuaròn suit au pas près le parcours de Theo, joué par le toujours parfait Clive Owen, montagne de résignation et de courage ambigu, dont l'entêtement à asséner que « tout va bien se passer » renvoie sans cesse à ses crises de larmes, montées d'émotion humbles et extrêmement dures.
Children of men est un véritable coup de poing à l'estomac. Son naturalisme esthétique dépressif, notamment dans la mise en scène de la mort (on n’est pas loin de chez Friedkin tellement le film se construit sur des montées de tension qui culminent en chocs absolus), allié à un propos qui pourrait être une version moins fantasmagorique et romantique, et plus viscérale, de V for vendetta, est parfois insupportable de pertinence.
Plus de deux ans après la découverte en salles, l’éblouissement est toujours aussi intense.
Mieux : passé l’éprouvant sentiment d’éclat sensitif et symbolique, se redécouvrent une complexité de mise en scène et de point de vue qui achève de faire de l’œuvre un des grands monuments du cinéma d’anticipation.
Je ne sais pas si c’est affaire de lassitude ou, au contraire, d’un regard plus critique sur la construction éditoriale sur disque, mais les suppléments ont la fâcheuse manie de se partager entre de fulgurantes illuminations philosophiques et la couverture bien trop peu brossée de certains aspects de production.
C’est, la plus part du temps, trop court pour suggérer un approfondissement certain. Dommage. Notons que le master ainsi que le mixage sont de très grande qualité.