Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Dark Water ···
De Hideo Nakata (2002)
Musique de Kenji Kawai
Studio Canal – Zone 2
Yoshimi Matsubara est divorcée, elle vit avec sa petite fille de 5 ans, Ikuko, en se battant chaque jour : pour retrouver un travail, pour obtenir un logement décent, pour conserver la garde de son enfant. Parfois au bord de la crise, Yoshimi trouve en Ikuko la force de s'en sortir. Elle pense voir enfin le bout du tunnel lorsqu'elle trouve un nouveau travail et un nouvel appartement. Pourtant elle va bien vite déchanter, car d'étranges phénomènes ne vont pas tarder à se manifester, juste au dessus de chez elle. Des fuites d'eau, des taches au plafond... et une mystérieuse présence, pareille à une ombre, comme une petite fille... au visage sombre. (Source : Wikipedia)
Etonnant de voir à quel point le remake de Walter Salles a pu manquer d'originalité et de matière supplémentaire, en dépit d’une représentation esthétique vraiment réussie et d’une narration intelligente et efficace.
Hideo Nakata compose un film très lent, bien meilleur que son Ring maladroit, moins axé sur la peur que sur la psyché de cette mère et de cette fille dont le désespoir existentiel se gangrène aussi vite que cet envahissant dégât des eaux.
C'est bien traité et écrit avec intelligence. La caméra se fait discrète, un peu trop même : l'ennui guette parfois au sein de ce rythme lancinant à outrance et le tout manque de dynamisme. De cette façon, Nakata compose une œuvre en apesanteur, toujours en attente, pendue sur le fil d’un fantastique à peine suggéré et dont l’atmosphère visuelle et sonore porte l’œuvre comme une expérience sensitive à base de naphtaline.
Le final est illuminé par la grâce et se révèle simplement... « Beau ». Mais j'avoue une pointe de déception car je m'attendais à un essai plus porteur, à un coup de poing dans l'estomac, alors que Dark water n'est finalement qu'un très joli drame intimiste.
Une définition à couper au couteau qui retranscrit idéalement les tons sombres, pâles, désaturés et dépressifs de l’œuvre. Le tout est peut-être un poil trop lisse mais, dans l’ensemble, la copie est vraiment superbe.
La VO DD 5.1 est assez calme et passe le plus clair du film à traduire les ambiances urbaines. Quelques coups d’éveil, pourtant, quand les trombes d’eau s’abattent dans le champ. Dialogues intelligibles et mixage équilibré entre musique et effets sonores.
La ligne éditoriale fait son fer de lance d’un long et pertinent entretien (50’) entre Hideo Nakata et Jean-Pierre Dionnet (qui n’hésite pas à se mettre en scène pendant le processus de l’interview), au sein duquel le réalisateur revient avec passion, émotion et précision sur sa carrière, sans langue de bois (son passage dans le genre érotique) et sans être avare de détails.
Portrait de Hideo Nakata au festival de Gérardmer (20’), un poil redondant avec le documentaire précédent, qui suit le réalisateur au pas, alors que celui-ci en profite pour livrer quelques informations supplémentaires sur sa vie et son œuvre.
Rencontre entre Hideo Nakata et Vincenzo Natali (15’), sans grand intérêt, où les deux hommes personnifient un fascinant contraste culturel et comportemental.
Entretien avec le compositeur de la musique, Kenji Kawai (5’).
On remarquera enfin la grande qualité esthétique de la jaquette.
Ø Lien cliquable vers un visuel de la jaquette évoquée par TWIN.
Ø Voir aussi la chronique de Vance sur le remake par Walter Saller avec Jennifer Connelly.