Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un film de Walter Salles (2005) avec Jennifer Connelly, Tim Roth, Dougray Scott
Dark Water est au départ une histoire sombre, axée sur le mal-être et l’angoisse de la perte :
une jeune femme tente de trouver un équilibre vacillant en cherchant un appartement pour y élever sa fille loin d’un ex-mari revanchard. Mais l’immeuble qu’elle déniche recèle des mystères qui se manifestent par des bruits de pas, des chuchotements et surtout l’infiltration persistante d’une eau sombre venue d’en haut…
Walter Salles nous concocte ici un remake américain d’un film de Nakata qui a fait beaucoup fait parler de lui, dans cette mouvance morbide initiée par Ring. Avec une telle transposition, le réalisateur de Carnets de voyage était attendu au tournant par des Européens prêts à critiquer toute tentative de lissage et de formatage hollywoodien habituel. Il est désormais notoire que le Cercle de Gore Verbinski, s’il gagne en délire visuel, perd beaucoup de cet aspect dérangeant qui était l’apanage des films japonais préférant instiller une impression de malaise davantage que rechercher les effets choc et les séquences horrifiques.
Au visionnage, les impressions peuvent être confuses, sûrement à cause des trois premiers quarts du film qui semblent vides et mornes, sans enjeu ni intérêt autre que celui de voir Jennifer Connelly, toujours sublime, tenter de garder le contrôle de sa vie de mère divorcée d'une jeune fille plutôt éveillée pour son âge. Les personnages qu'elle côtoie sont pour la plupart fades et sans épaisseur, malgré la présence de Postlethwaite dans le rôle d'un gardien d'immeuble pas très disert. La fin, sans parvenir à sauver l'ensemble, lui donne tout de même plus d'épaisseur, de sens et de substance dramatique. Ca paraît très laborieux mais l'histoire a au moins une fin, logique et simple, sans surprise mais somme toute acceptable.
Pour le reste : amateurs d'angoisse, de morbide, de suspense, de gore ou de
frissons, passez votre chemin. Le film de Salles n'instaure aucun climat palpable à part une sorte de morosité terne, baignant dans une
luminosité à dominante verdâtre et à la photo recherchée, comme une copie sans âme de l'ambiance originelle. La bande son et le score de Badalamenti n’apportent rien à l’ensemble. Les spectateurs qui ont la chance d'être parents seront sans doute davantage touchés par la détresse de ce
couple mère/fille et, en ce sens, parviendront à vibrer, un peu, sur le dernier quart d'heure. C'est déjà ça.