Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
C’est l’une des premières grosses sorties vidéo de l’année : Mourir Peut Attendre, le dernier James Bond avec Daniel Craig dans le rôle principal, débarque en UHD, Bluray et DVD dès le mois prochain. De quoi réjouir les home cinéphiles !
Tout a déjà été dit sur le dernier épisode de la saga « Craig », entre les déçus du toutéliage scénaristique initié par l’inégal Spectre et les fans les plus pointilleux de l’œuvre de Ian Fleming qui ont vu dans No Time To Die un grand Bond que seuls les plus connaisseurs peuvent apprécier. Et l’on comprend aisément les arguments de chacun.
En réalité, le plus gros défaut du film de Cary Joji Fukunaga ne lui incombe pas totalement : il était évident que cette suite allait devoir rattraper les nombreuses maladresses d’écritures d’un précédent opus à moitié convaincant, aussi dense que foutraque. À commencer par la caractérisation des personnages que jouent Léa Seydoux et Christoph Waltz. Or, la réécriture rétroactive ne marche que rarement dans ce genre de saga, et dans le cas de ce Bond, il y avait du boulot pour parvenir à nous faire croire en la relation entre James et Madeleine.
Assez étonnamment, cela fonctionne tout de même bien mieux que dans Spectre et toute l’introduction en Italie fait son effet. Cependant, et parce qu’il doit boucler de nombreux arcs (y compris de Casino Royale), le film traîne malgré tout encore trop de casseroles pour pouvoir prétendre à une forme de simplicité et de limpidité dans sa narration… Ainsi, malgré une durée record, les scénaristes semblent encore à l’étroit pour tout ce qu’ils veulent - et doivent - raconter. Cela se fait au détriment des nouveaux éléments, à commencer par l’écriture de l’antagoniste interprété par Rami Malek (plus flippant que Christoph Waltz et son jeu outrancier, car plus en retenue et donc plus imprévisible) dont les motivations et les plans sont peu clairs. Il y a plusieurs films dans ce Bond, et certains sont plus enthousiasmants que d’autres.
Mais ne faisons pas la fine bouche pour autant : Mourir Peut Attendre a largement de quoi réjouir les fans de la franchise tout comme les spectateurs les plus occasionnels, le divertissement rempli son contrat (action, lieux exotiques, base secrète) et l’émotion y est sincère. On notera également la belle place accordée aux James Bond Girls, avec une Lashana Lynch certes sous-employée mais réellement impressionnante et charismatique, et bien entendu la pétillante Ana De Armas dont la seule séquence dans le film vaut largement le coup d’œil. Pas très surprenant de constater également que les personnages féminins ont des dialogues particulièrement savoureux sachant que l’exceptionnellement douée Phoebe Waller-Bridge (Fleabag) est venue apporter sa touche et son humour au scénario à la demande de Daniel Craig. Ce dernier, plus impliqué que jamais à tous les niveaux de la production, aura été un interprète parfait, entre force brute et émotion pure. Avec ses 5 longs-métrages, et No Time To Die en particulier, il aura réussi à laisser une marque indélébile à une franchise souvent critiquée pour sa formule dénuée de prise de risques, tout en lui permettant de sortir enfin des sentiers battus afin de s’adapter au monde actuel et ne plus simplement surfer sur les modes dans l’air du temps.
Un très bon film, mais surtout un excellent Bond.
L’édition que nous avons pu tester est la version collector Bluray. Collector car elle comporte deux disques, dont un entièrement dédié aux bonus. Des suppléments sous forme de petits modules un peu décevants pour les fans de la saga, surtout par rapport aux particularités du film, mais qui pourront néanmoins faire le job pour les personnes qui ne veulent pas passer des heures devant des making of.
À noter que nous ne savons pas si le disque de bonus est disponible dans l’édition 4K, puisqu’il semblerait que celle-ci n’ait que le bluray du film en plus. Ce second disque ne serait ainsi que disponible dans l’édition bluray.
D’un strict point de vue technique, c’est un sans faute. N’ayant pu tester la version UHD, nous ne pourrons vous donner notre avis sur celle-ci, mais elle est parait-il extraordinaire. C’est bon à savoir étant donné que les précédents films de Bond avec Craig sortis en UHD étaient de qualité discutable, la faute à des étalonnages parfois très différents de ce que l’on connaissait des versions cinéma et bluray (Quantum Of Solace et Skyfall en particulier). Ici, cela ne semble pas être le cas, et seul le HDR justifierait l’achat de la version UHD. Toujours est-il que l’image bluray de No Time To Die est dénuée de défaut. Définition au top de ce que la technologie permet, colorimétrie parfaite mettant en valeur la très belle photo du film et les yeux bleus de Daniel Craig. Tout au plus pourrons-nous tiquer devant quelques plans donnant la sensation d’avoir été lissés, mais comme nous n’avons pas d’élément de comparaison, nous ne pouvons vous dire s’il s’agit d’une spécificité du bluray ou si - et c’est le plus probable - c’est lié au film en lui-même.
Le son VO Dolby Atmos est étonnamment plus sage qu’escompté pour un film d’action, mais ce n’est pas tant un défaut qu’une volonté artistique : No Time To Die est plus bavard que bien d’autres James Bond, et les scènes d’action n’y sont pas aussi démonstrativement assourdissantes. Ici, la piste son fait dans la finesse et ne se lâche que lors de quelques occasions. C’est un très bon mixage, rassurez-vous, riche en basses et en effets directionnels.
Une très belle édition !
Titre original |
No Time to Die |
Date de sortie en salles |
6 octobre 2021 avec Universal Pictures |
Date de sortie en vidéo |
16 février 2022 avec Universal Pictures |
Date de sortie en VOD |
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Réalisation |
Cary Joji Fukunaga |
Distribution |
Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Christoph Waltz, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Lashana Lynch, Ana De Armas, Jeffrey Wright & Ben Wishaw |
Scénario |
Neal Purvis, Robert Wade, Cary Joji Fukunaga & Phoebe Waller-Bridge d’après le personnage imaginé par Ian Fleming |
Photographie |
Linus Sandgren |
Musique |
Hans Zimmer |
Support & durée |
Blu-ray Universal (2022) region B en 2.39:1/163 min |