Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Les mechas, ça ne m'a jamais réellement attiré. Des robots géants pilotés par des humains qui combattent des robots géants pilotés par d'autres humains ou des robots géants pilotés par des humains qui combattent des monstres géants, pour moi, c'est la même chose qu'un humain qui combat un humain ou un humain qui combat un monstre. Y'a que la taille qui change. Un concept lucratif créé dans le but de suggérer l’originalité, le fond sans la forme.
Cette "phobie" des mechas je crois qu'elle vient... des Power Rangers. Fameux super sentai que je regardais dans mon enfance. Tous les épisodes suivaient la même structure, avec un méchant qui poursuit une gentille pour la tuer, les gentils arrivent, battent le méchant, et un gars un peu bizarre de l'espace appuie sur un bouton qui fait que le méchant devient immense. Après ça les Power Rangers assemblent leur... je sais pas en fait, et forment un super méga robot géant pour combattre le méchant. Et ils gagnent et tout le monde est content. Et tout le monde reste content pendant plusieurs centaines d'épisodes.
Neon genesis Evangelion, j'en ai beaucoup entendu parler. Un animé culte, un animé révolutionnaire, un animé extraordinaire. Beaucoup d'avis positifs, beaucoup de rumeurs... Malheureusement, je n'ai jamais eu la force de m'y lancer - déjà parce que je n'aime pas les mechas - mais aussi car le synopsis ne m'attirait pas trop. Des robots qui combattent des Anges, bon... pas la peine de rabâcher.
Il faut savoir qu'il y a eu moult débats, un peu partout, sur le message qu'a voulu donner Anno à travers NGE. Il y a eu aussi moult théories sur pleins de choses, comme l'identité de Rei, etc. Et il est également assez populaire que lors de la diffusion de NGE, le studio Gainax était en faillite presque totale, résultant en un scénario versatile, avec une fin ayant laissé les fans en rage (raison d’être de The End of Evangelion qui tenta en partie de réparer cette prétendue erreur).
Mais je n'y reviendrais pas. Je me dois de juger une œuvre dans son entièreté, peu importe les difficultés de production.
Malgré ma peur des mechas, le premier épisode de NGE m'a directement charmé. Ainsi que les suivants. Car il y a une seule chose - en soit parmi tant d'autres - qui m'a énormément plu. C'est réaliste. Bougrement réaliste, et j'adore les œuvres réalistes.
Shinji est normal, agit normalement. On lui dit de monter dans l'EVA, il refuse. Après tout, qui accepterait de monter dans un robot dont on ne sait rien sans même savoir s'il fonctionne ? Ni même pourquoi ? Et le premier combat m'aura laissé sur le cul. Le personnage souffre, dans son robot. Ses nerfs sont reliés à la machine, perdre un bras de la machine lui donne la sensation… de perdre un bras.
Donc au final, pourquoi monter dans l'EVA ? Peut-être suis-je trop habitué aux produits usinés éditoriaux, qui de nos jours sortent des protagonistes tout aussi semblables les uns aux autres... Voir Shinji souffrir m'aura en tout cas retourné.
NGE est une œuvre qui part d'un fait simple pour finalement se complexifier au fur et à mesure de l'intrigue. Dans un futur proche, des anges attaquent la Terre, et les humains créent les EVA pour la défendre. Mais au final, que sont les EVA ? Pourquoi les anges attaquent-ils la Terre ?
Ce que j'adore le plus, dans un film, une série, un livre, ce qui me captive au plus haut point, c'est quand l'histoire est imprévisible. Quand un plot twist totalement inattendu intervient. Mon appétence pour une œuvre surprenante aura été rassasiée avec NGE.
Très rares furent les moments où je pus deviner la suite. Enfin, il est même impossible de prédire le dernier épisode sans avoir vu au minimum l'avant-dernier. NGE, c'est complexe. C'est complexe, mais compréhensible. Car, malgré quelques dialogues scientifiques difficilement bitable, l'intrigue reste plutôt simple et les détails sans importance.
Vers le milieu de l'œuvre, les épisodes commencent à suivre une même structure, un Ange arrive, on sort les EVA et après quelques difficultés on le bat. Quelques difficultés résolues par une chance apparemment incroyable. C'est dommage car finalement les épisodes perdent leur intérêt et... m'ont fait penser aux Power Rangers. Non, plutôt à Goldorak. Y a les problèmes que j'ai oubliés.
En plus de deux, trois incohérences (j'aurais aimé qu'Asuka souffre lorsque l'acide tombe sur son dos mais elle n'a rien ressenti ? - je ne suis pas psychopathe, mais réaliste) et certains plans un peu longs sans réelle animation (quelques-uns ne m'ont pas gêné, ils ont au contraire ajouté du suspense), ce milieu de série s'affadit assez rapidement. Il est certes rehaussé par certaines scènes vraiment savoureuses, se trouvant pour la plupart hors combat (Rei) mais une grosse partie des défauts ne sont pas à nier.
Les personnages de NGE sont tout simplement extraordinairement, fabuleusement, génialement bien créés. Il m'aura été bien rare de trouver des personnages aussi originaux et profonds que ceux de cette série.
Il y a d'abord Shinji. Adolescent normal, abhorrant son père qui l'a abandonné. Il obéit aux ordres mais se questionne sur ses réelles motivations. Ah, j'aurais rarement vu un protagoniste aussi peu confiant. Le schéma Nekketsu employé dans la plupart des Shônens récents ne permet pas ce type de pensée, emprisonnant les personnages dans d’agaçants stéréotypes…
Ensuite Rei. Fille silencieuse, qui semble être neurasthénique. Enfin, plutôt apathique. Jamais il ne m'aura été l'occasion de trouver un personnage semblable au sien, de près ou de loin.
Aussi Asuka. Toujours pleine d'énergie. Énergie qu'elle tient de son envie de se faire remarquer, faire ses preuves. D'ailleurs, on remarquera que le personnage de Naruto est peut-être inspiré de celui d'Asuka.
Pour finir, il y a Misato. Ah, tiens, elle ressemble un peu à Shinji. Elle aussi déteste son père, pour ne pas lui avoir donné d'affection. Mais c'est dans l'optique de se venger qu'elle a rejoint la NERV.
Tous ces personnages, aussi développés qu’importants, évoluent progressivement au fil de l’intrigue et apportent de plus en plus de consistance à un plat déjà bien chargé.
Bref, Evangelion propose un contenu franchement intéressant. Que ce soient les personnages, l'intrigue ou encore l’animation, cette œuvre ébranle le spectateur de toutes parts. Peut-être qu’au final sans ses problèmes d'argent, l'animé n'aurait pas connu autant de succès. Avec certaines scènes surtout présentes vers la fin brisant totalement les codes, graphiquement exceptionnelles, mais peut-être un poil trop introspectives, NGE charme pour ce qu'il offre, et non pour ce qu'il dénonce.
Synopsis : Quinze ans après le "Second Impact" qui a provoqué la mort de milliards d'êtres humains, un jeune garçon se retrouve enrôlé malgré lui dans une équipe spéciale de pilotes de robots géants destinés à combattre les « Anges », des monstres terrifiants capables de détruire des cités entières…
Titre original |
Shin Seiki Evangelion |
Créateurs |
Hideaki Anno |
Format |
1 saison de 26 épisodes de 25 min |
Date de 1e diffusion |
4 octobre 1995 (Japon) sur TV Tokyo |
Date de 1e diffusion française |
25 octobre 1997 sur C : |
Date de sortie en vidéo |
1er septembre 1996 (VHS avec Dynamic Visions) |
Distribution |
Megumi Ogata, Megumi Hayashibara & Kotono Mitsuishi en VO / Donald Reignoux, Cyril Aubin & Brigitte Aubry en VF |
Réalisation |
Hideaki Anno & Kazuya Tsurumaki |
Photographie |
Yôichi Kuroda & Yoichi Kurato |
Musique |
Shiro Sagiso |
Support |
DVD Dybex zone 2 (2005) en 1.33:1 /624 min environ |