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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Gemini Man

[critique] Gemini Man

Série B d’action aux moyens complètement hallucinants, Gemini Man ne vaut surtout que pour ses incroyables effets spéciaux et sa technique de projection en 3D 120 images par secondes. Sympathique et amusant, bien que sans grande originalité, mais à voir dans de bonnes conditions.

[critique] Gemini Man

Comme nous l’a dit Ang Lee à la fin de la projection, son Gemini Man pourrait s’apparenter à un film de commande. Il a choisi de le tourner parce qu’il voyait un certain potentiel dans cette histoire de clones, et a activement participé à en modifier l’écriture en y apportant ses thèmes de prédilection pour que celle-ci s’intègre parfaitement dans sa filmographie.

Soyons honnêtes, le scénario n’est précisément pas le point fort de Gemini Man, sorte de série B d’action qui aurait tout aussi bien pu sortir en direct to video si elle n’avait pas été réalisée par le metteur en scène taïwanais. Et si Will Smith n’était pas l’acteur principal.

Car Gemini Man - en dehors de sa technique - n’a malheureusement rien d’extraordinaire : les personnages et les rebondissements sont déjà vus ailleurs, d’autant que si les scènes d’action sont hallucinantes, elles sont également peu nombreuses compte tenu de la durée du film. Regarder ce métrage sans 3D ni 120 images par seconde n’aura donc que peu d’intérêt, et ce n’est pas se la jouer élitiste que de le constater. Il faudra ainsi débourser presqu’une vingtaine d’euros par personne pour le voir au cinéma dans les conditions idéales. Car ni une projection classique (en 2D ou 3D 24 images par secondes), ni la sortie en Blu-ray (qui permet la 3D quoique sans les 120 fps) ou UHD (qui ne permet pas la 3D) ne permettront de profiter pleinement de ce long-métrage.

[critique] Gemini Man

Bien entendu, la mise en scène de Ang Lee est totalement pensée pour la 3D, un procédé qu’il maîtrise de mieux en mieux, magnifiée par la fluidité délirante liée aux 120 images par secondes (rappelons ‘il y en a 24 habituellement) qui confère au long-métrage son réalisme quasi inédit. Quasi, car si vous aviez vu Le Hobbit en 48 images par secondes, vous n’allez pas nécessairement trouver Gemini Man différent. Le rendu visuel étonne, puis l’on s’habitue particulièrement bien à ce confort technique offrant au réalisateur la possibilité d’effectuer des mouvements de caméra rapides dénués de flou. L’image est nette, et le relief jamais fatiguant. La fameuse scène de poursuite à moto relève ainsi de l’inédit, avec une sensation géniale d’immersion et de réalisme.

[critique] Gemini Man

Le réalisateur veut rendre la 3D naturelle car ce qu’il souhaite avant tout, c’est faire oublier toute la débauche d’effets spéciaux utilisés pour recréer la version rajeunie de Will Smith. Ce que le grand public ne remarquera peut-être pas - et c’est parce que Ang Lee aura bel et bien réussi son pari en le filmant dans les conditions les plus franches possibles, avec un éclairage et des gros plans qui pourraient révéler sa nature artificielle - c’est que le Will Smith jeune est totalement numérique. Si l’audience risque de ne pas percevoir ce véritable tour de force, c’est aussi parce que les spectateurs sont désormais habitués à voir des acteurs rajeunis, notamment dans les Disney, avec des techniques de de-aging qui consistent à gommer les rides sur les visages (pour résumer grossièrement). De fait, le Will Smith de Gemini Man réalisé en performance capture par l’acteur lui-même a plus à voir avec les personnages d’Avatar, de Tintin ou de Gollum, que le Samuel L Jackson de Captain Marvel ou le Robert Downey Jr de Captain America Civil War. Pourquoi avoir ainsi opté pour une technologie de toute évidence plus coûteuse ? Parce que c’est l’un des thèmes du film, qui interroge de manière méta notre rapport à l’image, d’autant que le choix de l’acteur s’avère in fine judicieux : on a tous déjà vu Will Smith lorsqu’il avait 20 ans, or le réalisateur fait « jouer » son personnage comme le Will Smith d’aujourd’hui, l’acteur ayant un jeu différent de celui qu’il avait avant - et donc, si l’on ne remarque pas le trucage, c’est que le film fonctionne pleinement.

[critique] Gemini Man

Le résultat est tout simplement bluffant, à quelques exceptions près qui pourraient

presqu’être délibérées afin de renforcer le propos du film. Gemini Man est donc un film qui devrait faire date dans l’Histoire du cinéma pour sa technique hallucinante, mais qui ne devrait absolument pas convaincre le grand public qui ne le verra, en grande partie, pas dans les meilleures conditions et n’aura ainsi affaire qu’à une série B sympathique et amusante, certes, mais également dispensable.

Si le film vous intéresse, n’hésitez pas à le voir - si votre complexe favori le diffuse ainsi - en 3D et 120 images par seconde. Reste que si l’on apprécie grandement cette technique de projection, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si celle-ci ne va pas uniformiser la photo des futurs films qui seront tournés à la même fréquence. Un sympathique film d’action produit par Bruckheimer, techniquement époustouflant mais sans grande originalité.

Titre original

Gemini Man

Date de sortie en salles

2 octobre 2019 avec Paramount

Date de sortie en vidéo

 

 

 

Photographie

Dion Beebe

Musique

Lorne Balfe

Support & durée

3D en 4K en 1.85 :1 / 117 min

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