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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Falling Water en vidéo le 27 juin 2018

Falling Water en vidéo le 27 juin 2018

Etrange objet sériel que voici. Falling Water, qui n’a pas trouvé de diffuseur en France pour le moment alors qu’une seconde saison a été achevée aux Etats-Unis, est une série atypique qui choisit délibérément, et avec un certain aplomb, des voies ignorées par la plupart des productions télévisuelles. Une ambiance délétère, des décors froids, un tempo lent, lancinant même, s'attachant principalement à des fragments de vie, morcelant la quête des personnages principaux en éléments oniriques difficilement distincts d’une réalité triste. L’idée de départ, attachante, fascinante surtout, intrigue et accroche pour peu qu’on ait un penchant pour la science-fiction, voire simplement pour l’Etrange, mais la réalisation semble ne pas vouloir jouer la carte du spectaculaire et (surtout pas) de l’action, ménageant des fondus au noir à chaque événement un peu haletant. Parmi les shows vus cette année, cette série se distingue cependant du tout venant par de nombreux points qui savent interpeller pour peu qu’on soit patient – ce qui est une qualité vu le nombre croissant de séries intéressantes proposées par les éditeurs.

Falling Water en vidéo le 27 juin 2018

De quoi s’agit-il, donc ? Au départ, uniquement de trois individus qui ne semblent avoir aucun rapport entre eux, mais se retrouvent connectés par l'entremise de leurs rêves. Ces personnes souffrent d'un manque, ou d'une perte, sans qu'ils puissent mettre le doigt précisément sur l'objet de leur peine : l'une voit régulièrement en rêve un enfant dont elle est persuadée qu'elle est la mère, alors qu'aucune trace du moindre accouchement n'a été constatée par sa famille ou le corps médical ; un autre recherche une femme qu'il a aimée passionnément bien qu'il soit incapable de la nommer et dont il est certain qu'elle a été enlevée ; le troisième essaie tant bien que mal de communiquer avec sa mère, catatonique depuis sept ans, et dont, étrangement, il connaît mal le passé. Et derrière tout cela, une secte étrange, une organisation tentaculaire, un complot nébuleux et des personnages équivoques, dont on ne saura jamais vraiment s'ils sont du côté des bons ou pas.

Falling Water en vidéo le 27 juin 2018

Rappelant parfois Dreamscape dans certaines idées liées au déplacement volontaire dans les rêves, la série, à la réalisation minutieuse privilégiant les décors ambigus et une piste sonore déroutante à l'action - quasi inexistante - semble davantage s'accrocher à son concept, y sacrifiant les explications rationnelles et les déferlements émotionnels : l'univers y est aseptisé et l'atmosphère onirique nie tout recours au sensationnel (pas de distorsion du réel par des effets voyants, tout au plus use-t-on davantage de ralentis, parfois un basculement du point de vue et surtout, discrètement,  un regain de basses dans la bande son). Les épisodes s’égrènent en évitant également toute forme d’humour (attitude particulièrement rare de nos jours) et on peut éventuellement regretter une certaine forme de pédantisme intellectuel dans les citations et les monologues ouvrant et refermant chaque épisode.
Pourtant, la quête entreprise par nos héros intrigue d'abord, et finit par accrocher car le suspense est savamment entretenu ; finiront-ils par s'allier contre leurs ennemis ? Saura-t-on qui sont les alliés, les adversaires opportunistes et leurs réelles motivations ? De vérités illusoires en songes éveillés, les épisodes construisent doucement et patiemment leur développement ondulatoire et, s'il n'y a guère de souffle épique ou de bataille homérique, peu de réelle violence physique ou de gerbes hémorragiques, il y a quelqu'un à sauver, et une humanité en danger.

Falling Water en vidéo le 27 juin 2018

Si les enchaînements ne sont pas toujours très cohérents pour celui qui a eu la patience de poursuivre l’expérience (les forums regorgent d’internautes ayant abandonné), si la frontière entre les faits survenus dans le monde réel et les événements issus du monde onirique est constamment floue – on ne sait pas toujours si les protagonistes rêvent ou pas, et les interactions ne sont pas forcément expliquées – les motivations qui sous-tendent cette saison sont bien perceptibles et poussent les personnages principaux à faire des choix parfois tragiques, parfois opportuns, à échafauder des plans fumeux mais désespérés ou à sceller des alliances forcément toxiques. En demeurant concentré, on finit par découvrir que, si certains peuvent voyager dans les rêves d’un autre (et se servir de cette aptitude pour manipuler des individus), d’autres parviennent, pas toujours consciemment, à naviguer à la lisière des deux mondes, voire à déverser dans l’un les expériences acquises dans l’autre. Troublant. Du côté du genre horrifique à la télévision voici donc une alternative intéressante.

Falling Water en vidéo le 27 juin 2018

Les sérivores seront d’ailleurs à même de s’étonner de la présence au

générique de figures qu’ils ont déjà aperçues dans des productions de qualité comme Versailles ou American Horror Story avec Lizzie Brocheré, une Parisienne qui fait l’essentiel de sa carrière outre-Atlantique (quelques lignes de dialogue en français le confirmeront). Elle campe une Tess convaincante avec ses yeux perpétuellement écarquillés et cette impression d’étrangeté qui émane d’elle. Will Yun Lee interprète Taka, le flic de New-York un peu trop gentil et serviable, qui paraît incapable de voir le mal sous-jacent (mais ça fait du bien un personnage profondément positif) alors que David Ajala peut décevoir dans le rôle de Burton, un homme à la personnalité fuyante, chargé de la sécurité d’une grosse firme financière mais totalement épris de cette femme qu’il ne voit qu’en rêves. La bande son particulièrement soignée saura également hanter vos nuits avec un morceau de blues impossible à oublier.

Le coffret blu-ray 3 disques édité par Elephant Films (et sortant en même temps que l’intégrale en DVD le 27 juin 2018) propose une image particulièrement léchée, faisant honneur à la palette de gris qui occupe l’essentiel de l’espace à l’écran et ressortir les quelques touches de couleurs plus vives (la robe rouge de l’amie de Burton, le vert des baskets que portent tous les membres de cette secte bizarre, le bleu pâle des tracts ornés du visage du fils putatif de Tess). Dommage que la V.O. ne soit qu’en 2.0, le mixage 5.1 étant réservé à la VF, nettement plus passe-partout.

A tenter.

Titre original

Falling Water – season 1

Créateurs

Henry Bromell, Blake Masters & Gale Anne Hurd

Format

1 saison de 9 épisodes de 45 min et un pilote d’une heure

Date de 1e diffusion

13 octobre 2016 sur USA

Date de 1e diffusion française

 

Date de sortie en vidéo

27 juin 2018 avec Elephant Films

Distribution 

Lieeiz Brocheré, David Ajala, Will Yun Lee & Anna Wood

Photographie

Richard Rutkowski & Shelly Johnson

Musique

Nic Urata

Support & durée

Blu-ray Universal (2018) region ALL en 1.78 :1 /450 min environ

 

Synopsis : Tess, Burton et Taka, trois personnes sans lien apparent, se rendent compte petit à petit qu’elles rêvent chacune d’une partie d’un même rêve, qu’elles sont à la recherche de quelque chose qu’elles ne peuvent trouver que dans leur subconscient, une petite amie disparue, un fils enlevé à la naissance, un moyen de communiquer avec une mère catatonique. Mais plus ils utilisent le monde des rêves pour avancer dans leur quête, plus ils découvrent que leurs visions tentent de leur dire que leur vraie vie est en danger…

 

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