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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] les Nouveaux Sauvages

[critique] les Nouveaux Sauvages

Sorti au cinéma début 2015, les Nouveaux Sauvages a fait son petit bonhomme de chemin, terminant l’année plutôt bien placé dans le Top Films 2015 (finissant à la 40e place avec une moyenne de 3,55/5), sélectionné dans les plus grands festivals et décrochant même un BAFTA (Meilleur Film non anglophone) et le Goya du meilleur film hispanophone non-espagnol. Produit par les frères Almodovar, il a assuré le succès de son réalisateur en Argentine où il a battu quelques records d’entrées.

C’est assez singulier.

[critique] les Nouveaux Sauvages

Tout d’abord, les Nouveaux Sauvages est un film à sketches. Un genre qui offre rarement une expérience similaire à celle d’un film intégral mais permet d’enrichir le casting d’une grosse production en associant des noms prestigieux, même si les acteurs ne se côtoient pas. Pour fonctionner, il s’articule en général sur un thème commun, ou un fil rouge narratif, voire un personnage qui fait, plus ou moins malgré lui, la passerelle entre les segments proposés. Ici, Damián Szifron joue clairement la carte du « pétage de plomb ». En effet, le métrage suit les pérégrinations d’individus lambda qui se retrouvent dans une situation extrême (un fils soupçonné dans une affaire d’accident mortel, une jeune épouse découvrant la tromperie de son mari) ou qui subissent le syndrome de la goutte d’eau après l’accumulation de vexations, humiliations voire agressions, et qui finissent par lâcher prise, laisser libre cours à leurs instincts primaires réclamant la vengeance due et profiter de la catharsis nécessaire à leur équilibre mental. Pour la plupart, ces personnes respectables n’ont rien à se reprocher (tout du moins officiellement) mais on comprend immédiatement, par la manière maligne dont chaque cas est présenté, qu’il leur est indispensable de procéder aux actes envisagés, de tels actes qu’on rêverait tous de faire subir à celui qui nous a maltraités à l’école, au contrôleur des impôts ou au voisin trop intrusif.

Traité sur le mode jusqu’au-boutiste avec cette ironie mordante qu’ont bon nombre de scénaristes latins, le film alterne les épisodes et les modes opératoires avec une jubilation féroce à laquelle on ne peut qu’adhérer, même si, dans la plupart des passages, on devine assez vite la conclusion. Ce n’est donc pas la surprise qui va réjouir le spectateur, mais l’attente du passage à l’acte, lequel se savoure opportunément au moment idoine. Qui d’entre nous n’a pas eu l’intention d’en découdre face à un conducteur volontairement qui se traîne ostensiblement sur la voie de gauche ? Et parallèlement, qui n’a jamais eu envie de rabattre son caquet au prétentieux circulant dans une berline allemande hors de portée de votre budget ? Imaginez le mélange explosif entre les deux et vous aurez une petite idée de l’un des épisodes (le deuxième).

[critique] les Nouveaux Sauvages

Porté par une partition encore une fois envoûtante de Gustavo Santaolalla (l’irréprochable compositeur de Sur la route, Carnets de voyage ou Brokeback Mountain), les Nouveaux Sauvages parvient également à convaincre – car l’exercice est tout de même périlleux – grâce à des interprètes totalement impliqués et une réalisation sobre qui sait soigner ses angles de prises de vue et ses cadrages tout en se focalisant sur les personnages.

Evidemment, tous les segments ne se valent pas, mais leur juxtaposition

et leurs différences de traitement parviennent à éviter la lassitude et à renouveler l’intérêt. On se surprend ainsi à se délecter du malheur chronique de certains, comme cet ingénieur des Ponts et Chaussées qui accumule autant d’avanies en une seule journée que la plupart d’entre nous en un an, uniquement dans la perspective de les voir fulminer, en explosant littéralement de rage ou au contraire en préparant méthodiquement une vengeance implacable (tout dépend de la température à laquelle on veut manger ce plat). Tout est prétexte pour voir le vernis social s’effriter et s’effacer sous les coups de boutoirs ataviques de la bête ancestrale.

Un film sympathique bien qu’irrégulier, qui saura vous tirer quelques sourires complices.

Titre original

Relatos Salvajes

Date de sortie en salles

14 janvier 2015 avec Warner Bros.

Date de sortie en vidéo

27 mai 2015 avec Warner Bros.

Photographie

Javier Julia

Musique

Gustavo Santaolalla

Support & durée

Blu-Ray Warner (2015) region All en 2.40 :1 / 122 min

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