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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

the Boy : It's alive ?

the Boy : It's alive ?
the Boy

Sorti en début d’année, et malgré des critiques plutôt (étonnamment ?) positives tant de la presse que des blogueurs ciné, voilà déjà the Boy dans les bacs de vos revendeurs vidéo préférés, disponible depuis le 27 mai 2016 en DVD et en blu-ray proposé par l’éditeur Metropolitan.

Si l’on devait choisir parmi les films horrifiques sortis cette année, the Boy s’avèrerait un choix intéressant par cette espèce de malice qui caractérise le projet. Un quidam qui s’arrêterait sur l’affiche ou même la bande-annonce n’y verrait sans doute qu’un film d’horreur de plus avec des marionnettes tueuses.

Et il se tromperait.

Attention ! The Boy n’est pas non plus un chef-d’œuvre de réalisation ou d’ingéniosité et ne surprendra guère une fois le déroulement du film établi. Le retournement de situation final se devine au bout de trois quarts d’heure pour qui est resté concentré et la fin manque de punch et d’originalité. Pourtant ce métrage dispose de sérieux atouts qui le distingueront aisément de la concurrence : moins effrayant qu’Annabelle, moins pervers que Dolls, ce film cherche à proposer des pistes alternatives tout en maîtrisant les codes du genre - et il y parvient par moments. Le cinéphile sera d’abord agréablement surpris par la texture de l’image, particulièrement soignée, jouant constamment sur les ombres sans pour autant rester cantonnée dans un visuel purement expressionniste : le chef opérateur de Massacre à la tronçonneuse a eu pour mission d’échafauder une ambiance lumineuse particulière qui mettrait en évidence les visages et les décors.

Car William Brent Bell cadre souvent au plus près des visages : spécialiste des films horrifiques, il reste collé au visage avenant, au sourire désarmant et aux grands yeux de la craquante Lauren Cohan, l’atout charme du métrage comme avait pu l’être Odette Yustman dans Unborn. Evidemment que le réalisateur insérera une scène de douche pour bien mettre l’apparente fragilité de cette jeune femme en balance à l’intérieur du manoir anglais dans lequel elle doit désormais résider.

Le manoir constitue justement l’autre axe fort de la mise en scène : vaste, sombre, impressionnant, orné de toiles déroutantes et d’un mobilier suranné, il n’a pas la froideur massive des châteaux-forts mais se rapprocherait des demeures victoriennes celant automatiquement un terrible secret. Là encore, évidemment, la grande maison dans laquelle Greta vient prendre ses fonctions de gouvernante a connu la tragédie et la douleur par le passé – et elle en garde les stigmates, comme toutes les grandes demeures familiales depuis des films comme the Uninvited.

Arrive ce qui doit arriver, ce qu’on attend depuis la bande-annonce : Greta est donc engagée par ce couple âgé pour s’occuper d’un enfant et se retrouve face… à une poupée. Pas de ces pantins au visage en porcelaine grimaçant, non : un charmant garçon aux traits fins que les deux vieux traitent exactement comme une personne réelle, comme leur fils réponsant au curieux prénom de Brahms. Passé le choc du début, Greta est encouragée par le sympathique livreur (pas du tout insensible à son charme américain) à « jouer le jeu » et à appliquer scrupuleusement les instructions qui lui sont laissées afin que les parents du vrai-faux garçon puissent partir en voyage. C’est là qu’intervient un nouvel élément du script, qui aura son importance pour la fin (quoique bien mal employé) : le passé de la jeune femme, qui a pris en catastrophe ce boulot bien payé sur un autre continent afin d’échapper à son petit ami trop violent.

Greta va donc faire comme si, prenant le boulot à la légère jusqu’à ce que certains éléments étranges commencent à survenir : des objets disparaissent, des lamentations se font entendre, des trappes de plafond s’ouvrent et se referment… Toutes ses investigations la poussent à l’évidence : elle est seule dans cette bâtisse, seule avec… Brahms. Serait-il donc… vivant ? Et si c’est le cas, est-il maléfique, ou simplement mauvais ? Là-dessus, le spectateur, prenant au départ un peu d’avance en reconnaissant de nombreux signes annonciateurs, se retrouve très vite floué par des pistes contradictoires et des réflexions fort bien menées par Greta et le livreur de plus en plus empressé à son égard.

Bien que non dénué de son lot de jump scares, the Boy préfère se focaliser sur le non-dit, le suggéré et le hors-champ, poussant son interprète principal à une forme de paranoïa mêlée d’un sens des responsabilités aiguisé comme un couteau. Car si ce pantin est bien vivant, il est aussi un petit garçon, et elle une femme à l’instinct maternel frustré par l’existence. Entre méfiance et complicité pour cette créature, Greta refusera d’essayer d’y voir clair jusqu’à ce que le terrible secret que cache la demeure éclate au grand jour… Quant à nous, constamment à la recherche de l'élément surnaturel qui nous piègera et nous entraînera dans une autre dimension, nous en sommes réduits aux conjectures et aux faux-semblants plutôt bien gérés.

Un film plutôt agréable au final, qui joue davantage la carte de l’angoisse que celle de la frayeur, fera gentiment frissonner et surprendra parfois, tout en séduisant nos regards par le soin apporté à l’image et le charme de son héroïne. Les amateurs frustrés de séries B horrifiques et soignées le classeront sans peine dans les films à voir absolument en ce premier semestre de 2016. Merci encore à Cinétrafic.

 

Titre original

The Boy

Mise en scène 

William Brent Bell

Date de sortie

27 janvier 2016 au cinéma ; 27 mai 2016 en vidéo avec Metropolitan 

Scénario 

Stacey Menear

Distribution 

Lauren Cohan, Rupert Evans & Ben Robson

Photographie

Daniel Pearl

Musique

Bear McCreary

Support & durée

Blu-ray Metropolitan (2016) region B en 2.35 :1 / 97 min

 

Synopsis : Pour essayer d’échapper à son passé, Greta, une jeune Américaine, se fait engager comme assistante maternelle en Angleterre, dans une maison perdue en pleine campagne. À son arrivée, elle découvre qu’elle a été embauchée non pas pour s’occuper d’un petit garçon de 8 ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature. Seule dans la maison, loin de tout, Greta assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres. La poupée serait-elle vivante ? Il se trouve que Greta n’a pas seulement été engagée, elle a été choisie…

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D
Bonjour,<br /> The Boy n’est pas une production qui sort de l’ordinaire, mais il reste un bon film. J’ai particulièrement aimé le décor du manoir aussi. :) Il était somptueux et cadrait justement avec l’intrigue du long-métrage ! À bientôt.
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D
Pas de quoi ! :) À plus.
V
C'est ce que j'ai également préféré, avec la photo très soignée. Merci d'être passé !