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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Aladdin : Disney au pop

[critique] Aladdin : Disney au pop

Alors qu'une énième version des aventures d'Aladin fait la joie des petits au cinéma et anime la twittosphère par une polémique scabreuse liée à sa promotion douteuse, j'ai profité de mes vacances pour revenir sur ce film dont la VHS, le Laserdisc et le DVD ont usé toutes les têtes de lecture des appareils vidéo de l'appartement familial. Les années ont passé, les enfants grandi. Quel est l'impact de ce Disney désormais nanti de l'appellation "Classique" aujourd'hui ?

Je dois avouer qu'Aladdin fait partie de ces Disney que j'ai vus plusieurs dizaines de fois, et se classe même dans les très rares films dont je ne me suis jamais lassé (à l'époque). Et même quand l'envie de le visionner diminuait, des parties acharnées du jeu sorti sur la Super Nintendo permettaient de revivre la plupart des moments clefs du long-métrage.

Avec le recul, on se rend compte assez aisément combien Aladdin conserve une bonne cote auprès des anciens gamins, devenus adultes, et qui se sont mis à vouer aux gémonies les images colorées qui bercèrent leur enfance. Sorti dans les années 90, il se situe à la croisée des chemins entre les longs-métrages d'un Age d'or quasi intouchable et les déplorables tentatives de la fin du XXe siècle laissant un goût généralement amer et qui ont porté un sacré coup à l'aura de la société. On y retrouve ainsi les ingrédients presque incontournables, sortes de figures imposées par Mickey & co. : de la romance, du dépaysement, des animaux mignons, une assise de conte et des chansons. Tiens, parlons-en de ces dernières : si le score est signé de l'indéracinable Alan Menken (à la baguette de la majorité des films Disney depuis la Petite Sirène), les paroles sont confiées à Howard Ashman (déjà à l'oeuvre dans la Belle & la Bête) mais également au Tim Rice de Jésus-Christ superstar. Certes, on a droit à ces ambiances très "Broadway", à l'orchestration chargée, aux mélodies entraînantes pleines de flonflons et surlignées de choeurs imposants, qui sont devenues une des marques de fabrique un peu lourdingues de la firme aux grandes oreilles, mais il faut reconnaître que Menken a un talent certain pour utiliser certaines de ces chansons comme introduction à l'univers du récit, avec cette faculté de faire intervenir le moindre personnage tout en suivant le héros à travers la cité (on notera aisément des corrélations entre la chanson d'Aladdin  - Je vole, voir ci-dessous - et celle du début de la Belle & la Bête, Bonjour). Evidemment, on n'échappera pas à la mélodie langoureuse du Rêve bleu qui semble faire grincer des dents dès lors qu'on a atteint l'âge de raison. Cela dit, le côté sirupeux de cette ballade romantique est plutôt agréablement contrebalancé par le rythme enlevé du métrage et cette sorte de frénésie joyeuse teintée de loufoquerie qui parlent même au plus taciturne d'entre nous.

Impossible de passer sous silence l'incroyable performance de Robin Williams qui s'est complètement lâché en Génie de la lampe - et plutôt bien doublé en français. Il donne le ton de cette adaptation fantaisiste parsemée d'autocitations astucieuses et de références à la Pop Culture, avec une énergie presque maladive, comme si les producteurs sentaient le vent tourner et tentaient de s'accrocher à une population dont ils ne maîtrisaient plus les codes. Quoi qu'il en soit, le Génie éclipse facilement le trop gentil Aladdin (ce "diamant d'innocence" qui n'hésite pourtant pas à voler), sorte de Tom Cruise mutin - assez proche du héros de Legend - et la très mignonne Jasmine (dont on dit qu'elle fut inspirée par Jennifer Connelly - je comprends mieux ma fascination pour sa silhouette de rêve et son visage lumineux). Seul Jafar parvient à lui voler la vedette, ce qui n'est pas une mince affaire : pendant masculin de Maléfique - pour moi, le méchant Disney le plus réussi de tous les temps - nanti de la voix inimitable d'un Feodor Atkine inspiré (en VF, d'ailleurs sur ce coup supérieure à la VO), il campe un redoutable adversaire qui ne sera vaincu que par sa propre ambition. Son acolyte ailé, le très bavard Iago, a en revanche mal vieilli et j'ai eu un peu de mal à supporter ses interventions piaillantes. 

Rythmé et coloré, conçu autour d'un équilibre savant entre romance et aventures, sans véritable temps mort, Aladdin résiste au temps. Son animation fluide fait encore merveille et l'usage de l'ordinateur est pertinent (le tapis est une réussite sur tous les plans). la Belle & la Bête ira néanmoins encore plus loin en développant les décors et l'arrière-plan, qui sont parfois très pauvres ici (regardez la salle du palais du calife, systématiquement vide).

Drôle et surtout plein de bonne humeur, il fait partie des classiques obligatoires dans une vidéothèque.

 

 

Titre original

Aladdin

Mise en scène 

John Musker & Ron Clements

Date de sortie France 

10 novembre 1993 avec Gaumont Buena Vista

Scénario 

John Musker, Ron Clements & une dizaine d'autres

Distribution 

Les voix en VO de Scott Weinger, Robin Williams & Linda Larkin

Musique

Alan Menken

Photographie

 

Support & durée

Blu-ray Disney (2013) Region All en 1.85:1 / 90 min

 

Synopsis : Comment Aladdin, grâce à la felonie du grand vizir, va se procurer la lampe magique qui héberge le fameux génie et nous entraïner dans la plus étonnante des aventures.

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