Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Après son énorme succès critique Dallas Buyers Club, Jean-Marc Vallée revient une nouvelle fois au biopic en adaptant l'incroyable histoire racontée par Cheryl Strayed dans son livre et qui retrace son expérience solitaire et libératrice sur la Côte ouest des Etats-Unis. Une oeuvre sensible, qui malgré ses nombreuses maladresses se reçoit comme une claque, et doit beaucoup au talent et à l'implication de Reese Witherspoon.
Plus que l'histoire - réelle - en elle-même, c'est sa manière d'impliquer les spectateurs qui fait du nouveau film de Jean-Marc Vallée une oeuvre sensible et émouvante. Avec en filigrane le sujet de la dépendance (à la drogue, au sexe…), le réalisateur se replonge dans un récit partageant de nombreux points communs avec son précédent film Dallas Buyers Club (lui aussi tiré d'événements réels). Et si le film qui a valu un Oscar à Matthew McConaughey était probablement mieux maîtrisé et fondamentalement plus intéressant, l'on ne peut s'empêcher de trouver Wild tout aussi touchant. Car malgré un personnage principal pouvant à juste titre paraître antipathique (comme l'était celui de Dallas Buyers Club), auquel il est difficile de s'identifier (notamment parce que ses motivations et ses actions sont par instants inexplicables), le film contient de nombreuses séquences fortes et émouvantes.
Effectivement, Wild fait preuve de nombreuses maladresses. On pourra trouver le rythme étonnant, s'ennuyer parfois (ce qui n'est pas notre cas), on pourra lui reprocher ses quelques digressions inutiles voire ridicules (le gamin), ses trop nombreux flashbacks et son pathos régulièrement appuyé. Néanmoins, il fallait bien que le film soit lent pour souligner la démarche de Cheryl Strayed, et que ces scènes de flashbacks soient présentes en nombre pour illustrer l'état de confusion qui régit le personnage et guide son envie d'aller de l'avant. A ce titre, le montage est cohérent, brouillant volontairement les spectateurs pour leur faire comprendre le cheminement intérieur de l'héroïne. Ainsi, même si le film en fait souvent trop pour appuyer ses effets et que son scénario a tendance à s'éparpiller plus que de raison, Wild s'avère très intelligemment mis en scène et plus subtil qu'il n'y paraît, parce qu'outre l'émotion palpable que parvient à transmettre Reese Witherspoon (formidable et impliquée, qu'on lui donne une récompense pour ce rôle) à son personnage, c'est l'image (ses cadres et sa sublime photo) et le son (une belle utilisation de la musique par exemple) qui lui confère cette sensibilité. Il suffit d'une scène, prise indépendamment, d'un plan dans lequel l'on ressent presque la chaleur d'un rayon de soleil illuminant le personnage, pour recevoir le film comme une claque.
C'est beau, touchant, émouvant, et l'on passe très facilement sur tout ce qui aurait pu être amélioré.
Imparfait donc, mais magnifique.
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Titre original |
Wild |
Mise en scène |
Jean-Marc Vallée |
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Date de sortie |
14 janvier 2015 avec la 20th Century Fox |
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Scénario |
Nick Hornby & Cheryl Strayed |
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Distribution |
Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern & Kevin Rankin |
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Photographie |
Yves Bélanger |
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Musique |
Susan Jacobs |
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Support & durée |
2.35 : 1 / 116 minutes |
Synopsis : Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de