Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Une rencontre : Romance quantique entre Sophie Marceau et François Cluzet par la réalisatrice Lisa Azuelos, qui met en scène un film assez proche du genre musical, éclatant de couleurs et de bonne humeur malgré un récit plutôt doux-amer. Une bonne surprise qui aurait toutefois nécessité quelques ajouts pour rendre ses personnages encore plus touchants.
Dès leur première rencontre, elle lui retourne la tête, il lui retourne la tête. Littéralement. A l'écran, cela se traduit par un habile jeu de miroirs et de reflets. Le premier échange entre Sophie Marceau et François Cluzet a tout du coup foudre, mais la personne à laquelle chacun fait face n'est en réalité que l'image qu'ils renvoient et qu'ils désirent également voir dans leur interlocuteur. François Cluzet s'adresse à Sophie Marceau mais on ne la voit pas, on la voit dans un miroir. Sophie Marceau s'adresse à François Cluzet, mais on ne voit ici aussi que son reflet dans un miroir. Lui est heureux en couple et elle, elle ne désire pas briser un mariage. De cette idée en découle un récit sur l'envisageable, le possible et le fantasmé d'une liaison entre eux, personnages à la droiture morale incontestable. C'est ainsi que naît la dimension quantique du film, qui explore ce qu'il pourrait se passer si les deux protagonistes cédaient à leur petit jeu de séduction.
Mettant en scène le réel autant que l'imaginaire, Lisa Azuelos sème le trouble et la confusion. On ne reconnaît pas forcément de prime abord le vrai du faux, ou le vécu du divagué, mais l'on comprend vite que la finalité ne réside pas dans le discernement de la bonne temporalité du film, mais dans la perception mentale que se font les héros de leur relation. Libre à chacun d'interpréter l'intrigue comme il l'entend, avec son propre bagage émotionnel. Emballé avec un savoir-faire indiscutable, le long-métrage est un régal technique. Son esthétique de publicité pour parfum pourra rebuter les amateurs de réalisme, pourtant, l'aspect graphique du film fait évidemment partie de ses plus grandes qualités, avec des couleurs éclatantes, des flares et des effets de miroirs/reflets/splitscreen en corrélation avec sa thématique. On apprécie également le très bon montage, souvent accompagné de morceaux musicaux pop qui participent presque à faire d'Une Rencontre une véritable comédie musicale. On sent que la réalisatrice s'est fait avant tout plaisir, en nourrissant notamment son long-métrage de références parfois un peu dispensables (« Kissing You » de Roméo + Juliette par exemple, qui est une chanson trop associée au film de Baz Luhrmann et risque donc de déstabiliser le public) quand elles ne sont pas des clins d'œil directs à ses précédents films (les femmes qui chantent en voiture, les enfants que l'on appelle à table, les hommes devant la télé, le texto « Lol »). Avec ses acteurs parfaits (Sophie Marceau est irréprochable, Lisa Azuelos arrive à jouer avec beaucoup de justesse un personnage pas spécialement facile à interpréter, et François Cluzet est étonnant et irrésistible dans ce rôle à la Hugh Grant - pour paraphraser la réalisatrice), Une Rencontre est une sympathique romance au ton doux-amer.
Le film aurait néanmoins peut-être pu être agrémenté de quelques ajouts, étant très court, afin de rendre ses personnages encore plus touchants (un peu plus de comédie) ou pour laisser un peu de place, bien qu'ils ne soient pas au centre du récit, à ses seconds rôles (quand on a Alexandre Astier, autant le faire jouer).
Avec ses bonnes idées de mise en scène, sa bonne humeur (Lisa Azuelos évite les lieux communs inhérents au genre, ou les contourne avec intelligence), Une Rencontre a tout pour séduire.
Titre original |
Une Rencontre |
|
Mise en scène |
Lisa Azuelos |
|
Date de sortie |
23 avril 2014 avec Pathé |
|
Scénario |
Lisa Azuelos |
|
Distribution |
Sophie Marceau, François Cluzet, Lisa Azuelos & Alexandre Astier |
|
Photographie |
Alain Duplantier |
|
Musique |
|
|
Support & durée |
81 minutes |
Synopsis : Elsa écrivain, et Pierre, avocat, se croisent lors de la soirée de clôture d’un salon du livre : un regard, un briquet qui change de mains, des rires un peu trop nerveux, le frémissement d’une histoire possible… Une rencontre ? Sauf que la vie de Pierre, c’est d’abord sa famille : ses enfants et Anne, sa femme depuis quinze ans, celle qui l’aimera toujours, et qu’il aimera toujours, en dépit de la routine et du temps qui passe, il le sait. Elsa, de son côté, se reconstruit peu à peu suite à un divorce compliqué, se partageant entre l’écriture, ses ados qui grandissent trop vite, ses amies et une histoire légère comme l’air avec Hugo, son jeune amant. Pour elle, l’homme marié est un tabou et même pire : une erreur. Pourtant… Dès le premier regard, la rencontre de Pierre et Elsa s’inscrit dans une temporalité différente, comme si présent et futur possible se dédoublaient, s’entrechoquaient... jusqu’à créer une réalité où tout serait possible.