Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Après s'être régalé avec le Protocole fantôme, et avant de confirmer (ou non !) l'enthousiasme communicatif de notre ami Nico avec Rogue Nation, il était judicieux de se remettre en mémoire les précédents opus de la saga cinéma dérivée de la série de Bruce Geller, avec des films créés sous l’impulsion de (et donc centrés sur) Tom Cruise.
On a beaucoup reproché à ces œuvres de ne respecter que de loin les codes instaurés par la série télévisée culte afin de mettre en valeur le plus possible le personnage d’Ethan Hunt : d’un feuilleton fondé sur la collaboration et la synergie des talents d’individus compétents, on obtenait un film d’action musclé plus proche de James Bond, voire de Jason Bourne.
Pourtant, la production n’a pas eu froid aux yeux : beaucoup d’argent, et des metteurs en scène de renom, un peu à la manière de la franchise Alien.
Le premier d’entre eux fut Brian De Palma.
J’ai toujours eu une certaine tendresse pour ce film-là. Malgré les libertés presque impardonnables prises avec la série, on constate encore la volonté de créer des équipes – certes, autour d’un pole d’attraction un peu phagocyteur – et d’imposer un rythme enlevé reposant sur des séquences complexes à réaliser. Chaque équipe dispose de spécialistes et accomplit sa mission sur un timing et un schéma au cordeau : peu ou pas de marges d’erreur, ça passe ou ça casse – et bien entendu, suivant la phrase rituelle, « si l’un des collaborateurs venait à être capturé ou tué, le gouvernement nierait avoir connaissance de ses actes ». Selon ce principe, De Palma démontre un savoir-faire évident en cherchant à nous leurrer constamment : montages parallèles, flashbacks et alternance de points de vue subjectifs accomplissent des merveilles, permettant (presque) de pallier les insuffisances du scénario, les erreurs de script (ce n’est PAS le TGV qui traverse la Manche) et le casting improbable (Jean Reno joue une brute sans cervelle et Emmanuelle Béart s’est pris un coin de porte en travers de la figure – avouez-le, c’est gênant pour s’exprimer). Quant à Cruise, eh bien, il fait son job avec dynamisme et conviction, magnétisant la pellicule et catalysant l'action.
A force, on s’aperçoit que le film vieillit assez mal face à des pointures comme les Jason Bourne ou les Bond d'après Casino Royale. Il conserve pourtant un cachet sympathique, à la lisière entre l’espionnage et l’action brutale, et un sous-texte fascinant focalisé sur le jeu de miroirs et les masques. On devait par la suite s’apercevoir qu’il était bien plus fidèle à l’esprit Geller que les deux suites, pourtant non dépourvues de qualités.
Certaines séquences demeurent haletantes, la mise en scène est souvent élégante mais alourdie par quelques tics de réalisation et on passe un moment agréable. Quant à la partition de Danny Elfman, c’est une réussite.
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Titre original |
Mission : impossible |
Réalisation |
Brian De Palma |
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Date de sortie |
23 octobre 1996 avec U.I.P. |
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Scénario |
David Koepp, Robert Towne & Steven Zaillian d'après Bruce Geller |
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Distribution |
Tom Cruise, Ving Rhames, Jean Réno, Jon Voight, Krsitin Scott Thomas, Vanessa Redgrave & Emmanuelle Béart |
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Photographie |
Stephen H. Burum |
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Musique |
Danny Elfman |
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Support & durée |
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Synopsis : Les membres d'un commando de la CIA sont envoyés à Prague avec pour mission d'appréhender, lors d'une réception dans l'ambassade américaine, un espion ennemi qui s'apprête à dérober une disquette contenant la liste secrète des agents en Europe centrale. Seulement ils ignorent que la CIA, persuadée que le commando est infiltré par une taupe, a envoyé une seconde équipe sur place...
[saga] Mission : impossible au cinéma - l'Ecran Miroir
En 1966 sortait sur les petits écrans la série Mission : impossible créée par Bruce Geller, dans laquelle une équipe d'agents ultra-secrets et ultra-compétents était recrutée par un leader ...
http://www.ecran-miroir.fr/2015/08/saga-mission-impossible-au-cinema.html