Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un film de Eric Lartigau (2002) avec Kad & O, Jean-Paul Rouve & Gérard Darmon.
Version & Support : DVD zone 2 distribué par Buena Vista Home Entertainment, VO 5.1 ; 1h32.
Diffuseur : plasma Panasonic de 50 pouces (TX-P50V20E).
Lecteur : Oppo BDP-83
Participants : 7.
Résumé : Une strip-teaseuse nommée Pamela Rose est retrouvée assassinée dans sa chambre d’hôtel à Bornsville. Le FBI décide d’y envoyer deux agents : Douglas Riper, formateur expérimenté mais qui n’a jamais été sur le terrain, auquel on adjoint Richard Bullitt qui vient de faire foirer une importante mission d’infiltration chez des mafieux colombiens…
Un essai de synthèse par Vance
C’est après un copieux repas couronné d’un somptueux gâteau Star Wars que trois couples se sont vautrés sur les fauteuils et canapés du salon de TWIN, bien décidés à profiter de cette comédie française plébiscitée lors du sondage organisé sur le forum Sensation H-C. Un 7e larron, Nico, devait venir se joindre à nous par Skype après projection.
La séance fut agréable, constamment ponctuée par les rires précoces de ceux qui connaissaient le film. La discussion qui s’ensuivit réussit le tour de force d’aborder des sujets aussi variés que X-Files, Twin Peaks, Star Wars, Un ticket pour l’espace ou encore la Cité de la Peur.
C’est que le film généreux, sincère, respecte aussi bien son public que ses sources d'inspiration affichées, nombreuses et diverses : Lynch, donc, mais aussi on peut penser aux personnages des films de Tarantino ou des Coen, ou encore des buddy movies tels que l'Arme fatale ; on ne peut que sourire, voire rire franchement à chaque clin d’œil plus ou moins subtil au Silence des agneaux ou aux séries X-Files et Starsky & Hutch.
J'ai l'impression que quelqu'un a délibérément tenté de mettre fin à nos jours afin de nous empêcher de continuer de vivre...
On est clairement devant le genre de films dont la capacité à faire rire est proportionnelle au nombre de spectateurs présents dans la même salle, opérant de cette magie de groupe qui échappe parfois aux projections privées. Ainsi, notamment grâce aux références susdites, la première heure est très drôle, variée et assez rythmée, entre parodie outrancière, gags hénaurmes, hommage respectueux et dialogues nonsensiques. Il y a une vraie recherche au niveau de l'éclairage, des accessoires et des décors et Lartigau sait utiliser sa caméra avec dextérité : la réalisation est parfois bluffante (des travellings qui arrivent à faire rire, il faut le faire, quand même !) et se sert au mieux des bons acteurs, de la bonne musique (qui fait très « cinoche américain » - c'est-à-dire qu’elle est mixée ultra fort) tout en dispensant de bonnes scènes d'actions (la poursuite en voiture restera une belle idée). Quant aux décors, il faut saluer le soin avec lequel l’équipe est parvenue à reconstituer l’ambiance d’une bourgade du Middle-West en tournant uniquement en France.
Les apparitions de Chabat, Ledoyen ou Marina Foïs sont plutôt bien exploitées, on sent qu'ils n'ont pas cherché à trop tirer sur la corde, et qu'il y avait de la matière. C'est ce qui fait également leur principal défaut : on sait de quoi sont capables Kad et O, on connaît l'étendue de leurs références et on a ici vraiment la sensation qu'ils se sont contenus, réservés, peut-être par crainte ou par respect des contraintes cinéma (on n'a qu'un seul dialogue rappelant le n'importequoiesque du Kamoulox par exemple).
- Il suffit juste de vous regarder pour tout savoir de vous. Vous portez un tricot de peau sous votre chemise. Donc, vous aimez les concours de fléchettes et vous avez peur des vérandas. Vous avez une oreille plus grande que l'autre. Donc quand vous étiez petit, votre père vous obligeait à porter des robes. Je continue ?
Beaucoup de franches conneries dans le script ; sur le papier elles font toutes rire, mais en action certaines tombent parfois à plat quand même. Par exemple, le coup du GPS qui se plante est amusant en soi ; une première fois, c'est marrant, mais quand on nous refait le coup et qu'en plus la voix féminine du GPS se met à chanter, c'est un peu trop et ça ne fait plus rire. Cela étant dit, tout le monde a apprécié le « service après vannes ».
Après tout, il ne faut pas oublier que l'intrigue policière est juste un prétexte à une série de gags visuels (quelquefois au second plan) ou même sonores :
Tut... tut... tut... tut... hum hum... pardon, je reprends... tut... tut... tut...
Le dernier quart s'essouffle nettement mais conserve la même ligne directrice avec une vraie tendresse pour les personnages (les scénaristes ont eu le bon goût – l’intelligence ? - de boucler toutes les petites histoires de chacun d'eux comme Bullit avec son "fils"). C'est aussi là que l'affaire se résout dans la tête de nos agents du FBI, donc forcément ça devient un peu plus "sérieux" mais après tout le monde a droit à sa conclusion.
- J'ouvre parce que le chat des voisins a dû venir pisser dans les plantes !
Un film qui gagne au revisionnage ne serait ce que pour ses gags assez réussis (le yellow scotch, le flic qui bouffe des spaghettis, la tasse, le figurant qui enlève et remet sa veste, etc.). C’est aussi un gage de succès dans le temps.
Bon, qu'y a-t-il eu de plus drôle comme film français dans le genre depuis 2003 ?
- Écoutez Shérif, si vous essayez de nous mettre des bâtons de berger dans les roues, je vous préviens qu'à ce petit jeu-là, c'est celui qui dit qui y est.
Merci à Cinélog.fr sur lequel j’ai trouvé une vraie mine de citations cultes.