Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Alors qu’on croyait la vague tarie, ne cessant de ressasser de vieux fantasmes en y introduisant peu ou pas de cet érotisme latent qui en a baigné les origines, la littérature fantastique tendance bit-lit semble avoir trouvé un nouvel élan avec la trilogie All Souls de Deborah Harkness dont l’adaptation du premier tome sur Sky One, A discovery of witches, a fait en 2018 un score plus qu’honorable au Royaume-Uni, engendrant immédiatement la mise en chantier des deux saisons suivantes.
De quoi s’agit-il ? De sorcières, de vampires et de démons. Tous existant sur le même plan de la réalité, se partageant secrètement les arcanes de l’existence des humains qui ne font que vaguement soupçonner leur présence. Ces monstres qui ont alimenté les légendes et les contes ont conclu depuis longtemps une forme de pacte générant une Congrégation sacrée et quelques règles capitales à leur survie : ne pas empiéter sur le territoire des autres et ne pas former des couples mixtes (inter-espèces) en sont les plus absolues.
Dans ce monde-là, qui est un peu le nôtre, survient Diana. Cette brillante jeune Américaine vient de décrocher une chaire à Oxford et compte bien s’y faire une place, pour le plus grand plaisir de ses tantes et de son amie Gillian. Alors qu’elle étudiait quelques incunables empruntés à la prestigieuse bibliothèque booléenne afin d’alimenter sa thèse, un événement survient, qui attire sur elle l’attention de nombreux individus. Car elle a mis la main sur un ouvrage ésotérique rarissime que d’aucuns croyaient disparu et qui pourrait remettre en cause le fragile équilibre des forces existant dans la Congrégation. Car Diana est une sorcière fille de sorciers décédés et dont les pouvoirs, jusque lors, ne se sont jamais manifestés ; elle devra dès lors faire face à des sorciers bien plus puissants qu’elle, désireux de s’approprier le livre en question, mais également à un représentant de la caste vampire, un beau ténébreux issu d’une ancestrale lignée française : Matthew Clairmont, qui aura le don de faire battre son cœur un peu plus fort chaque fois qu’ils se croiseront.
Cela aurait pu n’être qu’une resucée des histoires sucrées issues de la mouvance Twilight ; cela aurait pu avoir le goût d’interdit et la dynamique torride de la série Anita Blake. Au final, cela se situe un peu entre les deux. Même si on connaît le pouvoir de fascination/séduction d’un vampire, on ne sait jamais véritablement quelle est la part de chacun dans cette relation qui grandit entre cette sorcière qui s’ignore et ce gentleman de 1500 ans. Qui a envoûté qui ? Matthew est-il vraiment sous le charme de la jolie historienne ou ne s’en sert-il qu’à des fins stratégiques, voire scientifiques (il étudie les génomes des créatures dont il parvient à obtenir des tissus) ? Alors que leur romance naissante bafoue tous les codes, alliances et mésalliances se nouent brièvement dans l’espoir de s’accaparer l’immense pouvoir détenu dans ce livre perdu et dont Diana semble détenir la seule clef.
Outre des décors grandioses (plusieurs scènes ont réellement été tournées à Oxford et Venise), la série repose aussi sur l’alchimie entre des acteurs au charisme éprouvé (Matthew Goode, parfait en beau ténébreux au charme millénaire face à une sémillante Teresa Palmer, au visage plus marqué que dans ses apparitions remarquées au cinéma : Warm Bodies, Numéro Quatre, Tu ne tueras point). Parmi les protagonistes de ce jeu de dupes, Owen Teale (le détestable ser Alliser de Game of Thrones) incarne un non moins détestable sorcier avide de pouvoir tandis qu’on découvre en Malin Buska une remarquable Suédoise interprétant une mystérieuse sorcière aux motivations équivoques. Les sérievores identifieront sans peine Gillian sous les traits de Louise Bailey (Sherlock) ou Alex Kingston, l’inoubliable Elizabeth Corday d’Urgences, ici dans le rôle d’une des tantes de Diana.
Koba Films permet à ceux qui ne sont pas abonnés à Syfy de pouvoir profiter à loisir de cette délicieuse saison se terminant par un happening troublant, habilement mise en scène et bénéficiant d’un traitement d’images méticuleux, jouant sur des codes de couleurs identifiant les personnages.
Les DVD mis en vente depuis le 12 juin 2019 offrent une très belle image, les blu-rays augmentant le plaisir avec une palette de couleurs plus étendue.
Titre original |
A discovery of witches : season 1 |
Créateurs |
Dominic Barlow |
Format |
1 saison de 8 épisodes de 42 min |
Date de 1e diffusion |
14 septembre 2018 sur Sky One |
Date de 1e diffusion française |
19 mars 2019 sur Syfy |
Date de sortie en vidéo |
12 juin 2019 avec Koba Films |
Distribution |
Teresa Palmer, Matthew Goode, Alex Kingston & Owen Teale |
Réalisation |
Sarah Walker, Alice Troughton & Juan Carlos Medina |
Photographie |
Petra Korner, Christophe Nuyens & Suzie Lavelle |
Musique |
Rob Lane |
Support & durée |
DVD Koba (2019) zone 2 en 1.78 :1 /340 min environ |