Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Difficile de passer à côté. Avengers : Endgame est la suite d’Infinity War, mais il doit surtout conclure 11 ans de Marvel Cinematic Universe. Les Frères Russo sont désormais vétérans et architectes de la firme et doivent refermer une page qui compte 22 films. Derrière eux ? Des records à la pelle et des personnages assez cultes pour investir durablement les étagères et les cours de récré. En somme, une partie de l'imaginaire collectif de la décennie qui s'achève. Rien que ça.
Endgame est pensé comme le prolongement d’Infinity War, c’est-à-dire comme un crossover ultime à la croisée d’univers aussi différents que ceux de Thor, Ant-Man ou Dr. Strange. C’est donc surtout l’alchimie entre ces personnages qui fait la personnalité du film. La mise en scène des frères Russo est fonctionnelle et efficace, mais hormis une poignée de plans-séquences, aucune audace visuelle ne distingue vraiment le long-métrage. Les thèmes musicaux de la saga, une nouvelle fois signés Alan Silvestri, sont ici à peine réorchestrés pour illustrer le récit. Et la photographie naturaliste, un brin plus colorée qu'auparavant, n'est pas mémorable pour autant. C’est un fait : l’intérêt de cet Endgame n’est pas dans sa proposition artistique.
Pourtant, le pitch de départ de ce quatrième Avengers est singulier. La Terre est en deuil de la moitié de sa population, dans une atmosphère post-apocalyptique. Le terrible Thanos l’a emporté. Nous retrouvons les Vengeurs restants, face à une crise existentielle après leur défaite. Là où Infinity War explorait la notion de sacrifice, c’est donc la question de l’échec, et plus largement des choix de vie qui en devient le prolongement ici. Quel sens donner à ses erreurs ? Que signifie aller de l’avant ? Voir Marvel explorer une défaite super-héroïque remettrait presque en mémoire les tentatives de la Distinguée Concurrence, DC Comics.
Mais évidemment, l’heure n’est pas à la gravité des films de Zack Snyder. Cette nouvelle histoire est surtout riche en raisons de se réjouir. D’abord, il faut saluer la très impressionnante galerie d’acteurs et d’actrices sollicités pour cet opus. Des simples caméos jusqu’aux rôles majeurs (Chris Evans et Robert Downey Jr, immenses), c’est un véritable all-stars que propose Avengers : Endgame. Une célébration chorale d’un cinéma de divertissement riche, généreux et rassembleur. On ne dévoilera rien des nombreuses surprises, entre comique de situation, clins d’œil aux férus des comics, et pures digressions absurdes… C’est la force du film autant que sa faiblesse : en faisant de grands écarts de ton et en multipliant les références, le film gagne en fun ce qu’il perd en enjeux.
Autre exemple à double-tranchant : malgré ses trois heures, Avengers : Endgame file à toute allure. Une prouesse de montage, mais qui n’évite pas au film de s’éparpiller régulièrement. Les péripéties et rebondissements sont souvent superflus et s’enchaînent en ignorant les incohérences potentielles. On se réjouit que l'action pure ne soit plus le seul cachet du spectacle, mais il y a presque matière à monter deux films en un ! Et pour le temps passé sur certaines séquences, on aurait aimé faire durer le plaisir pour d’autres.
En vérité, la force des frères Russo se déploie lorsqu’ils font dialoguer fiction et réalité.
Endgame fait du Marvel Cinematic Universe son sujet en soi. Chaque personnage et chaque film, même le mal-aimé Thor 2, devient la pièce indispensable de ce grand puzzle. Et pour peu qu’on se prête au jeu de la double-lecture, les personnages de fiction se confondent même avec leurs interprètes. Un peu comme un épisode de Community, série qui a vu démarrer les Russo... Comme quoi tout est lié. C’est cette même approche ludique, décomplexée, qui donne au film son caractère, et qui en fait un formidable point final... Ou plutôt point-virgule, la suite n’étant jamais loin.
On pourra trouver qu’Endgame fonctionne en vase clos, et qu'il ne récompense que les fans assidus. On se dira que l’auto-célébration dit quelque chose de notre époque. Mais enfin, il faut reconnaître au MCU et à cette “fan-fiction” très grand format quelque chose d’une joie communicative.
Titre original |
Avengers : Endgame |
Date de sortie en salles |
24 avril 2019 avec Walt Disney Company |
Date de sortie en vidéo |
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Photographie |
Trent Opaloch |
Musique |
Alan Silvestri |
Support & durée |
35 mm en 2.39:1 / 181 min |
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