Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Poursuivant sur la lancée d'une remarquable première saison, l'équipe de Sam Mendes s'attaque cette fois avec the War of the Roses à la troublante période historique dans laquelle Shakespeare puise ses références pour l'écriture d'Henri VI puis Richard III, cette dernière devenue célèbre dans le monde anglo-saxon par la manière dont le monarque a été cruellement dépeint (faisant de lui l'une des figures les plus honnies de la culture britannique) et par sa fameuse réplique :
Un cheval ! Mon royaume pour un cheval !
Le contexte historique continue de suivre les faits liés à la Guerre de Cent Ans : alors que, sur le terrain continental, la victoire change de camp et commence à sourire aux Français (qui ont remporté une bataille cruciale à Orléans et continuent sur leur lancée), les familles d'York et de Lancastre s'opposent quant à la gouvernance légitime d'un royaume qui part à vau-l'eau depuis la mort d'Henry V. Son fils est alors couronné, mais c'est sans compter sur les ambitions de clans qui, bien souvent, sous couvert d'alliances stratégiques, vont d'abord chercher à se hisser au-dessus de la mêlée, se rapprocher le plus possible d'un trône fragile avant d'éliminer les adversaires potentiels par la trahison, la délation, l'assassinat et autres forfaitures, au point de faire passer les iniquités des Lannister de Game of Thrones pour des fanfaronnades de bac à sable.
Cette fois, c'est Dominic Cooke qui se charge seul de la réalisation des deux pièces (Henry VI et Richard III), divisées en trois téléfilms et en 8 épisodes pour une diffusion TV. Si la première fait encore régulièrement référence au contexte géopolitique en présentant des séquences directement liées à la Guerre de Cent Ans (avec notamment la perte d'Orléans, la capture puis l'exécution de Jeanne d'Arc), la seconde s'articule autour de ce curieux individu qu'était Richard, duc de Gloucester, né bossu, mal-aimé et discret mais nourrissant une ambition à la mesure de son machiavélisme : jouant sur tous les tableaux, il s'associe avec les uns, dénonce les autres et finit par les trahir tous. Benedict Cumberbatch a bien mérité son BAFTA tant il en impose dans la peau de ce vil anti-héros capable de séduire les femmes de ceux qu'il a fait abattre.
Le distributeur vidéo l'Atelier d'images propose ainsi non seulement la seconde saison, nantie de scènes coupées, mais également un coffret regroupant donc toutes les pièces historiques du Barde dans une adaptation qui vaut le détour, bénéficiant d'une écriture ambitieuse et d'une interprétation classieuse, touchant parfois au génie. On peut raisonnablement être surpris par le choix du casting, notamment celui de Marguerite, et déçu qu'il n'y ait plus ces délicieuses parenthèses jouées en vieux français comme dans la première saison ; quant aux profanes de la littérature de Shakespeare, ils risquent d'être surpris par les libertés historiques prises lors de la description des événements militaires, et par la façon dont Jeanne est dépeinte (avec cela dit un énorme respect pour cette figure symbolique de notre nation, que les Britanniques tiennent toujours en haute estime).
Si la narration d'Henry VI a tendance à s'enliser en multipliant les protagonistes et en densifiant les querelles de Cour, celle de Richard III est plus dynamique, boostée par le magnétisme de ce félon qu'on adore détester. Une série dont on ne peut nier les qualités techniques et artistiques.
Titre original |
The Hollow Crown – the War of the Roses |
Créateurs |
Sam Mendes |
Format |
1 saison de 8 épisodes de 52 min |
Date de 1e diffusion |
7 mai 2016 sur BBC Two |
Date de 1e diffusion française |
1er juin 2017 sur Histoire |
Date de sortie en vidéo |
23 octobre 2018 avec l’Atelier d’Images |
Distribution |
Benedict Cumberbatch, Tom Sturridge, Ben Miles, Hugh Bonneville, Judi Dench, Sophie Okonedo, Ben Daniels & Keeley Hawes |
Photographie |
Ben Smithard, Danny Cohen & Michael McDonough |
Musique |
Stephen Warbeck, Adam Cork & Adrian Johnston |
Support & durée |
DVD l’Atelier d’Images (2018) zone 2 en 1.78:1 /410 min environ |
the Hollow Crown en vidéo le 14 septembre 2018 - l'Ecran Miroir
L'ambition de mettre en images les pièces "historiques" de William Shakespeare n'est pas nouvelle : il y a là suffisamment de matière pour proposer un spectacle dense en événements dramatiques...
http://www.ecran-miroir.fr/2018/08/the-hollow-crown-en-video-le-14-septembre-2018.html