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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Arrêtez-Moi Là : coupable idéal

[critique] Arrêtez-Moi Là : coupable idéal

C'est aujourd'hui que sort l’adaptation d’un roman américain, lui-même tiré de faits réels, par Gilles Bannier qui signe pour l’occasion son premier long-métrage. Arrêtez-Moi Là est un excellent film, interprété avec talent par un Reda Kateb toujours aussi génial et des seconds rôles très justes. Quelques petites réserves sur certains rebondissements superflus, mais pas de quoi entacher les qualités de cette histoire captivante. A voir !

L’histoire de Arrêtez-Moi Là est de l’aveu de son réalisateur lui-même - que nous avons pu rencontrer à la fin de la projection accompagné de ses deux acteurs principaux - somme toute extrêmement classique. Le récit de cet homme injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis n’a rien de particulier a priori, ce type de sujet ayant souvent fait l’objet de long-métrages au cinéma. S’il s’agit de l’adaptation d’un roman américain, lui-même tiré de faits réels, le scénario de Gilles Bannier choisit pourtant délibérément de s’en éloigner pour proposer une version moins glauque, moins tragique, mais tout aussi révoltante. On a certes l’impression d’avoir déjà eu droit à ce genre de film, il n’en demeure pas moins que celui-ci parvient à se démarquer.

Pour un premier long-métrage, le réalisateur Gilles Bannier (Engrenages) fait un travail remarquable. Grâce à une approche réaliste (voire presque cynique, le film ne manquant pas d’humour), à une mise en scène s’effaçant derrière les personnages, et à un montage habile qui ne s’appesantit pas sur les situations tout en ménageant de longs moments de silence afin de faire ressentir l’enfermement physique et psychologique du personnage principal, le film s’avère être une excellente surprise. Pas de gras, pas de digressions, hormis quelques rebondissements superflus ayant tendance à minimiser l’impact de certaines scènes qui fonctionnent pourtant toutes bien. Mais c’est le seul reproche que l’on peut faire à une œuvre qui ne cherche jamais la facilité (sauf peut-être à la fin selon les sensibilités et le message que l’on choisit de garder) et le pathos, toute en économie de mots et de péripéties.

Bien évidemment, le film vaut surtout pour l’interprétation de Reda Kateb, absolument prodigieux dans ce rôle plus subtil qu’il n’y parait (car sa caractérisation n’a rien d’extraordinaire par exemple), tout en retenue. Et si l’acteur porte complètement le film, il faut néanmoins souligner l’interprétation générale, seconds rôles compris, d’une justesse assez impressionnante (Léa Drucker est formidable, Gilles Cohen arrive à trouver le ton juste quand bien même son personnage semble régulièrement tomber dans la caricature grossière). Grâce à tous ces talents, l’histoire reste captivante car l’on s’attache immédiatement aux protagonistes. Il n’est donc pas étonnant de voir que ce qui a motivé le plus le réalisateur, c’est bel et bien le portrait d’un homme cherchant à se reconstruire (sans trop dévoiler l’intrigue, la bonne idée est que l’on continue de le suivre après son procès) plutôt qu’un quelconque brûlot contre les institutions policières et judiciaires.

Comme son titre ne l’indique pas nécessairement (même s’il s’agit de celui du roman, on pense de prime abord à une énième comédie), Arrêtez-Moi Là est donc principalement une sorte de thriller psychologique mettant en avant ses personnages, au détriment d’une intrigue classique.

A voir !

 

 

Titre original

Arrêtez-Moi Là

Mise en scène 

Gilles Bannier

Date de sortie

06/01/2016 avec EuropaCorp

Scénario 

Gilles Bannier & Nathalie Hertzberg, d’après Iain Levison

Distribution 

Reda Kateb, Léa Drucker, Gilles Cohen & Julia Piaton

Photographie

Alain Marcoen

Musique

Siegfried Canto & Hervé Salters

Support & durée

35 mm / 94 minutes

 

Synopsis : Chauffeur de taxi à Nice, Samson Cazalet, la trentaine, charge une cliente ravissante à l’aéroport. Un charme réciproque opère. Le soir même, la fille de cette femme disparaît et des preuves accablent Samson. Comment convaincre de son innocence lorsqu’on est le coupable idéal ?

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