Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
On peut déjà trouver dans les salles équipées en 3D le dernier film de Wim Wenders, doté d'un casting aussi talentueux que pluriculturel, piochant allègrement techniciens et acteurs dans plusieurs pays à la profonde culture cinématographique. Ainsi, le Français et oscarisé Alexandre Desplat s'est chargé de la partie musicale (interprété au dernier moment par l'orchestre national de Suède juste avant le festival de Berlin dans lequel il était présenté hors compétition) tandis que ses compatriotes Charlotte Gainsbourg et Patrick Bauchau passaient à l'écran. C'est le Belge Benoît Debie (déjà chef opérateur de Gaspard Noé récemment débauché par Ryan Gosling pour Lost River) qui est directeur de la photographie et on trouvera en outre la Canadienne Marie-Josée Croze familière des lieux de tournage (au Québec) dans un casting agrémenté du Suédois Peter Stormare et des très glamour Américains James Franco et Rachel McAdams.
Wim Wenders a "hérité" du script que lui a envoyé un jeune auteur prometteur repéré trois ans auparavant à Sundance et qu'il désirait simplement aider ; il y a trouvé de nombreux parallèles avec son propre parcours créatif et la possibilité d'explorer le thème douloureux de la culpabilité. S'il a opté pour la 3D, c'était dans le but de davantage faire ressortir les comédiens dans un cadre forcément beaucoup plus travaillé du fait de la précision du rendu.
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Titre original |
Everything will be fine |
Réalisation |
Wim Wenders |
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Date de sortie |
22 avril 2015 avec Bac Films |
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Scénario |
Bjorn Olaf Johannesen |
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Distribution |
James Franco, Rachel McAdams, Charlotte Gainsbourg, Peter Stormare & Marie-Josée Croze |
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Photographie |
Benoît Debie |
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Musique |
Alexandre Desplat |
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Support & durée |
3D et |
Synopsis : Après une dispute avec sa compagne, Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l'épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route.
Après plusieurs années, et alors que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption : sa tragédie se transforme en succès littéraire. Mais au moment où il pensait avoir passé ce terrible événement, Tomas apprend à ses dépens que certaines personnes n'en ont pas fini avec lui...
L’enjeu du récit [n'est] pas tant de savoir si cet homme est coupable de quoi que ce soit qui pourrait être lié à l’accident, que d’interroger la culpabilité qui est au cœur de toute création d’un écrivain ou d’un cinéaste qui « exploite » la vie réelle. Est-il légitime d’utiliser dans son propre travail les expériences ou les souffrances d’autrui et de les transformer en oeuvre d’art, en histoire, en film, en chanson ou en image ? Peut-on utiliser les expériences et les souffrances d’autrui dans son travail ?
C’est un créatif, un écrivain, et donc, avant tout, un homme plutôt mystérieux. Il y a souvent, dans la vie et le travail des artistes, des choses que l’on ignore. Les écrivains aiment garder leurs secrets, ils sont presque forcés de le faire. Comme ils doivent tout transformer en mots, dans ce travail solitaire et énigmatique du langage qu’est l’écriture, ils ne peuvent sans doute pas perdre leur temps en rencontres et en discussions.
La 3D exige du réalisateur une connaissance impeccable de son lieu de tournage. Tout comme les acteurs, le décor voit sa présence et son intensité augmenter avec la 3D. Il faut être d’une grande précision, savoir où tous les éléments du décor sont situés, et surtout comment la caméra s’en accommode. Il s’agit de capturer ce que le lieu a d’unique. C’est lié à la manière dont la caméra 3D interagit avec l’espace.