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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[DVD] Challenge vampires n°2 : Vampyr

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Vampyr - Der Traum des Allan Grey 

 

Un film de Carl Theodor Dreyer (1932) adapté de Carmilla de Sheridan LeFanu, avec Julian West & Henriette Gérard.

 

Un DVD collector Criterion (2008) en N&B (1.19 :1).

V.O. allemande en mono sous-titrée en anglais.

73 minutes.

 

Une chronique de Jennifer

 

Deuxième film de notre challenge après Nosferatu de Murnau [lire par ailleurs l’excellente chronique de TWIN], Vampyr de Carl Theodor Dreyer a été réalisé en 1932. S’il est aussi en noir et blanc, ici, le film n’est pas muet. Grâce à TWIN, nous avons pu le voir en V.O. allemande sous-titrée en anglais.

 

Synopsis : Allan Gray est un jeune homme passionné de mystères et de phénomènes paranormaux. Dans son périple à la recherche d’énigmes, il arrive à Courtempierre, un petit village français. Il y prend une chambre et en profite pour débuter un livre explicatif sur les vampires.

La nuit de son arrivée, un vieil homme pénètre dans sa chambre d’hôtel, lui dépose un paquet sur lequel est inscrit « à ouvrir après ma mort » et lui dit tristement : « Elle ne doit pas mourir. ». Allan décide alors de se rendre dans sa demeure. Quelques instants plus tard, le père meurt fusillé, Allan comprend qu’il doit venir en aide à ses deux filles, Gisèle et Léone, l’aînée, qui est attirée soudain dans le parc. Lorsque Allan et sa sœur l’aperçoivent ainsi errante, ils courent après elle, mais il est trop tard, elle est retrouvée inconsciente, mordue au cou. Allan et l’homme de maison vont tout faire pour venir en aide aux deux sœurs…

 

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Si l’on peut trouver des similitudes avec Nosferatu du point de vue de l’emploi de la lumière et des ombres, Vampyr est nettement plus abouti dans l’usage du clair-obscur. Il est aussi plus impressionnant, les images sont plus dures, on est davantage effrayés notamment lorsque Léone prend conscience qu’elle est possédée.

 

Il y a aussi plus d’effets spéciaux, une plus grande maîtrise de la caméra. Lorsque l’esprit d’Allan quitte son corps pour découvrir le pot aux roses, il apparaît en surimpression et c’est sublimement bien fait (une technique utilisée également pour représenter les ombres des personnes maudites). Dreyer développe son vocabulaire cinématographique : outre de remarquables travellings arrière et des panoramiques qui inspireront sans doute De Palma, il a recours à une grande variété d’angles de prise de vue (contre-plongée), un montage inversé rendant l’atmosphère encore plus étrange ou à des plans en caméra subjective pour effrayer davantage les spectateurs, qui du coup voient et ressentent ce que vit Allan, comme lorsqu’il est dans son propre cercueil. Bien que parlant, le film hérite encore de nombreuses techniques du muet, ne serait-ce que dans le jeu outré des comédiens et par l’emploi des intertitres, très longs mais qui permettent la mise en parallèle des informations données par le livre d’Allan et des évènements du film. Finalement, on a l’impression d’être des élèves qui doivent mettre en application les indices transmis par notre lecture. Cette superposition est judicieuse et nous donne le sentiment d’être les acteurs de cette tragédie.

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En résumé, Vampyr est une jolie découverte, une réussite puisqu’elle génère un mal-être par son ambiance étrange. Dreyer nous montre son savoir-faire et nous fait passer un bon moment.

 

A voir.

 

Technique

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Le support choisi est une sublime édition du film, dans sa version allemande (il a été enregistré dans trois langues mais il s’agit d’une production française) restaurée en 1998 avec l’aide de la Cinémathèque de Bologne.

 

On dispose dans ce coffret d’un livret très dense consacré au film mais également au mythe du vampire au cinéma, d’un second DVD empli de documentaires sur Dreyer, un réalisateur unique extrêmement doué mais méconnu et surtout un livre contenant le scénario et le récit de Sheridan Le Fanu, Carmilla, qui est à l’origine du script.

 

Ma note : 4/5

 

Challenge Vampires

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T
<br /> <br /> C'est vrai que De Palma s'en est inspiré, au même titre qu'il s'est inspiré des oeuvres d'Eisenstein.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> J'ai cité De Palma parce qu'il a ce côté un peu m'as-tu-vu dans sa réalisation qui fait qu'on ne peut passer à côté de ses effets de style. Et, si Eisenstein a quelque chose du père fondateur,<br /> Dreyer est nettement moins connu, alors qu'il mérite d'être vu.<br /> <br /> <br /> <br />