Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Quand on pense qu'il s'agit d'une production espagnole, on reste rêveur (à tel point que l’on peut lire çà et là sur la Toile de nombreuses critiques évoquant le côté « hollywoodien » de l’entreprise…). La reconstitution de la lame de fond qui a balayé le Sud-Est asiatique le 26 décembre 2004 n’en reste pas moins un travail de titans, et Juan Antonio Bayona (qui nous avait séduits dans l’Orphelinat, bien épaulé par un Guillermo del Toro producteur) démontre avec une classe incroyable son savoir-faire, alternant les scènes catastrophes et les moments intimistes avec un soin méticuleux et un sens aigu de l'image. Il choisit de coller au plus près de ses personnages (version américanisée de la famille Alvarez Belon qui a effectivement survécu au cataclysme), ne s'en écartant que pour embrasser brièvement l'étendue du désastre et opte pour un montage alterné (la famille a été séparée et on suit la survie de la mère, flanquée du fils aîné ainsi que la quête du père). C’est un des nombreux choix possibles, et il oriente forcément les réactions devant le métrage. De fait, il permet d’instiller un sentiment de doute, voire le suspense, sur un épisode connu et récent de l’Histoire, et crée un certain décalage avec le traitement habituel au cinéma de phénomènes de telle ampleur : quand bien même on sera sidéré par la violence inouïe des vagues, par la puissance du flux emportant tout sur son passage (le montage habile et surtout une bande sonore extrêmement intelligente transcrivent à merveille ces aspects), l’accent n’est volontairement pas mis sur le sensationnalisme de l’événement, mais bien davantage sur la volonté de chacun de se tirer d’affaire et/ou de retrouver les siens. Par exemple, on ne verra rien de la partie consacrée au père (Ewan McGregor) bien qu’on l’entende raconter son réveil miraculeux. On se doute qu’avec un budget décuplé, un Michael Bay ne se serait pas privé d’une telle aubaine…
Tout d’ailleurs aurait été somptueux si l’équipe créative n'avait cédé aux sirènes hollywoodiennes dans un dernier quart d'heure beaucoup trop convenu, agaçant par sa lourdeur et ses symboles – quoique, reconnaissons-le, émotionnellement très fort - trop souligné par des violons omniprésents ; la partition de Velasquez n'en reste pas moins superbe et en parfaite adéquation. On peut regretter également que l’axe choisi pour la narration ait pour conséquence de désolidariser le spectateur avec le sort des milliers d’autres, et notamment de la population indigène qui n’apparaît ici que de façon scandaleusement subalterne.
Un grand film cependant, et n’en doutons pas, qui met en valeur une Naomi Watts payant de sa personne, justement nommée aux Golden Globes 2013 pour sa performance et dans la course aux Oscars. Le jeune Tom Holland, jouant son fils aîné, est également convaincant dans ce rôle d’un garçon coincé entre deux âges, confronté brutalement à la mort, sa propre survie et la responsabilité de la vie d’autres personnes.
Ma note (sur 5) : |
4 |
Titre original |
Lo Imposible |
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Mise en scène |
Juan Antonio Bayona |
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Genre |
Catastrophe |
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Production |
Telecinco Cinema, Apaches Entertainment & Canal +, distribué en France par SND |
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Date de sortie France |
21 novembre 2012 |
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Scénario |
Sergio G. Sanchez, d’après l’oeuvre de Maria Belon |
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Distribution |
Naomi Watts, Exan McGregor, Tom Holland & Géraldine Chaplin |
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Durée |
107 min |
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Musique |
Fernando Velasquez |
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Support |
HDDC 35 mm |
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Image |
2.35:1 ; 16/9 |
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Son |
VF DD 5.1 |
Synopsis : L’histoire d’une famille prise dans une des plus terribles catastrophes naturelles récentes. The Impossible raconte comment un couple et leurs enfants en vacances en Thaïlande sont séparés par le tsunami du 26 décembre 2004. Au milieu de centaines de milliers d’autres personnes, ils vont tenter de survivre et de se retrouver. D’après une histoire vraie.