Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
A la fois buddy movie, comédie romantique et film fantastique, Ted est une vraie surprise.
Une sorte de Paul, mélangé au sympa Toi, moi et Dupree, mais qui surprend le public à constamment vouloir s'élever au-dessus de son simple postulat de base pour devenir un film bien plus subtil qu'il n'en a l'air. Car si l'idée de départ - donner vie à un ours en peluche et le faire grandir conjointement à son propriétaire - est propice à de nombreux gags, les scénaristes ne misent pas toute leur histoire sur ce décalage réel/fantastique. C'est même le contraire qui se produit : l'ours en peluche (et la prouesse technologique qui accompagne sa représentation tangible) se fait rapidement oublier pour laisser place à un personnage auquel on croit, on s'attache et qui interagit avec les autres acteurs sans que l'on ne prête attention à son côté magique. Du coup, il s'agit plus d'un film sur le passage à l'âge adulte et des sacrifices qui en découlent que d'une simple comédie régressive et débile. Quoi de mieux qu'un ours en peluche pour symboliser l'enfance et l'attachement de beaucoup de certains jeunes adultes à cette période ?
Cette notion de "sacrifice" est vraiment au centre des relations du trio principal, puisque, tour à tour, chacun des personnages devra faire preuve de dévouement pour se "trouver" et s'intégrer. Ted deviendra ainsi le réceptacle et le symbole de ce tiraillement : vouloir rester au stade de l'enfance (et se replier sur soi-même pendant que le monde autour de soi évolue en permanence), ou se séparer de tout ce qui fait son identité pour rentrer dans l'ordre des adultes (quitte à perdre sa personnalité) ? La morale restera sauve bien évidemment, car l'on se rendra compte que le monde est un poil plus nuancé que cela, les personnages auront appris sur eux-mêmes et trouveront leur place. Mais le cheminement est subtil et l'évolution des héros est appréciable car assez fine et pas marquée au stabilo fluorescent.
Mais Ted est également (et c'est ce que l'on notera dès le générique du début) un film hilarant. S'il s'agit de son premier long-métrage, Seth McFarlane a néanmoins déjà officié sur des séries animées réputées pour leur humour corrosif : Griffin et American Dad. On pouvait craindre en voyant le trailer qu'il s'agirait d'un énième film ultra vulgaire misant tout sur l'aspect faussement subversif d'une peluche alcoolo et accro à la drogue, mais il n'en est rien. A vrai dire, la plupart des gags "limites" sont dans la bande-annonce (quoique certains ne peuvent clairement pas être dévoilés), et le film est marrant, non à cause de l'ours qui fait des "trucs trash", mais grâce à des dialogues et des scènes très bien réalisés, joués et écrits. C'est original, inventif et ça fonctionne. Tout simplement. C'est vrai qu'à l'heure actuelle c'est assez facile de plaire et de brosser dans le sens du poil un certain type de spectateur, en titillant la fibre nostalgique et geek (les jouets Star Wars, les références à Flash Gordon, à Indy, à Bridget Jones (hé hé)) mais ici c'est tellement bien fait que ça passe bien et l'on rigole énormément. Ca faisait longtemps qu'une comédie ne m'avait pas littéralement fait pleurer de rire.
Mark Wahlberg est décidément à l'aise dans ce registre, et après The Other Guys, nous surprend encore. Mila Kunis, plus habituée aux comédies (comme l'excellent Friends with benefits en témoigne), est parfaite également. Leur relation fonctionne du tonnerre... Les seconds rôles ne sont pas en reste, et dévoiler les quelques guests serait franchement dommage, mais le résultat est qu'ils sont tous plus fous les uns que les autres (mention spéciale à l'une des apparitions les plus WTF vue depuis longtemps). Sans trop en dire, et parce qu'il est plutôt mis en avant, on pourra insister sur le superbe déhanché de Giovanni Ribisi (dont le personnage semble un peu intégré artificiellement pour donner encore plus d'épaisseur à l'histoire).
Drôle du début à la fin, Ted est un film attachant et surprenant. Il ne se repose pas sur une certaine facilité mais cherche à convaincre en permanence. On ne s'ennuie pas, on en redemande même ! A voir absolument malgré certaines scènes un peu grossières à mon goût, mais qui ne gâchent en rien cette hilarante surprise.
Ma note (sur 5) : |
5 |
Note moyenne au Palmarès (septembre 2012) : |
4 |
Ted
Mise en scène |
Seth McFarlane |
Genre |
Comédie |
Production |
Bluegrass Films, distribué en France par Universal Pictures |
Date de sortie France |
10 octobre 2012 |
Scénario |
Seth McFarlane, Alec Sulkin & Wellesley Wild |
Distribution |
Mark Wahlberg, Mila Kunis & Giovanni Ribisi |
Durée |
107 min |
Support |
35 mm |
Image |
1.85 :1 ; 16/9 |
Son |
VOst DD 5.1 |
Synopsis : À 8 ans, le petit John Bennett fit le vœu que son ours en peluche de Noël s’anime et devienne son meilleur ami pour la vie, et il vit son vœu exaucé. Presque 30 ans plus tard, l’histoire n’a plus vraiment les allures d’un conte de Noël. L’omniprésence de Ted aux côtés de John pèse lourdement sur sa relation amoureuse avec Lori. Bien que patiente, Lori voit en cette amitié exclusive, consistant principalement à boire des bières et fumer de l’herbe devant des programmes télé plus ringards les uns que les autres, un handicap pour John qui le confine à l’enfance, l’empêche de réussir professionnellement et de réellement s’investir dans leur couple. Déchiré entre son amour pour Lori et sa loyauté envers Ted, John lutte pour devenir enfin un homme, un vrai !