Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Pas difficile de comprendre la frilosité de certains cinéphiles, voire leur amertume devant ce film. Il faut dire que les studios Pixar, co-créés par Steve Jobs (auquel il est rendu un vibrant hommage double dans le film), n’avaient jamais failli jusqu’à présent, quand bien même on leur reprochait quelque peu un manque de créativité en s’adonnant à des suites de leurs précédents succès (cela dit, Cars 2 et surtout Toy Story 3 sont des merveilles d’animation et d’émotion).
Le hic, c’était la présence de l’ogre Disney, désormais propriétaire des studios qui revendiquaient auparavant leur indépendance artistique. L’angoisse des cinéphiles résidait dans cette simple interrogation : jusqu’à quel point le poids des décideurs de Walt Disney Pictures entravera-t-il la créativité de Pixar ?
La première partie du métrage semble fournir la réponse : avec cette histoire balisée, proprette, déjà vue et réalisée sur une cadence de métronome, il semble bien que nous ayons affaire à un conte un peu mielleux, joli à voir mais un peu trop sirupeux pour peu qu’on ait passé l’âge de s’extasier devant des séquences enlevées illustrées par des chansons. J’avoue avoir pris peur, et compris le pourquoi de certaines notes très sévères envoyées par mes contributeurs du Palmarès.
Les décors sont sublimes (la modélisation des forêts et châteaux écossais force l’admiration), l’animation presqu’idéale, notamment dans les interactions entre personnages pour lesquels un nouveau logiciel a été conçu, mais aussi dans la gestion des costumes et surtout de cette fantastique chevelure aux boucles rebelles. Les effets sonores sont une autre des réussites habituelles de Pixar, et Rebelle ne déroge pas à la règle. Le doublage manque parfois de tonus, mais demeure supérieur à ce qu’on voit de nos jours, avec une Bérénice Béjo assez engagée dans son rôle.
Heureusement, après ¾ d’heure assez pauvres car complètement prévisibles, le film glisse vers une quête plus sombre et mouvementée, procure son lot de surprises et sort du simple cadre de la princesse qui veut s’émanciper, tout en lorgnant par moments vers les moments les plus dramatiques de la Petite Sirène. On sent perpétuellement le conflit entre une narration plus explosive et plus riche en seconds rôles et un récit compact ménageant ses moments de morale doctorale propre à Disney. Il est clair que ce Pixar procure moins d’humour que les précédents, moins de clins d’œil aussi, toutefois Mérida garde suffisamment de punch pour dynamiser la conclusion.
Les réfractaires aux chansons dineyennes se calmeront quand ils sauront qu’il n’y en a que deux pendant le film (je ne compte pas la comptine en gaélique). Et ceux qui adorent Pixar aussi pour ses courts-métrages se régaleront avec la Luna, aussi brillant qu’empreint de cette poésie subtile qui fait honneur à la firme.
Ma note (sur 5) : |
4 |
Note moyenne au Palmarès (juillet 2012) : |
3,65 |
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Brave
Mise en scène |
Mark Andrews, Steve Purcell & Brenda Chapman |
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Genre |
Aventures animées |
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Production |
Walt Disney Pictures & Pixar Animation Studios |
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Date de sortie France |
01/08/2012 |
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Scénario |
Mark Andrews, Steve Purcell, Irene Mecchi & Brenda Chapman |
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Distribution |
Sam Huntington, Chris Marquette, Jay Baruchel, Dan Fogler & Kristen Bell |
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Durée |
95 min |
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Musique |
Patrick Doyle |
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Support |
HDDC |
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Image |
2.35:1 ; 16/9 |
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Son |
VF DD 5.1 |
Synopsis : Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor, a un problème… Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère. Dans sa quête de liberté, Merida va involontairement voir se réaliser un vœu bien malheureux et précipiter le royaume dans le chaos. Sa détermination va lui être cruciale pour déjouer cette terrible malédiction.