Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
A l’heure où Guillermo Del Toro récolte enfin les fruits de sa passion cinématographique et de son travail acharné avec le très bon la Forme de l’eau, c’est Pacific Rim qui a eu l’honneur d’être proposé à la vente en Blu-ray UHD 4K et ce, dès décembre 2016.
Si ce déchaînement apocalyptique entre monstres de chair et de métal n’a pas eu l’heur de plaire aux puristes aficionados du génial Mexicain, par son script minimaliste, ses relations caricaturales et ses motivations éculées, il n’en reste pas moins une monumentale déclaration d’amour à Ishiro Hônda et tous ceux qui ont proposé, voilà près de 50 ans, des films de monstres directement issus de la peur du nucléaire, de l’angoisse de la Guerre froide et du traumatisme lié à l’invasion. Del Toro, sans citer expressément Godzilla et consorts, n’hésite jamais (avec son compère Travis Beacham au scénario) à placer de multiples références et clins d’oeils à ces gorgones en caoutchouc qui dévastaient des villes en modèle réduit et à ces mechas rutilants conçus pour leur faire face avec le plus de style possible. Allant plus loin qu’Evangelion qui explorait, entre autres, la relation fusionnelle entre la psyché du pilote et son robot, les créateurs de Pacific Rim insistent sur la notion d’équipe : ces machines de guerre nécessitent la cohésion de plusieurs qui, tout entiers concentrés sur leur but (sauver le monde, rien de moins), ne formaient qu’une seule entité mécanisée apte à affronter le pire. Ainsi, tous les spectateurs de la Bataille des Planètes ou de Bioman et consorts s’y retrouveront encore davantage que les fans de Goldorak ou Patlabor.
L’œuvre en elle-même, absolument jubilatoire en l’état (lire ci-dessous la critique ciné de Le Hulk, complètement conquis), souffre malgré tout de nombreux petits défauts de montage, voire de continuité ou même de vraisemblance ; s’y attarder ne permettrait pas de profiter du spectacle invraisemblable de ces titans s’affrontant au milieu des immeubles. Sans doute un peu réducteur, un tantinet régressif, mais la maîtrise de Del Toro sur la réalisation fait qu’on oublie aussitôt les petites incongruités du script, emporté par le déferlement ostentatoire des basses ronflantes de la musique de Djawadi. En dehors de la fille qui incarne Mako enfant, époustouflante de naturel, les acteurs font le minimum : Charlie Hunnam fait davantage parler ses muscles, Idris Elba se contente par moments d'élever la voix et notre attention est davantage attirée par quelques seconds rôles savoureux (les deux scientifiques ou encore l'inénarrable Ron Perlman). Cela dit, Rinko Kikuchi est parfaite dans ce qui lui est accordé.
Techniquement, le blu-ray UHD 4K proposé par Warner est somptueux. On pourrait tout de même s’interroger sur certaines spécifications inscrites sur la jaquette : on nous mentionne « 182 min » alors que le film ne fait que 2h10 ; il est écrit que c’est au format 2.40 :1 alors qu’il a été tourné en 1.85 :1 (et vraisemblablement pressé en 1.78:1 comme souvent avec Warner). On pourra aussi regretter que le coffret, renfermant un blu-ray et le blu-ray UHD ne propose pas la 3D, mais c’est un détail.
Pour l’image, dès le départ, on sent qu’on va en avoir plein les yeux. Normal direz-vous, avec un tournage en 5K et des caméras à haute résolution prévues pour une 3D native, mais ce serait oublier que le master qui en a été tiré, ainsi que les plans à effets spéciaux, ne jouissent que d’une résolution 2K. On n'aura donc, et c'est un peu dommage, que de la 2K upscalée ; les vidéastes avaient pu constater que le blu-ray Warner de 2013 était phénoménal : ce n’est finalement que grâce au HFR que le blu-ray 4K fait mieux. La palette de couleurs paraît plus étendue, les arrière-plans ressortent davantage (la vue sur le port de Hong-Kong à la fin du combat de Gipsy Danger contre les deux kaiju est une pure merveille) et surtout les contrastes explosent la rétine. En contrepartie, si on est attentif, on s’aperçoit que quelques plans sur fond vert sonnent « faux », font plus factice qu’au cinéma (surveillez les atterrissages d’hélicos derrière Mako) mais ils sont la plupart du temps noyés sous une avalanche de lumières et de couleurs en un kaléidoscope magique. Le traitement de l’image semble également très légèrement plus artificielle avec un grain un poil moins visible.
Si cela ne suffit pas à convaincre, sachez aussi que la piste son VF est proposée en DTS-HD Master Audio 7.1, alors que la VO fait encore mieux avec du Dolby Atmos, ce qui garantit une immersion totale dans le déploiement des basses monstrueuses mais également pour l’ambiance sonore très riche au sein du Shatterdome ainsi que sur le chantier de construction du Mur.
Il est à regretter que les bonus aient diminué : ne restent que le commentaire audio du réalisateur et un long making-of fractionné en chapitres thématiques.
Conclusion : peut-être pas le disque ultime, convaincant mais manquant d’arguments pour persuader ceux qui possèdent déjà une des versions en blu-ray, comme le magnifique coffret 3D avec l’hologramme.
Titre original | Pacific Rim |
Date de sortie en salles | 17 juillet 2013 avec Warner Bros. |
Date de sortie en vidéo | 20 novembre 2013 avec Warner Bros. |
Photographie | Guillermo Navarro |
Musique | Ramin Djawadi |
Support & durée | Blu-ray Warner UHD 4K (2016) region All en 1.78 :1 / 130 min |
Les kaiju, monstres gigantesques issus d'une faille interdimensionnelle ouverte au fond du Pacifique, attaquent la Terre. Le seul recours contre elles, c'est les Jaegers, d'immenses robots qui se pilotent en duo.
Passé une intro intense et expéditive, le film a l'intelligence de s'appesantir sur les personnages principaux, afin qu'on s'attache à eux. Des scientifiques obsessionnels au chef impassible, on s'attarde surtout sur le couple de pilotes travaillant leur synchronisation, ce qui rappelle d'autant plus Evangélion. Après ça, on se tape une palanquée de combats de géants dantesques, et c'est une vraie claque ! Avec en supplément quelques personnages comiques qui détendent l'atmosphère et un ou deux revirements de scénario assez sympa, Pacific Rim parvient à être presque aussi jouissif qu'un Starship Troopers.
Trop cool !