Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
30 ans après, ce film sonne aussi juste qu'aux premiers jours de son exploitation.
Je me souviens encore parfaitement du soir où je l’ai vu sur grand écran, et d’une foule de petits détails qui accompagnent et enrichissent ces moments marquants de notre vie. La séance se déroulait dans un cinéma local (le seul à disposer d’un balcon) qui n’existe plus aujourd’hui. Il y avait foule, tellement que la direction avait choisi de faire entrer les spectateurs par l’arrière, afin d’éviter de nous faire patienter dehors, sous le froid. On a donc pénétré dans la salle en passant par le couloir des toilettes. J’étais avec des amis, tous les sièges se sont remplis en un clin d’œil. A ma droite, un jeune couple avait pris place. Je me rappelle parfaitement ma voisine, qui a passé toute la dernière demi-heure à pleurer, les copains me faisaient passer des mouchoirs tandis que son petit ami s’en désintéressait.
La salle entière a pleuré ce soir-là. C’était à la fois magique, impressionnant et même un peu terrifiant : le pouvoir qu’un film peut avoir sur ceux qui le regardent…
Instantanément culte. E.T. a propulsé Steven Spielberg, pourtant déjà reconnu par ses pairs, la critique et les spectateurs, au panthéon du VIIe Art mondial. Après avoir terrifié des millions de baigneurs avec Jaws, Spielberg émouvait la planète entière avec un pantin difforme bénéficiant, il est vrai (du titre d’un magazine de l’époque) des « plus beaux yeux du cinéma ».
Quand on y pense, et avec le recul, quel parcours incroyable !
E.T., pour autant, n’a rien de révolutionnaire. Visuellement féerique, il partage la plupart des thématiques abordées dans Rencontres du 3e type : même famille décomposée (un traumatisme d'enfance pour Spielberg), mêmes questionnements sur le pouvoir de l'Etat et la peur de l'Etranger, même ambiance claire-obscure dans laquelle la lumière sculpte littéralement le récit, même intrigue empruntée à la science-fiction de l’Age d’or mais dévoyée par l’influence progressiste des écrivains des années 70 (non, l’extraterrestre n’est pas forcément une chose visqueuse et perverse venue enlever vos femmes !). Cependant, cette fois les enfants sont définitivement au centre du script (au point d'éclipser les personnages adultes qui n'ont pas de nom pour la plupart, et de mettre par voie de conséquence la performance de leurs interprètes sous l’éteignoir) : ils nouent et dénouent les nœuds gordiens de l’histoire, allant jusqu’à mimer des scènes empruntées à la culture populaire. La caméra virtuose de Spielberg utilise l'espace à merveille et joue constamment à cache-cache avec l’éclairage (on retrouve de nombreux plans qui deviendront une des signatures de Spielberg, comme ces contre-jours devant une fenêtre violemment illuminée). Sa direction d'acteurs fonctionne à la perfection avec les enfants – on avait pu le constater dans les séquences familiales de Rencontres, mais ici on atteint une forme de perfection naturaliste (Henry Thomas et surtout la petite Drew Barrymore sont d’ailleurs exceptionnels).
Dépassant le simple cadre SF, le film prend vite des allures de poésie parcourue de fulgurances horrifiques et de moments d'humour bon enfant, qui sait se montrer respectueuse du cinéma des aînés (les extraits de John Ford sont aussi là pour en témoigner) et touche au lyrique grâce à la partition de John Williams, encore une fois somptueuse, à la fois enlevée et délicate.
E.T. distribue à chaque instant de l'émotion brute parfaitement distillée. Ce film n’a pas pris la moindre ride. Il est un régal pour petits et grands. Un véritable chef-d’œuvre.
Merci à Stéph G pour le prêt du DVD.
Titre original |
E.T. the Extra-Terrestrial |
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Mise en scène |
Steven Spielberg |
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Genre |
Conte de SF |
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Production |
Amblin & Universal, distribué en France par UIP |
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Date de sortie France |
1er décembre 1982 |
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Scénario |
Melissa Mathison |
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Distribution |
Dee Wallace, Peter Coyote, Henry Thomas & Drew Barrymore |
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Durée |
120 min |
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Musique |
John Williams |
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Photo |
Allen Daviau |
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Support |
DVD Universal édition spéciale 20e anniversaire, zone 2 (2002) |
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Image |
1.85:1 ; 16/9 |
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Son |
VOst DD 5.1 EX |
Synopsis : Dérangé par une intervention humaine dans leur exploration de la vie terrestre, l'équipage d'un vaisseau extra-terrestre est obligé d'abandonner un botaniste extraterrestre sur Terre. Elliott, un enfant vivant avec son frère ainé Michael, sa petite sœur Gertie et sa mère divorcée, va le trouver et l'aider. Une très forte amitié va se nouer entre eux, à tel point que des liaisons télépathiques vont s'instaurer.