Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Spielberg assoit ainsi définitivement sa réputation et marque les esprits, à une époque où il cachetonnait sur les plateaux TV, cherchant à réaliser tout ce qu'il pouvait (après quelques épisodes de soap, il s'est vu confier un Marcus Welby puis le premier Columbo). Ici, il accroche sa caméra partout où il le peut sur les deux véhicules et réussit le pari de maintenir une tension permanente avec un minimum de dialogues (le 1er quart d'heure est occupé par les divagations de la radio) et d'effets sonores, passant en revue une bonne partie des techniques de la grammaire cinématographique pour illustrer la vitesse (objectif à ras du bitume ou fixé sur l’aile) ou l’angoisse (merveilleuse utilisation des reflets dans les rétroviseurs).
Refusant la moindre explication rationnelle au comportement de ce camionneur dont on ne verra jamais le visage (quoique... il était forcément dans ce relais routier !), il se concentre sur cette chasse à l'homme dont la proie finit par se rebeller contre l'inévitable : le road-movie se transforme alors en film de monstres moderne, avec des fausses allures de western crépusculaire (les paysages arides traversés par la Route 14 de Californie y sont pour quelque chose, tout comme le coucher de soleil sur le canyon à la fin) : d’ailleurs, Spielberg lui-même aimait à penser qu’il s’agissait d’une version sur roues du Train sifflera trois fois. Le rythme idéal sait ménager ses pauses au bon moment pour amplifier encore l'impact des apparitions du dinosaure d'acier de 40 tonnes.
Une excellente série B qui a su s'affranchir des contraintes techniques (le film a été tourné en 13 jours !) pour délivrer une œuvre fascinante, paradoxalement ambitieuse dans son apparente humilité. Spielberg prouvait ici son savoir-faire et délivrait alors aux studios un message fort, celui d’un homme capable de tirer le meilleur d’un budget serré.
Le DVD est un produit bâtard, proposant le film dans son format initial avec une image bien nettoyée qui manque un peu de piqué et de contraste. La VO en 5.1 est très claire et, si elle ne propose que très peu d’effets surround (des chants d’oiseaux), procure une bonne spatialisation.
Mise en scène |
Steven Spielberg |
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Genre |
Thriller routier |
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Production |
Universal Television |
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Date de sortie France |
21 mars 1973 |
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Scénario |
Richard Matheson d’après sa propre nouvelle |
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Distribution |
Dennis Weaver & Eddie Firestone |
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Durée |
92 min |
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Musique |
Billy Goldenberg |
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Support |
DVD Universal zone 2 (2004) |
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Image |
1.33 :1 ; 16/9 |
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Son |
VOstf DD 5.1 |
Synopsis : David Mann, un Californien, se rend à un rendez-vous d'affaires en voiture lorsqu'il est pris en chasse par un routier aux commandes d'un gigantesque camion-citerne.