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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Vengeance amère

buffalo66fr.jpgBuffalo ’66 

Un film de Vincent Gallo (1998) avec Christina Ricci, Vincent Gallo, Ben Gazzara, Anjelica Huston

 

Un DVD zone 2 visionné en VOST 2.0 : son clair, dialogues parfaitement audibles, musique un peu nasillarde.

 

Billy Brown sort de prison. Il semble perdu, seul. Il a froid. Il croise alors la route de Layla qu’il va forcer à l’aider à convaincre ses parents qu’il n’a aucun problème (en lui demandant de se faire passer pour sa femme). Mais il a un objectif précis dont ni elle, ni son meilleur ami Goon ne parviendront à le dissuader de faire : se venger de l’homme à cause duquel il a dû accepter de se faire inculper.

 

Vincent Gallo est Billy Brown. Ses cheveux longs et gras, sa figure aux traits creusés, aux joues mal rasées, ses yeux bleu clair plongés dans une sombre mélancolie, son allure de pantin désarticulé sont à l’image de son cinéma : percutant, empli de fulgurances et d’authenticité, mais dissimulant une réelle tendresse. Il dépeint de façon poignante le quotidien morne d’individus en déliquescence permanente, dont les sentiments s’éteignent au rythme d’une vie terne. Au travers d’une mise en scène jamais ostentatoire et pourtant diablement maîtrisée, de séquences qui s’enchaînent parfaitement, d’une recherche visuelle perpétuelle, les instants fugaces où surgit l’émotion brute succèdent aux dialogues répétitifs et nauséeux, dans des images au grain très prononcé et aux couleurs oscillant entre le gris et le vert.

 

Si Mickey Rourke fait plus figure de caméo qu’autre chose, on peut souligner la performance de Ben Gazzara en père qui n’a d’yeux que pour sa (fausse) belle-fille - pour laquelle il nous fait un numéro de music-hall saisissant - incapable de parler à Billy autrement que par des reproches acerbes. Anjelica Huston est une mère complètement à la masse qui ne parvient à se passionner que pour les matches des Buffalo Bills. La surprise du chef vient de l’apparition de Jan-Michael Vincent au physique encore plus détruit que le Rourke.

 

Et il y a Christina Ricci, dont le personnage ne cache pas son attirance étrange pour Billy. Malgré quelques kilos supplémentaires par rapport à Sleepy Hollow, elle dégage ce mélange freudien d’animalité et de fragilité, comme une aura de grâce qui permettrait à son pseudo-mari de ne pas céder totalement à ses démons. Un ange, peut-être, aux lèvres boudeuses n’attendant qu’un peu d’amour à dispenser…

 

L’histoire du film dure une vingtaine d’heures, sur 1h45 de métrage. Une succession de moments très forts où, sous la grisaille d’une vie monotone, point l’espoir… Un très beau film.

 

Merci à Nicolas.

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V
En attendant une future chronique sur la Ligne rouge, qu'attend impatiemment Nicolas. ;o)Buffalo'66 ainsi que Munich viennent d'être ajoutés à l'index.
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