Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Ce n’est pas avec Assassin’s Creed que les adaptations cinématographiques de jeux vidéo vont enfin trouver un digne représentant du genre. Si les fans du matériau d’origine pourront potentiellement trouver le film de Justin Kurzel intéressant, on doute néanmoins de sa bonne réception auprès des novices : c’est simple, on ne comprend rien et on ne s’attache pas aux héros. Reste une réalisation correcte et des acteurs talentueux. Pas génial, à réserver aux amateurs du jeu qui voudront compléter l’expérience vidéoludique par un produit dérivé honnête.
Justin Kurzel avait, malgré quelques réserves sur l’esthétique du film, réussit à adapter Macbeth au cinéma sans trahir l’œuvre de Shakespeare, bien aidé par des comédiens très talentueux, dont Marion Cotillard et Michael Fassbender dans les rôles principaux. Il était assez surprenant de retrouver le réalisateur australien, relativement peu expérimenté et encore moins habitué aux productions hollywoodiennes, sur la transposition très attendue d’un jeu vidéo à succès, mais le fait qu’il fasse de nouveau équipe avec son couple d’acteurs vedette suscitait notre intérêt. Allait-il prouver qu’il est possible de faire une bonne adaptation d’un jeu vidéo au cinéma ? Allait-on avoir un film avec une véritable approche auteurisante ? Allait-on ne serait-ce que retrouver le style de Justin Kurzel ?
A la vue du résultat, on se dit que Warcraft Le Commencement était surtout bien meilleur. Car Assassin’s Creed ne nous a pas du tout convaincu. Si les fans du matériau d’origine pourront potentiellement trouver le film intéressant, on doute néanmoins de sa bonne réception auprès des novices. Pour le grand public qui ne connait pas ou peu le jeu, il ne sera pas facile de saisir tous les tenants et aboutissants de cette intrigue extrêmement brouillonne - pour ne pas dire incompréhensible. Avec cette histoire de technologie qui permet de voyager dans le passé grâce à la mémoire génétique, aucune suspension d’incrédulité n’est possible, sauf pour les spectateurs vraiment peu exigeants. Et déjà que l’on a du mal à adhérer au concept, les scénaristes en rajoutent une couche avec un artefact aux pouvoirs énigmatiques et une conspiration ancestrale dont on se moque éperdument.
A la limite, tout ceci ne serait pas un problème si les personnages s’avéraient un minimum sympathiques et que l’on avait envie de suivre leurs aventures palpitantes. C’était sans compter une paresse totale dans la caractérisation du héros, fade et incapable de provoquer la moindre émotion, et dans l’écriture des nombreux seconds rôles qui ne servent à rien. Nombreux sont les acteurs à ne faire des apparitions que de quelques minutes alors qu’ils sont censés être des éléments importants faisant avancer le récit. Si Jeremy Irons est sous-employé, que dire de Charlotte Rampling et Brendan Gleeson ? Même Marion Cotillard, qui possède le rôle le plus étoffé après celui de Michael Fassbender, semble faire de la figuration. Il faut dire que le film ne développe aucun enjeu et ne laisse encore moins de temps à ses personnages d’être correctement introduits. On a l’impression de voir un long trailer tant le montage nous a semblé incohérent, impression renforcée par une bande originale quasi-omniprésente et dénuée de thème marquant.
Si encore les scènes d’action étaient captivantes ! Mais au bout de la énième fois, voir des cosplayeurs sauter de toits en toits, ça finit par lasser… Reste une adaptation au récit capillotracté, à la direction artistique et à la réalisation correctes, sauvée par le talent, même sous-employé, de ses acteurs principaux. Les amateurs du jeu pourront compléter leur expérience par un produit dérivé honnête.
Titre original | Assassin’S Creed |
Mise en scène | Justin Kurzel |
Date de sortie | 21/12/2016 avec 20th Century Fox |
Scénario | Michael Lesslie, Adam Cooper & Bill Collage |
Distribution | Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons & Brendan Gleeson |
Photographie | Adam Arkapaw |
Musique | Jed Kurzel |
Support & durée | 2.35 : 1 / 116 minutes |
Synopsis : Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.