Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
S'il ne révolutionnera pas le genre, Don't Breathe - la Maison des ténèbres (pourquoi diable donner un autre titre en anglais si c'est pour le compléter par un titre en français ?) fait très sérieusement le job pour lequel il semble avoir été créé : mettre le spectateur sous tension et ne plus le lâcher, quitte à créer artificiellement les liens entre les protagonistes et engendrer des motivations douteuses.
Le fait est que la forme est difficilement critiquable : Alvarez soigne son cadre, concentre son point de vue et l'accompagne d'un environnement sonore méticuleusement monté. Les silences sont ainsi particulièrement bien intégrés dans la partition jouée par les braqueurs en herbe qui se retrouvent piégés dans la demeure qu'ils comptaient cambrioler en toute impunité. Evidemment, avec le recul, impossible de ne pas pester contre les arguments publicitaires qui tentaient de vendre Don't breathe comme un vulgaire film d'horreur pour ados : Nico le disait très bien lors de sa sortie en salles [lire ci-après], c'est à la fois bien moins que ça, et bien plus. Car à partir du moment où l'on souscrit aux pauvres prétextes de l'intrigue, le thriller fonctionne à plein rendement. Donc non, on n'aura pas peur, mais pour peu qu'on prenne fait et cause pour ces gamins prétentieux aux prises avec un propriétaire plus rétif que prévu, on tremblera.
Rien de spécifique à dire sur l'interprétation, les jeunes font ce qu'ils peuvent et Stephen Lang parvient à surprendre. Le film s'avère brutal, parfois malsain voire pervers mais ne semble jamais vouloir exploiter les pistes qu'il esquisse et surtout prendre du recul : on est un peu plus proche d'un Wolf Creek, nettement plus angoissant tout de même, que du délectable Severance. Cela manque clairement de matière, mais certainement pas de savoir-faire.
L'image du DVD sorti le mois dernier chez SPHE est parfaitement définie, ce qui rend le visionnage des séquences sombres (elles sont nombreuses) assez confortable. La piste audio est soignée et permet un très bon rendu de l'environnement sonore plutôt riche et détaillé.
A vous de vous faire une idée.
Date de sortie en salles | 5 octobre 2016 avec Sony Pictures |
Date de sortie en DVD | 15 février 2017 avec Sony Pictures |
Photographie | Karl Walter Lindenlaub |
Musique | Michael Wandmacher |
Support & durée | DVD Sony Pictures (2017) en 2.40 :1 /91 min |
Un survival qui tient plus du thriller que du film d’horreur, plutôt intelligemment mis en scène par Fede Alvarez, mais très décevant compte tenu de son accroche marketing le qualifiant de « meilleur film d’horreur américain de ces 20 dernières années ». Don’T Breathe est certes efficace, mais il faudra être très indulgent sur certains rebondissements poussifs. A réserver aux amateurs du genre, mais pas indispensable.
Notre note pourra sembler un peu sévère compte tenu du fait que ce Don’T Breathe de Fede Alvarez n’est pas un navet, mais elle reflète pourtant une semi-déception à la sortie de la séance de cinéma.
Non, contrairement à ce qu’indique la tagline sur son affiche, il ne s’agit vraiment pas du meilleur film d’horreur américain de ces vingt dernières années. Déjà, parce qu’il se rapproche plus du thriller que du film d’horreur. Mais qu’en plus, il n’a absolument rien de réellement remarquable. Il s’agit d’un survival se déroulant quasi-exclusivement en huis-clos, très simple en termes de mise en place mais qui va progressivement partir dans un délire de plus en plus grotesque et invraisemblable en raison de ses rebondissements poussifs, saugrenus et inutiles. De fait, au lieu de proposer un film concept suffisamment fort pour se permettre d’avoir une intrigue basique, le réalisateur semble penser qu’en ajoutant une couche de situations rocambolesques dans le dernier acte, le résultat n’en sera que plus satisfaisant. C’est bien entendu faux, et certaines révélations sont tellement totalement superflues qu’elles diminuent considérablement l’impact de quelques scènes censées être paradoxalement encore plus terrifiantes, en gâchant par la même occasion la caractérisation des personnages et en leur enlevant toute leur ambiguïté morale.
Pourtant, et même si l’on a l’impression d’avoir vu et revu cette histoire, Don’T Breathe fonctionne grâce à une mise en scène particulièrement intelligente. Le plan séquence introductif donne le ton, à l’instar de ce qu’avait fait un David Fincher virtuose dans Panic Room, et s’impose comme une sympathique démonstration de gestion de l’espace. Les cadres sont toujours réfléchis, les jeux de lumière saisissants, le travail sur le son est absolument colossal. Rien à reprocher aux acteurs, surtout à Stephen Lang (Avatar) dont le jeu est bluffant, en dépit de rôles franchement mal écrits et agissant la plupart du temps de façon illogique. La forme est impeccable, le fond est perfectible.
Don’T Breathe plaira sans aucun doute aux amateurs du genre (on en retient surtout une scène vraiment stressante), mais il n’est pas indispensable.
Pas de quoi en faire tout un plat.