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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Warcraft Le Commencement : Orc épique

[critique] Warcraft Le Commencement : Orc épique
Warcraft : le Commencement

Grande fresque d’Heroic Fantasy, adapté de jeux vidéo à succès, Warcraft est un film aussi ambitieux que bourré de paradoxes, entre la réussite surprise et le nanar rigolo. Si les fans devraient apprécier la fidélité à l’œuvre d’origine, les autres spectateurs seront sans doute un peu perdus face à un univers hermétique que le film, très dense et trop court, ne parvient pas totalement à rendre de manière satisfaisante. On attend la suite, car sans être génial, Warcraft est très correct.

Nous n’attendions rien de Warcraft, adaptation de jeux vidéo à succès que nous ne connaissons pas vraiment, hormis dans les clichés « geeks » associés au genre. Néanmoins, avec Duncan Jones aux manettes, nous étions un minimum intéressés. Et pour cause : voir le jeune et talentueux réalisateur de Moon sur une potentielle grosse saga d’Heroic Fantasy au cinéma avait de quoi nous réjouir.

D’autant que le projet est dans les tuyaux depuis une dizaine d’années, ce qui avait dû donner du temps, entre les réécritures du scénario et le remplacement de Sam Raimi par Duncan Jones, pour le peaufiner. Avec son envie de faire de cette licence de jeux populaire une nouvelle franchise cinématographique dans la lignée du Seigneur Des Anneaux, bien aidé par des effets spéciaux révolutionnaires en performance capture à la Avatar, le réalisateur nous intriguait de plus en plus. Et si Warcraft dépassait le simple cadre de la transposition d’un jeu en film en étant davantage qu’une « bonne adaptation à même de contenter les fans » ?

Le résultat en sortant de la séance ? Mitigé. Que l’on soit bien clair : Warcraft Le Commencement est correct. C’est un bon divertissement. Mais un divertissement frustrant. L’ambition et les bonnes intentions sont bien visibles, cependant le résultat n’est pas à la hauteur. Warcraft est un film bourré de paradoxes, entre belle surprise et nanar rigolo sans personnalité : les acteurs – pourtant très bons d’habitude, notamment Ben Schnetzer (Pride) - sont étonnamment fades et ont ainsi du mal à donner de l’épaisseur à des rôles fonctionnels, même si le héros est plutôt attachant ; les effets spéciaux sont incroyablement réalistes en ce qui concerne le rendu en performance capture des Orcs toutefois les hommes s’intègrent mal dans certains décors numériques ; l’histoire est très simple mais l’on ne comprend jamais qui fait quoi en raison d’un nombre hallucinant de noms et de lieux à retenir. N’est pas Peter Jackson qui veut, et le plus gros défaut de Warcraft est de ne pas poser correctement ses enjeux, contrairement au magnifique prologue du Seigneur Des Anneaux. De fait, peu importe ce qu’il se passe par la suite dans le récit, l’on se fout totalement de ce qui arrive aux personnages.

Si la mise en scène de Duncan Jones n’a rien d’exceptionnel, hormis quelques plans plutôt inspirés dont des vues sur le champ de bataille et les villages des Orcs rappelant le look des premiers jeux sur ordinateur, c’est surtout la direction artistique qui déçoit. A trop vouloir ressembler à son matériau d’origine, Warcraft propose à l’écran un univers générique, au risque de faire penser à une cinématique de jeu. On sent que Duncan Jones n’a pas bénéficié d’une totale liberté sur le tournage. L’intrigue est très convenue, la faute à un univers n’ayant pas été créé par un unique auteur ayant sa propre vision de l’œuvre, mais fondé années après années par les multiples versions et ajouts de divers artistes. Il y a ainsi trop à raconter en peu de temps et le métrage se révèle très dense et trop court.

Warcraft tente de plaire au plus grand nombre de spectateurs mais ne saura satisfaire vraiment que les connaisseurs. Les personnages vont d’un point à un autre, toujours en mouvements, sans que l’on puisse avoir le temps de comprendre pourquoi : tout s’enchaîne très rapidement (le film ne dure que 2h, ce qui est en soi agréable en ces temps de blockbusters longuets), et le monde dans lequel les aventures se déroule ne paraît pas si gigantesque que ça ! Duncan Jones n’a en outre pas le temps de s’attarder sur ses décors. Quelques plans montrant la vie dans le royaume des Hommes aurait permis de donner une sorte de consistance, de crédibilité à son œuvre.

Reste que Warcraft est plein de promesses. L’on sent qu’il y a encore beaucoup à explorer, beaucoup à découvrir. L’on a envie de voir les Nains et les Elfes prendre part à l’aventure.

Le premier film était donc un pari un peu casse-gueule. En l’état, c’est tout de même très satisfaisant. Toujours est-il qu’il ne se suffit pas à lui-même, il annonce une évidente suite.

Et l’on a déjà très envie de la voir !

 

 

Titre original

Warcraft

Mise en scène 

Duncan Jones

Date de sortie

25/05/2016 avec Universal Pictures

Scénario 

Charles Leavitt, Duncan Jones & Chris Metzen

Distribution 

Travis Fimmel, Paula Patton, Toby Kebbell, Ben Foster, Dominic Cooper & Ben Schnetzer

Photographie

Simon Duggan

Musique

Ramin Djawadi

Support & durée

2.35 : 1 / 123 minutes

 

Synopsis : Le pacifique royaume d'Azeroth est au bord de la guerre alors que sa civilisation doit faire face à une redoutable race d’envahisseurs: des guerriers Orcs fuyant leur monde moribond pour en coloniser un autre. Alors qu’un portail s’ouvre pour connecter les deux mondes, une armée fait face à la destruction et l'autre à l'extinction. De côtés opposés, deux héros vont s’affronter et décider du sort de leur famille, de leur peuple et de leur patrie.

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