Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Récemment nommé aux Oscars dans les catégories de la meilleure actrice, du meilleur scénario et du meilleur film, Brooklyn est l’un de nos gros coups de cœur. Une très jolie histoire avec des personnages forts, une mise en scène élégante, une direction artistique soignée et des acteurs impeccables. Très agréable.
Si son affiche n’était pas aussi belle et s’il n’avait pas été nommé aux Oscars, Brooklyn ne nous aurait probablement pas autant intrigués. En tous cas, en rentrant dans la salle de cinéma lors de la projection presse, et malgré cet impressionnant casting, nous n’imaginions pas un seul instant que nous allions autant adorer.
Mais force est de constater que Brooklyn est immédiatement devenu l’un de nos plus gros coups de cœur.
Et que ses nominations aux Oscars étaient méritées, quand bien même il y avait énormément de concurrence cette année.
Le film est certes reparti bredouille, mais il aura permis, à l’instar de Room, de faire parler de lui. Ce qui est étrange avec Brooklyn, c’est qu’en soit il ne semble rien avoir d’extraordinaire. C’est un ensemble d’éléments, qui, une fois combinés, en fait un superbe film. Si le métrage nous conte la romance entre une jeune Irlandaise fraîchement débarquée dans le quartier de Brooklyn à New-York pour y trouver du travail (une crise économique touchant son pays d’origine) et un Italien ambitieux et plein de vie qui lui fera découvrir la culture américaine, il nous propose avant tout une remarquable reconstitution de la vie dans les années 50. Comme si le réalisateur nous expliquait qu’il aurait très bien pu choisir de s’intéresser au parcours d’un autre personnage, plutôt que de se focaliser sur celui de cette héroïne en particulier (ce que la fin du long-métrage confirmera d’ailleurs). Ce n’est pas pour rien que le titre fait directement référence à l’environnement plutôt qu’au personnage principal. Tout ce qui a trait à la vie de cette époque est ainsi particulièrement bien porté à l’écran. Brooklyn regorge de trouvailles qui plongent les spectateurs avec toujours plus de crédibilité dans le contexte d’une période caractérisée par cette idée de rêve américain à portée de main.
Doté d’une direction artistique très soignée, et bien aidé par une photo de toute beauté (que l’on doit au directeur photo de Wild), Brooklyn est un régal esthétique. Les décors (ces grands magasins luxueux et ces appartements typiquement New-Yorkais) et les costumes témoignent d’un investissement colossal pour parvenir à saisir cette ambiance si typique des fifties.
Plaisir décuplé en y voyant évoluer des acteurs aussi talentueux et bien dirigés. Saoirse Ronan aurait pu remporter l’Oscar de la meilleure actrice sans aucun problème (nous n’avions pas de préférence avec Brie Larson), faisant très bien ressentir le cheminement intérieur de son personnage jusqu’à son émancipation. Emory Cohen est une révélation, et son « rival » Domhnall Gleeson continue de se constituer une filmographie hallucinante (Star Wars, Harry Potter, Ex Machina, The Revenant…). On est toujours ravi de voir le grand Jim Broadbent (Moulin Rouge !, Le Journal De Bridget Jones, Hot Fuzz), tout comme sa partenaire dans Harry Potter et Paddington, l’exquise Julie Walters.
On a tendance à mettre la meilleure note pour beaucoup de films depuis quelques semaines, ce qui est toujours un exercice un peu maladroit lorsqu'on veut vous faire part de notre enthousiasme. Dans le cas présent, Brooklyn a su nous mettre de bonne humeur. C’est un film débordant d’énergie positive, à la mise en scène très élégante, aussi émouvant que drôle et avec des dialogues aux petits oignons, que l’on a déjà très envie de revoir. Il faut certes attendre un peu avant que la dramaturgie se mette en place, mais le résultat vaut le coup. Un très beau film.
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Titre original |
Brooklyn |
Mise en scène |
John Crowley |
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Date de sortie |
09/03/2016 avec 20th Century Fox |
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Scénario |
Nick Hornby & Colm Tóibín |
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Distribution |
Saoirse Ronan, Domhnall Gleeson, Emory Cohen, Jim Broadbent, Jessica Paré & Julie Walters |
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Photographie |
Yves Bélanger |
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Musique |
Michael Brook |
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Support & durée |
1.85 : 1 / 113 minutes |
Synopsis : Dans les années 50, attirée par la promesse d'un avenir meilleur, la jeune Eilis Lacey quitte son Irlande natale et sa famille pour tenter sa chance de l'autre côté de l'Atlantique. À New York, sa rencontre avec un jeune homme lui fait vite oublier le mal du pays... Mais lorsque son passé vient troubler son nouveau bonheur, Eilis se retrouve écartelée entre deux pays... et entre deux hommes.