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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Zoolander n°2 : défilé de stars

[critique] Zoolander n°2 : défilé de stars

Une suite poussive aux gags ne fonctionnant qu’à moitié, ponctuée par quelques scènes hilarantes. Zoolander No. 2 en fait trop, est hystérique, parfois incompréhensible, voire finalement très convenu, et il n’arrive pas à la hauteur de son modèle. Mais certaines idées aussi débiles que géniales sauront vous satisfaire.

On l’attendait tant ce film ! On avait tellement envie de vous dire qu’il est au moins aussi bon que son illustre modèle ! Pourtant, force est de constater que ce Zoolander No. 2 est une petite déception. Parce que le film aurait pu être plus que cette simple suite se contentant de refaire, en moins bien, les meilleures scènes du premier. Parce que Ben Stiller réalisateur ne nous avait pas habitué à cette sorte de paresse qui caractérise son nouveau long-métrage, surtout après le rafraîchissant La Vie Rêvée De Walter Mitty. Parce qu’avec un tel concept il aurait pu en profiter pour encore plus se moquer gentiment de l’absurdité de nombre de tendances actuelles (les selfies, les réseaux sociaux, par exemple le Community Manager Vip aurait pu plus servir de ressort comique, tout comme le hipster détestable et prétentieux), comme il l’avait si bien fait auparavant avec sa savoureuse et irrévérencieuse peinture du monde de la mode. Parce que sa campagne de com est bien plus réussie et marrante que le film en lui-même (les vidéos à la Fashion Week, le fameux « sans gluten », et même le titre est plus drôle avec ce subtil « No. » accolé au 2 et qui n’est pas apparent dans le film).

Mais que l’on soit bien clair : Zoolander No. 2 vaut tout de même largement mieux que ce que les critiques Outre-Atlantique ont pu écrire, le film n’étant absolument pas un navet dénué d’humour. Tous les gags ne fonctionnent pas, il est vrai, car l’écriture se contente de faire référence à des séquences cultes du premier épisode, les spectateurs les plus fans devinant systématiquement à l’avance les rebondissements. La scène « Orange Moccha Frappuccino » se retrouve ainsi « parodiée », et perd toute sa spontanéité (allez, c’était quand même sympa de réentendre Wake Me Up pendant que Derek conduisait avec sa gelato). Mais il n’empêche que le film est hilarant quand les auteurs font preuve d’un minimum de créativité. Pour preuve, la publicité Aqua Vitae qui nous aura fait hurler de rire (ok, c’est un renvoi à la pub du « siroi »), ou bien encore les machines qui distribuent la bouffe. Des trouvailles géniales qui ponctuent un film qui en fait constamment trop, hystérique, incompréhensible et qui ne trouve jamais sa propre personnalité.

Car en jouant la carte de la surenchère dans le n’importe quoi, Zoolander No. 2 tombe dans la facilité, oubliant par la même ce qui faisait la cohérence du film d’origine. Alors que le fameux look Magnum de Derek parvenait à stopper le shuriken lancé par Mugatu à la fin de Zoolander, et en constituait le climax aussi surprenant qu’absurde, ce sont des fantômes et des éléments complètement surnaturels qui parcourent cette suite, faisant basculer Zoolander No. 2 en plein fantastique. L’on pense ainsi à Anchorman 2 dans le style, avec sa bataille opposant les clans de présentateurs télé, caméo de stars et éléments fantastiques (le minotaure…) à l’appui. Or, ce qui faisait le charme du premier Zoolander, c’était justement la « crédibilité » de l’univers, avec ses codes et son fonctionnement que seuls quelques élus pouvaient comprendre. L’humour fonctionnait car les spectateurs avaient un référent « normal » en la personne de Matilda (la journaliste censée écrire un article sur le mannequin), dont les réactions face à la débilité du duo formé par Derek et Hansel apportaient le contraste nécessaire. Ici, même la police (puisque le film est une sorte d’enquête dans le milieu de la mode) est « anormale » et fait partie du monde déjanté de Derek ! Son fils aurait pu à la rigueur jouer le rôle du référent, mais le personnage n’est pas assez caractérisé pour que l’on puisse s’y attacher.

Du coup, tout ce qui est montré dans Zoolander No. 2 parait faux, fatigant et excessif. C’est certes un peu le but, mais cela ne rend pas le film plus fendard pour autant. Au contraire. Un peu comme dans Dumb And Dumber ou Frangins Malgré Eux (deux références en la matière), où ce qui marche et qui rend le tout hilarant, c’est de voir la réaction de personnages ordinaires face aux bêtises des protagonistes principaux. Et justement Zoolander No. 2 est à Zoolander ce que Dumb And Dumber To est à Dumb And Dumber : une suite qui n’est pas à la hauteur de l’original, tout en étant objectivement divertissante et non dénuée de qualités. A commencer par son casting hallucinant. On ne va pas vous énumérer les caméos (plus ou moins réussis), mais cela fait plaisir de voir que Ben Stiller et Owen Wilson ont encore gardé la forme. Penélope Cruz assure, toute en auto dérision, tout comme Kristen Wiig, méconnaissable en icône de la mode botoxée. Mais bien entendu, on retiendra surtout la prestation de Will Ferrell, acteur de génie, dont chaque apparition à l’écran provoque des fous rires (son évasion de prison est hilarante !). Mention spéciale également à Benedict Cumberbatch.

Malgré des réserves, Zoolander No. 2 saura satisfaire les fans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il devrait être une source inépuisable de gifs !

 

 

 

Titre original

Zoolander 2

Mise en scène 

Ben Stiller

Date de sortie

24 février 2016 avec Paramount

Scénario 

Justin Theroux, Ben Stiller, Nicholas Stoller & John Hamburg

Distribution 

Ben Stiller, Owen Wilson, Will Ferrell, Penélope Cruz, Kristen Wiig, Benedict Cumberbatch, Kiefer Sutherland, Sting, Nathan Lee Graham, Christine Taylor, Billy Zane, Milla Jovovich & Justin Theroux

Photographie

Daniel Mindel

Musique

Theodore Shapiro

Support & durée

2.35 : 1 / 92 minutes

 

Synopsis : Blue Steel. Le Tigre. Magnum… Des regards si puissants qu’ils arrêtent des shuriken en plein vol et déjouent les plans de domination mondiale les plus diaboliques. Un seul top model est capable de conjurer autant de puissance et de beauté dans une duck-face : Derek Zoolander ! Quinze ans après avoir envoyé Mugatu derrière les barreaux, Derek et son rival/meilleur ami Hansel, évincés de l’industrie de la mode suite à une terrible catastrophe, mènent des vies de reclus aux deux extrémités du globe. Mais lorsqu’un mystérieux assassin cible des popstars célèbres, les deux has-been des podiums se rendent à Rome pour reconquérir leur couronne de super mannequins et aider la belle Valentina, de la Fashion Police d’Interpol, à sauver le monde. Et la mode.

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