Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Récompensé par le prix du meilleur scénario pour Christian Vincent et celui de la meilleure interprétation pour Fabrice Luchini à la Mostra de Venise, L’Hermine est un film formidable, délivrant un beau message humaniste. A voir sans hésiter pour les fans de l’acteur.
L’Hermine, c’est la nouvelle collaboration, 25 ans après La Discrète, entre Fabrice Luchini et le scénariste réalisateur Christian Vincent. C’est un film aussi difficile d’accès que réellement aisé et agréable à regarder. Difficile d’accès car l’on ne sait jamais où le metteur en scène veut en venir, multipliant les ruptures de ton, décrivant parfois jusqu’à l’excès des situations ou caractérisant longuement des personnages qui n’auront – en apparence - aucun intérêt par la suite, frustrant même son public en le laissant « juge » sur absolument tout ce qu’il se déroule à l’écran sans apporter de conclusion ou de justification particulière à certains arcs de l’intrigue pourtant largement évoqués bien en amont. Comme si Christian Vincent se posait – à l’instar des jurés de son film - en simple observateur de ce petit monde qu’il décrit si bien et avec autant de minutie et de réalisme. Facile à regarder, car il faut bien le reconnaître, cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu un long-métrage français aussi bien interprété. Les comédiens sont absolument tous bluffants de naturel, au point que l’on se demande si leurs nombreuses hésitations de langage sont délibérées. La scène du repas du jury le premier jour de l’audience est un exemple parfait de l’alchimie entre tous les acteurs. Il en va de même pour la fille du personnage principal, interprétée par une Eva Lallier toujours juste face au couple formé par une Sidse Babett Knudsen magnifique de finesse et dont les non-dits sont plus qu’évocateurs, et un Fabrice Luchini sur la retenue, trouvant ici un de ses plus beaux rôles dans une carrière déjà bien remplie de personnages marquants. Il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il sort de sa zone de confort en évitant de trop en faire pour amuser la galerie. Il semble jouer avec son image, en témoigne la scène où il tente de réciter quelques poèmes à une adolescente plus préoccupée par son téléphone portable que par ce qu’elle entend, non sans humour mais surtout avec lucidité : c’est un très grand acteur, il ne faudrait pas l’oublier et sa récompense à la Mostra de Venise le prouve. Il arrive brillamment à traduire à l’écran le changement de mentalité et de « jugement » de son personnage dès qu’il se trouve à proximité de cette femme réapparue subitement dans sa vie, bien aidé par la qualité des dialogues de Christian Vincent, également récompensé à Venise.
Ce n’est qu’à la fin du long-métrage, après avoir accepté de ne pas avoir toutes les réponses et que de toutes façons elles sont sans importance, que l’on comprend mieux le message humaniste de L’Hermine. Un très beau film, fragile, imparfait, intelligent, sensible, très documenté, avec une interprétation formidable.
Les fans de l’acteur vont adorer.
|
Titre original |
L’Hermine |
Mise en scène |
Christian Vincent |
|
Date de sortie |
18/11/2011 avec Gaumont |
|
Scénario |
Christian Vincent |
|
Distribution |
Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen & Eva Lallier |
|
Photographie |
Laurent Dailland |
|
Musique |
Claire Denamur |
|
Support & durée |
2.35 : 1 / 98 minutes |
Synopsis : Michel Racine est un Président de cour d'assises redouté. Aussi dur avec lui qu'avec les autres, on l'appelle " le Président à deux chiffres ". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Birgit Lorensen-Coteret. Elle fait parti du jury qui va devoir juger un homme accusé d'homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il ait jamais aimée.