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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Nos Etoiles Contraires : vivement conseillé

Carton dans son pays d'origine, l'adaptation du best-seller Nos Etoiles Contraires débarque sur nos écrans de cinéma. Une poignante histoire portée par un couple de jeunes comédiens plus que prometteurs. Evitant le pathos, le film trouve le ton le plus approprié pour aborder un sujet aussi délicat que celui de la maladie, et s'avère extrêmement touchant.

« Ce film c'est une dinguerie ! ».

Petit aparté avant de commencer, qui n'a pas pour but de polémiquer, mais plutôt de souligner que l'axe choisi pour promouvoir le long-métrage est tellement étonnant qu'il pourrait engendrer une idée « fausse » de son sujet, au risque de dissuader certains spectateurs de lui donner une chance. Si vous arpentez ces jours-ci les couloirs du métro parisien (et probablement ceux d'autres villes), vous aurez très certainement remarqué l'inévitable campagne d'affichage du nouveau film qui fait un carton Outre-Atlantique : Nos Etoiles Contraires. Et vous aurez surement noté les quelques extraits de tweets illustrant ces dites affiches. Jusqu'à présent, nous étions habitués à lire des accroches issues de critiques professionnelles, vantant les mérites de telle ou telle œuvre, donnant une sorte d'approbation « justifiée » pour se rendre au cinéma. Désormais, ce sont les tweets de sortie de séance qui sont utilisés par les services marketing pour assurer la promotion de leurs films ! Des tweets de spectateurs  constituant de préférence le cœur de cible (en l'occurrence ici, les ados) réagissant souvent à chaud, et particulièrement « bien choisis » pour mettre les qualités exceptionnelles des long-métrages concernés en avant. Il faut dire que Nos Etoiles Contraires a été diffusé un nombre conséquent de fois en avant-première, et que le film a donc été largement vu par un public l'attendant fébrilement depuis l'annonce de sa mise en chantier. Dès lors, il paraît normal de se demander quelle est la valeur que l'on peut accorder à un film dont les seuls avis dithyrambiques (et bien souvent à côté de la plaque) visibles sur chaque poster (il y en a diverses déclinaisons) sont ceux issus de comptes Twitter « lambda » (rien de péjoratif). Car n'est-il pas facile, avec ce procédé, de toujours trouver un avis extrêmement positif dans ce cas ? Et puis surtout, surtout, en étant de mauvaise foi, on pourrait presque se demander si la personne qui a délibérément choisi ces tweets a bien vu le film en question ! C'est vrai : « Dinguerie » est le premier qualificatif qui vient à l'esprit lorsque l'on sort d'une séance de Nos Etoiles Contraires, film traitant, pour rappel, d'un sujet aussi délicat à aborder que celui de la maladie vécue par deux adolescents. Bref tout ça pour dire que c'est dommage, car avec une campagne de la sorte, on pourrait paradoxalement douter des qualités d'un métrage aussi touchant que l’est Nos Etoiles Contraires. Et si ces affiches peuvent avoir un aspect rédhibitoire (par leur orientation « teen movie ») pour vous, n'hésitez pas à laisser une chance au film.

Alors, oui, il s'adresse avant tout à un public jeune ayant lu le livre pour « young adults » dont il est adapté, à l'instar d'Hunger Games ou Divergente (il ne faut pas se leurrer, c'est le même public qui est visé), mais l'ensemble fait suffisamment preuve de finesse et de subtilité, sans être (la plupart du temps) mièvre, pour prétendre à être vu et apprécié de tous. En d'autres termes, le réalisateur Josh Boone aurait pu céder à la facilité et tomber dans la complaisance, mais ce n'est pas le cas ici. A dire vrai, rares sont les teen movies arrivant à maintenir cet équilibre entre sensibilité et justesse de ton, en évitant quasiment systématiquement les pièges jalonnant ce genre de récits (pas de vulgarité, pas de pathos, avec une écriture intelligente). Un miracle à mettre sur le compte de l'alchimie parfaite entre scénario/mise en scène/direction d'acteurs. Car cette romance entre deux adolescents condamnés cherchant à surpasser les épreuves de la maladie pour vivre pleinement leur amour n'a pas pour ambition de véhiculer un message pessimiste ou larmoyant malgré les nombreuses scènes d'une difficulté insoutenable (disons-le d'emblée, les premières minutes sont anxiogènes). Le film est émouvant, évidemment, et nul doute que beaucoup de spectateurs sortiront de la salle en larmes, mais l'on ne peut pas dire que le réalisateur se soit servi de grossiers artifices pour réussir son coup. Grande révélation cette année, Shailene Woodley continue de nous prouver son très grand talent (après avoir été remarquée dans The Spectacular Now puis Divergente) dans un rôle extrêmement difficile et sensible. Quant à Ansel Elgort, qui interprétait déjà son frère dans le film de Neil Burger, il bouffe l'écran à chaque apparition, devenant immédiatement l'un des acteurs nouvelle génération à suivre (alors que son jeu dans Divergente ne laissait pas spécialement penser qu'il pouvait être aussi charismatique). Leurs prestations hallucinantes ne doivent pas éclipser pour autant celles de la trop rare Laura Dern (bouleversante en mère de famille protectrice) et de Willem Dafoe, très impliqués malgré le temps de présence de leur rôle.

Doté d'une mise en scène sobre, Nos Etoiles Contraires est un très beau film, passant du rire aux larmes, tantôt bouleversant tantôt réconfortant. Le sujet était casse-gueule, l'on ne peut que saluer Josh Boone d'avoir su éviter de tomber dans une sorte de surenchère malsaine pour émouvoir son public, et si quelques légères maladresses ponctuent de temps à autre le film, elles se font facilement oublier face à l'immense attachement que l'on a pour ses héros.

Un film qui marque indéniablement les esprits longtemps après la séance de ciné. Vivement conseillé.

Titre original

The Fault In Our Stars

Mise en scène 

Josh Boone

Date de sortie

20/08/14 avec la Fox

Scénario 

Scott Neustadter & Michael H Weber d'après John Green

Distribution 

Shailene Woodley, Ansel Elgort, Laura Dern & Willem Dafoe

Photographie

Ben Richardson

Musique

Mike Mogis & Nate Walcott

Support & durée

1.85 : 1 / 125 minutes

 

Synopsis : Hazel Grace et Gus sont deux adolescents hors-normes, partageant un humour ravageur et le mépris des conventions. Leur relation est elle-même inhabituelle, étant donné qu’ils se sont rencontrés et sont tombés amoureux lors d'un groupe de soutien pour les malades du cancer.

 

 

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