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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Divergente : manque d'audace mais pas de charme

Divergente : Les studios Summit Lionsgate semblent définitivement se tourner vers les adaptations cinématographiques des plus gros succès de la littérature pour « young adults », et l'engouement provoqué par la sortie de Divergente aux Etats-Unis leur donne raison. Premier épisode d'une trilogie, le film de Neil Burger s'impose en effet comme la nouvelle saga incontournable destinée aux ados, avec de réelles qualités contrebalancées par des défauts inhérents à la description d'une énième dystopie au fonctionnement manichéen.

C'est du vu et revu, encore le récit d'une jeune fille issue d'une famille modeste, dans un monde gouverné par un système dictatorial, qui va devenir le symbole de la résistance et vivre une romance en parallèle. Dans la plus grande tradition de la littérature pour « young adults » - autrement dit les ados - et de ses adaptations sur grand écran, voici Divergente, narrant les aventures d'une jeune héroïne en apparence tout ce qu'il y a de plus ordinaire mais qui va avoir une destinée hors du commun. C'est incroyable le succès de ce genre de films qui fonctionnent quasi toujours sur le même modèle, avec leur romance inévitable (de préférence un triangle amoureux) et leurs scènes de batailles à dimension épique (ou se voulant comme telles, tant dans la réalité l'action dans ces films est toujours bien fade), le tout dans un univers dystopique ultra manichéen (les grands méchants riches de la ville dans Hunger Games face aux 12 pauvres districts par exemple, qui sont remplacés par des « factions » - notez la nuance - dans Divergente). Summit (Twilight) et Lions Gate (Hunger Games) semblent avoir trouvé le filon : peu importe les qualités des longs-métrages tirés de ces best-sellers, le succès est quasiment acquis grâce aux fans de ces franchises.

C'est un peu réducteur, mais l'on ne saurait pourtant expliquer autrement le plébiscite de certains films au box-office. Toutefois, et malgré le fait que l'on puisse penser qu'il y a dans cette mode beaucoup d'opportunisme, si ces adaptations sont autant acclamées, c'est aussi probablement parce qu'elles arrivent à saisir certaines préoccupations et à comprendre les envies de leurs spectateurs. Sur le site, nous avions apprécié les sagas Twilight et Hunger Games, toutes proportions gardées, en les resituant dans leur contexte par rapport à leur public type et en les prenant pour ce qu'elles sont finalement : des divertissements un peu régressifs, simplistes, mais non dénués d'intérêt et de charme. N'y voyez pas de condescendance, les spectateurs visés par Twilight ou Hunger Games sont plus facilement « étiquetables » - les adolescents principalement - que ceux d'une saga comme Harry Potter, bien plus familiale. A ce sujet, nous ne comprenons pas en quoi aimer Hunger Games serait par exemple moins honteux que Twilight, comme il est souvent lu ou entendu.

Ainsi donc, voici Divergente, la nouvelle saga déjà populaire. Un film de qualité sensiblement similaire aux deux autres franchises de Summit et Lions Gate, très efficace en termes de divertissement sans prise de tête. Le métrage ne révolutionne pas un genre qui se complait dans la répétition des mêmes schémas, mais au moins, il est emballé avec un réel sens du spectacle. Il ne faut toutefois pas s'attendre à une mise en scène exceptionnelle, son réalisateur Neil Burger nous ayant déjà auparavant frustré avec son Limitless, un festival d'idées intéressantes que le traitement scénaristique et sa retranscription à l'écran ne parvenaient jamais à sublimer. Les acteurs ne sont pas non plus spécialement à l'aise, mais cela devrait s'améliorer dans les suites. On sent que Shailene Woodley et Theo James n'ont pas encore totalement réussi à s'approprier leurs rôles, même si ce ne sont pas du tout des erreurs de casting. On se réjouira cependant de retrouver Kate Winslet malgré de brefs temps d'apparition à l'écran. Pour continuer dans l'énumération des maladresses, on notera une étonnante gestion du rythme (la partie concernant l'entraînement dure une éternité en comparaison de l'introduction posant les bases d'un univers incompréhensible qui aurait mérité un peu plus d'explications pour le rendre plus crédible) et la présence de scènes déconcertantes, comme la première apparition à l'image des « audacieux » - qu'il aurait peut-être fallu appeler « suicidaires » - sortant d'un train en marche en faisant des bonds de lapins-ninja-yamakasi, habillés en cuir noir (ce sont des Audacieux on vous dit !), et sur fond de tamtams. Mais étonnamment, Divergente fonctionne malgré tout. Car si l'on accepte de rentrer dans le jeu, de ne pas se poser de question sur la cohérence de ce qui nous est montré, on pourra apprécier à sa juste mesure un spectacle généreux, qui ne preNote sur 5 : 3nd pas les spectateurs pour des idiots en surexplicitant chaque enjeu par des phases de dialogues inutiles (ce qui est le cas de beaucoup de blockbusters), avec une touche d'humour très agréable pour tempérer le caractère relativement violent du récit. Et même si l'on a l'impression que le scénario ne devient réellement captivant qu'à la fin, il a la grande qualité de préparer à la suite des événements. Le second épisode venant d'être officialisé, Insurgente, on peut d'ores et déjà l'avouer : on a hâte de voir la suite !

 

 

Titre original

Divergent

Mise en scène 

Neil Burger

Date de sortie

9 avril 2014 avec SND

Scénario 

Evan Daugherty & Vanessa Taylor d'après Veronica Roth

Distribution 

Shailene Woodley, Theo James & Kate Winslet

Photographie

Alwin H Kuchler

Musique

Junkie XL

Support & durée

35 mm en 2.35 :1 / 139 min

 

 

Synopsis : Tris vit dans un monde post-apocalyptique où la société est divisée en cinq clans (Audacieux, Érudits, Altruistes, Sincères, Fraternels). À 16 ans, elle doit choisir son appartenance pour le reste de sa vie. Cas rarissime, son test d’aptitude n’est pas concluant : elle est Divergente. Les Divergents sont des individus rares n’appartenant à aucun clan et sont traqués par le gouvernement. Dissimulant son secret, Tris intègre l’univers brutal des Audacieux dont l’entraînement est basé sur la maîtrise de nos peurs les plus intimes.

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