Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Diplomatie : Un face à face psychologique opposant le consul de Suède à un général allemand, lors d'une nuit d'août 1944 à Paris, afin de décider du devenir de la ville. Adaptation de la pièce éponyme de Cyril Gely, Diplomatie est une remarquable partie d'échecs jouée par deux comédiens au sommet de leur art.
Nul besoin d'être un amateur d'Histoire pour se laisser captiver par cette formidable confrontation entre deux hommes que tout oppose mais dont l'entente aura sauvé l'Europe, telle que nous l'a connaissons actuellement. L'un est un militaire allemand, le général Dietrich von Choltitz, et a reçu l'ordre de détruire Paris, par un Hitler acculé dans son bunker berlinois (la ville croulait sous les décombres, c'était en quelque sorte une « réponse » désespérée…). L'autre est le consul de Suède Raoul Nordling, jouant les intermédiaires entre les Allemands et les Alliés, spécialiste de la négociation, diplomate habile avec les mots.
Adapté de la pièce de théâtre de Cyril Gely, le film narre des événements fictifs mais plausibles lors d'une rencontre à huis-clos entre les deux hommes au cours d'une nuit d'août 1944. Si l'entretien n'a pas vraiment eu lieu dans ces conditions, on sait néanmoins que le consul et le général se sont croisés et ont échangés à plusieurs reprises au cours de ce mois. Tous deux ont réellement discuté et débattu à propos de l'ordre en question. Et sans la désobéissance de l'officier allemand et la persuasion du diplomate suédois, l'Europe, de nos jours encore, serait dans une toute autre situation.
Diplomatie condense en quelque sorte les événements en inscrivant ce tête-à-tête dans un contexte d'urgence et en faisant de cette véritable partie d'échecs un duel psychologique au suspens indéniable. Peu importe que l'on sache à l'avance que la rencontre va aboutir au choix de ne pas détruire Paris, ce qui compte c'est de savoir comment, en écoutant sa raison, un militaire a pu désobéir à un ordre, et comment grâce à son pouvoir de persuasion, un civil a pu le convaincre. Dans le chaos qui régnait à cette époque, le cas de conscience de l’officier allemand remettant en question l'autorité qui le gouverne se révèle captivant et les spéculations faites par les auteurs du film sur le rôle joué par le consul semblent cohérentes avec les autobiographies des deux personnages.
Avec un cadrage parfait et une photographie mettant en valeur les sentiments variables et les changements d'appréciation des deux protagonistes, le réalisateur Volker Schlöndorff évite habilement le piège de la pièce filmée. Le huis-clos reste spontané, instillant le doute quant à l'issue de la rencontre. Une bonne occasion pour apprécier le jeu des deux acteurs principaux, Niels Arestrup (qui vient de remporter un César pour Quai D'Orsay) et André Dussollier (que l'on a vu dans La Belle & La Bête le mois dernier), troublants de naturel quand bien même ceux-ci ont joué 200 fois la pièce au théâtre.
Un très bon film !
Ma note (sur 5) : |
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