Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Lorsque trois anciens membres de La Bande A Fifi se décident à réaliser un film, cela donne Babysitting, une œuvre sans prétention au capital sympathie énorme. Le postulat de départ a beau manquer de singularité, le long-métrage réussit néanmoins à faire ce que la plupart des comédies actuelles ne font pas : rire.
On sort de la salle avec le sourire vissé jusqu'aux oreilles, heureux d'avoir vu un film tout simple, qui ne cherche pas spécialement à faire dans l'originalité, mais élaboré avec une très grande sincérité. Son aspect found-footage lui confère une allure à la Project X (pourtant mis en chantier en même temps que Babysitting), mais le scénario lorgne davantage vers l'esprit de camaraderie et les délires régressifs d'un Very Bad Trip. Car ce qui fait sa particularité, c'est l'intégration des images « prises sur le vif » au caméscope dans la trame plus classique du film. Ce dernier a l'intelligence d'éviter le tout documentaire en justifiant de manière habile l'utilisation de ce procédé à la mode. Imaginez maintenant la séquence du générique de fin de Very Bad Trip, avec l'appareil photo, puis transposez-la sur la totalité de l'intrigue de Babysitting, et vous aurez une bonne idée de ce à quoi vous attendre. Après une introduction très minimaliste qui pose les personnages, le film commence à jouer sur l'anticipation du public en lui présentant les éléments qui vont avoir de l'intérêt dans la suite (le perroquet, l'assiette …). Ainsi, lorsque l'histoire démarre enfin avec le visionnage des images du caméscope par le couple Gérard Jugnot /Clotilde Courau, les spectateurs auront été idéalement conditionnés par tout ce qui a précédé et les gags auront un impact beaucoup plus important. Une technique simple, pourtant cela fonctionne parfaitement dans Babysitting.
Si le fil conducteur et l'évolution des personnages n'ont rien d'extraordinaire, on pourra apprécier la volonté de ne pas céder à la facilité d'enchaîner les blagues sans les lier. L'histoire et la morale sont naïves, mais le spectacle garde ainsi sa qualité de divertissement avant tout familial. Comme quoi il est encore possible de faire rire avec des gags à la limite du trash sans verser dans la vulgarité. De nombreuses séquences sont même amenées à devenir culte, comme la mémorable séance de striptease, la course poursuite en kart (très bien réalisée d'ailleurs) ou la référence tout simplement hilarante à l'un des films de Pixar. On vous laisse le soin de découvrir les autres moments de rigolade dont regorge le film. Les trois potes Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti ont eu le bon goût de s'entourer de jeunes humoristes tels que l'excellent Vincent Desagnat et les talentueux Grégoire Ludig et David Marsais, tout comme des comédiens confirmés Gérard Jugnot, Clotilde Courau et Philippe Duquesne. L'ambiance festive du film est propice à de beaux débordements d'acteurs, même si en revanche le jeu de certains montre de frustrantes limites, très vite compensées par une sensation de naturel liée à l'utilisation du procédé de found-footage. On pourrait reprocher au scénario de parfois ralentir, notamment lors de la fête foraine (on pense par exemple aux quelques scènes gratuites à Marineland dans le film culte Les Clefs De Bagnole de Laurent Baffie), mais cela est peut-être à mettre au crédit de l'enthousiasme général de la fabrication d'un premier long-métrage par une bande d'amis pleins de bonne volonté.
Amusant, dynamique, Babysitting est une belle promesse quant à d'éventuels nouveaux films par cette jeune équipe. En attendant, il s'agit probablement de l'une des comédies les plus marrantes sorties au cinéma cette année. C'est déjà bien.
Titre original |
Babysitting |
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Mise en scène |
Philippe Lacheau et Nicolas Benamou |
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Date de sortie |
16/04/14 avec Universal |
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Scénario |
Philippe Lacheau, Pierre Lacheau, Julien Arruti & Tarek Boudali |
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Distribution |
Philippe Lacheau, Alice David, Vincent Desagnat, Tarek Boudali, Julien Arruti, Gérard Jugnot & Clotilde Courau |
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Photographie |
Antoine Marteau |
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Musique |
Michaël Tordjman, Maxime Desprez & Jean-Claude Sindres |
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Support & durée |
35 mm/85 minutes |
Synopsis : Faute de baby-sitter pour le week-end, Marc Schaudel confie son fils Rémy à Franck, son employé, "un type sérieux" selon lui. Sauf que Franck a 30 ans ce soir et que Rémy est un sale gosse capricieux. Au petit matin, Marc et sa femme Claire sont réveillés par un appel de la police. Rémy et Franck ont disparu ! Au milieu de leur maison saccagée, la police a retrouvé une caméra. Marc et Claire découvrent hallucinés les images tournées pendant la soirée.